J’ai reçu de nombreuses réponses à ma question : « pour vous, la foi… » Il découle de beaucoup de ces réponses que la pierre d’achoppement est le malheur dans le monde, la misère, les enfants maltraités, violés… Si Dieu existait, s’il était vraiment bon, y aurait-il tant de misères ? A mon avis, si Dieu avait un défaut, ce serait sa naïveté, son idée obstinée qu’il peut nous faire confiance… Il aurait du comprendre, depuis le temps ! Oui, mais justement, pour lui, le temps n’existe pas !

Dieu nous veut libres. Il est l’air qui nous porte – sans air, les oiseaux ne pourraient pas voler – mais ils n’ont pas conscience même qu’ils ont besoin de cet air, et s’y meuvent en toute liberté. Mais les plus habiles voiliers se servent des courants ascensionnels pour monter et planer, confiants en cet air qui les porte. Ainsi en est-il des hommes. Nous ne savons pas toujours que Dieu est là, mais, si nous voulons prendre appui sur lui, nous montons toujours plus haut… Mais que voudrions-nous exactement de Dieu ?

Bien entendu, nous préférons souvent faire nos petites affaires tout seuls. Si nous sommes obligés d’évincer un tel pour parvenir à un autre niveau social, ce n’est guère son affaire ! Si nous pouvons vendre cet article un bon prix – disons un trop bon prix, cela fait partie de la vie, et il n’y a rien à y voir ! Puisque nous avons l’habitude de fumer, pourquoi le fait d’attendre un bébé nous empêcherait-il de continuer ? Après tout, il n’est pas sûr que l’enfant naisse handicapé pour cela ! Si je puis vendre ce terrain d’un bon prix, pourquoi irais-je dire qu’il est inondable ? Que les acquéreurs se retrouvent sous l’eau et y perdent tous leurs biens, et même parfois leur vie, c’est leur affaire, après tout !

Mais tout cela est vrai aussi à grande échelle ! Les promoteurs ont déboisé cette colline, et un glissement de terrain, une coulée de boue, ont tué plusieurs personnes, détruit des villages. A quel niveau Dieu devait-il intervenir ? Pour faire entendre raison au promoteur ? (je vous conseille d’essayer, d’ailleurs, et vous verrez, ils ont tout à fait raison d’agir comme ils le font !) Ou doit-il intervenir pour retenir la coulée de boue, détruisant l’équilibre de la nature ? Cet enfant est infirme. C’est vrai, ce sont les parents, quelque ancêtre parfois assez lointain, qui buvait, qui se droguait… Et je crois que c’est quelque chose dont tout le monde connait les risques…

Dieu nous l’a dit, par la bouche d’un prophète : « Je suis Dieu, moi, et non pas un homme ! » Il ne connaît pas nos demi-mesures ; les lois de la nature sont là, même si elles sont parfois incompréhensibles, nous devons les respecter. Bien sûr qu’il y a des risques ! Mais une maman ne va pas empêcher son enfant d’apprendre à faire du vélo sous prétexte qu’il peut tomber, voire se tuer ! Ce risque, elle l’accepte sciemment. Alors, ou bien Dieu régente, commande, interdit, et gouverne nos vies comme il l’entend, ou bien il nous fait confiance et nous laisse notre liberté. Notre entière liberté. Dieu ne connaît pas la demi-mesure !

Jésus, au Jardin des Oliviers, a accepté de faire ce que Dieu attendait de lui. Mais Dieu attendait quoi, exactement ? Jésus nous donne une piste lorsqu’il dit à son juge : « Je pourrais demander à mon Père de m’envoyer une légion d’anges… » Il ne le fait pas. Il laisse aux hommes la pleine liberté de leurs actes, et il est prêt à en payer le prix. Ce que Dieu a demandé à son Fils, ce que Dieu attend de cette Parole incarnée qu’il nous a envoyée, c’est qu’elle respecte jusqu’au bout la liberté des hommes, quel que soit le prix à payer. Je ne crois pas que Dieu voulait que Jésus meure, qu’il souffre. Il devait simplement nous montrer la force, la grandeur, la douceur de l’amour divin.

Dieu a voulu, par cette mort, que les hommes comprennent deux choses : - Quoi qu’on fasse, et quoi qu’il lui en coûte, il nous laisserait notre entière liberté, car il ne nous veut pas esclaves. - Seul l’amour peut sauver l’homme. L’amour de Dieu, mais aussi, et sans doute surtout l’amour de l’homme pour l’homme et pour toute la création. - Et, pour que nous arrivions un jour à comprendre et admettre ces deux vérités, sans doute était-il indispensable que nous ayons une preuve irréfutable de cet amour qui demande le notre en retour…

De cette entière liberté découlent la force et l’utilité de la prière. Dieu ne veut pas nous forcer la main. En rien. Mais il est toujours prêt à exaucer nos demandes, même si c’est parfois d’une manière absolument imprévisible ou déroutante ! Nous ne devons jamais nous lasser de présenter à Dieu les personnes que nous aimons, les causes qui nous tiennent à cœur ! Il attend nos demandes, mais ne fera rien sans nous.

En pensant aux grandes catastrophes, je ne dirais pas que la terre elle-même est libre devant Dieu ! Mais je pense à la phrase de Saint Paul : « la terre toute entière elle-même gémit dans les douleurs de l’enfantement ». Ce qui est certain, c’est que la nature a ses lois. Peut-être les générations futures comprendront-elles les interférences qu’il peut y avoir entre nos habitudes de saccage et de destruction, et les catastrophes soudaines qui secouent notre globe. Ce que je sais déjà, c’est que ces catastrophes ne secouent pas uniquement l’écorce terrestre, mais aussi nos propres engourdissements.

Ces séismes, ces tsunamis, ébranlent aussi en profondeur les humains, les font enfin sortir d’eux-mêmes. Voyez les élans de solidarité ! Je sais, il y a aussi les exactions, les pillages… Nous sommes mis, chacun de nous, face à un choix, face à une route : laquelle prend- on ? Je ne veux pas approfondir avec ce diaporama le problème de la souffrance. Je vous rappellerai simplement la phrase du psalmiste que je vous cite souvent : « malheur sur malheur pour le juste, mais Dieu à chaque fois le délivre ». Déjà, il y a ans, le psalmiste savait bien que ce n’est pas Dieu qui nous envoie le mal et la souffrance.

Jésus nous l’a d’ailleurs affirmé avec une grande force dans la parabole du bon grain et de l’ivraie, et révélé la liberté que Dieu laissait à chacun, jusqu’à l’ultime limite de la vie… « Rien ne nous rend plus grand qu’une grande douleur », a dit un poète. Mais ils sont nombreux, ceux qui ont développé ce thème. L’homme ne peut être lui-même que s’il a été confronté aux malheurs ou aux peines. Mais dans ces périodes difficiles, si nous restons attentifs à Dieu, il est près de nous pour nous aider et tirer le positif de tout événement, si pénible soit-il, pour que nous ne subissions pas avec soumission, mais pour que cela nous serve de tremplin. Dieu a horreur de ce que l’on a trop souvent appelé «la résignation chrétienne ».

Marie a dit à Bernadette : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse dans ce monde, mais dans l’autre. » Comme Dieu, elle respectait la volonté humaine. Et Bernadette Soubirous fut en butte aux pires exigences, critiques et bêtises d’une supérieure qui croyait agir pour son bien. Mais Marie n’intervient pas pour adoucir cette supérieure, lui expliquer… Oui, je crois que l’Esprit-Saint parle, mais chacun est libre de ne pas l’écouter… Nous sommes comme des enfants turbulents dans une classe : quelques- uns écoutent la maitresse, et les autres rechignent ou s’amusent sans participer.

Ce ne sont que des réflexions décousues. Ce que je voudrais, c’est que vous ne disiez plus : « pourquoi Dieu permet-il cela ? Pourquoi à moi ? Pourquoi à lui ou à elle ? » Demandons plutôt à Dieu de nous donner la capacité de vivre ce moment difficile et d’en sortir grandi. Je ne pense pas que nous aurons jamais une vraie réponse sur cette terre. Contentons-nous de savoir que Dieu est là, au cœur même de notre liberté, qu’il nous veut libres, mais qu’il nous épaule dans chaque coup du sort. Remercions-le de cette aide, au lieu de gémir et pleurer stérilement ! N’oublions jamais : Dieu nous aime et nous le montre en chaque instant de notre vie !

Oiseaux trouvés sur le Net Texte : Jacky Musique : Méditation - Afternoon Of The last Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :