Les mains de l'artisan
Je regarde mes mains cicatrisées, signées par plus de soixante années; Elles mériteraient, lorsque je m’y attarde, que je les admire et les honore.
Le moment où elles sont les plus belles et les plus chaudes, Seigneur, c’est lorsqu’elles te tendent la coupe où tu verses lentement le bon vin, celui-là même que tu amènes et qui colore chacune de tes précieuses visites.
que pour mes intimes qu’elles reconnaissent et qu’elles caressent. Je contemple ces mains qui auraient tant voulu faire plus, inventer, créer, autant pour tous ceux et celles que je côtoie, que je salue et que j’aime que pour mes intimes qu’elles reconnaissent et qu’elles caressent.
J’aurais voulu qu’un talent créateur habite mes paumes et mes doigts pour que, dans un morceau de bois, je puisse en tirer une sculpture, pour que, comme mon grand-père, je sache mettre la main à la pâte.
pour imprimer dans le cœur des humains une parole, un geste de toi : Pardonne-moi, Seigneur! Je suis injuste envers toi et envers mes mains! Le talent créateur, tu me l’as donné et elles se sont très bien exécutées, noircissant le papier d’un crayon ou martelant les touches d’un clavier pour imprimer dans le cœur des humains une parole, un geste de toi : Mes mains ont écrit ces mots que d’autres auraient tant souhaité te dire.
En ce jour où je me prépare à rejoindre l’espace où respire mes nuits, mes mains deviennent les artisanes appelées à dresser notre table.
Je sais que si tu arrives avant moi, tu examineras mes réalisations; Ensuite, tu t’installeras avec, entre tes mains, mon tout dernier écrit, celui qui parle de nous deux, recueillis, unis dans une prière fervente.
Je l’ai déposé sur ta patène ciselée des bénédictions reçues du Père. Tu vois ce pain troué, car mes souffrances ont fait partie de sa cuisson; Je l’ai déposé sur ta patène ciselée des bénédictions reçues du Père. Je m’excuse de te tendre cette coupe un peu bosselée par les deuils; J’ai réussi à y dessiner des fleurs d’espérance avec l’encre de mes joies.
Maintenant que tu es là, partageons cette cène, ce souper d’Emmaüs et permets à mes mains de se souder aux tiennes pour rompre le pain :
fais en sorte, Seigneur, que je puisse les garder ouvertes à jamais! Après les avoir purifiées et bénies, après les avoir ointes entièrement, fais en sorte, Seigneur, que je puisse les garder ouvertes à jamais!
Création: Sérénité© www.chezserenite.com Auteur: Marc Benoit© marc.benoit@cgocable.ca Musique: Soft Arrangement musical: Mic-Art©