Réfection écologique et verdissement de stationnements: gestion des eaux pluviales aux Habitations Jeanne-Mance Danielle Juteau Brigitte Laliberté Corporation d’habitation Jeanne-Mance Bonjour, Mon nom est Danielle Juteau. Je suis en compagnie de Brigitte Laliberté pour vous présenter notre intervention en gestion des eaux pluviales aux Habitations Jeanne-Mance à Montréal au Canada. Comme le temps qui nous est imparti est de rigueur nous allons entrer dans le vif du sujet.
Le site en chiffres 7,7 hectares au centre-ville 7 stationnements, ilots de chaleur Quelques mots pour vous situer le site de nos interventions. La Corporation d’habitation Jeanne-Mance est une petite agence municipale qui gère un parc locatif composé de 800 unités HLM au Centre-Ville de Montréal. 1700 personnes réside(nt) dans cet ensemble immobilier dont environ 250 familles avec de nombreux enfants. Le site a une superficie de 7,7 hectares et inclut 7 stationnements. L’intervention principale a été réalisée dans l’un des plus grands stationnement du parc locatif, qui est défini par le cercle rouge sur la diapositive. Reconnu comme un îlot de chaleur, nous l’avons transformé en véritable îlot fraîcheur. Municipal et gouvernement fédéral 800 logements HLM 1700 habitants
Contexte ^ _ UN PROJET STRUCTURANT Opportunités Défis Projet novateur Partenariat unique Possibilité de suivi à long terme Mobiliser les habitants Défis Court délai Manque d’information Proximité du bâti Gestion multipartites complexe UN PROJET STRUCTURANT C’est grâce à un partenariat multipartites entre notre agence municipale, Éco-quartier St-Jacques, une ONG oeuvrant dans le domaine de l’environnement, les services d’ingénierie de la firme EXP et une subvention de l’Institut national de santé publique, que cette intervention unique à Montréal a pu voir le jour. Ce projet nous a également permis de mobiliser les résidants de ces HLM en les sensibilisant aux composantes d’un projet environnemental structurant pour leur milieu de vie et qui démontrait tout le potentiel de suivi à long terme. Nous avions tout de même des défis importants à relever pour le réaliser, puisque nous n’avions qu’une dizaine de jours pour développer les concepts en soutien à notre demande de subvention, nous n’avions accès qu’à très peu d’information scientifique du genre au Québec, nous avions à travailler dans un cadre bâti, à proximité des habitants et nous avions à faire converger les attentes de toutes les parties dans la même direction.
Projet en 4 axes Trois axes d’aménagement écologique Un axe citoyen Captation des eaux de pluies Intégration d’un bassin de bio-rétention Verdissement Un axe citoyen Implication citoyenne pour une appropriation et une éducation environnementale populaire Le projet de stationnement écologique se développe en 4 axes : 3 axes au niveau de l’aménagement Le 1er consiste en la captation des eaux pluviales dans un milieu densément peuplé avec un objectif de diminuer la pression sur le système d’égout municipal lors de fortes pluies. Le 2eme axe consiste en la création d’un bassin de bio rétention, dont les fonctions sont de capter et de filtrer l’eau de pluie et alimenter l’aménagement paysager qui le caractérise. Le 3e axe est le verdissement et l’arborisation de cinq stationnements et des devantures des maisons de ville situées dans leur pourtour. Ces aménagements en plus de capter les eaux de pluie, agissent sur la qualité de l’air, réduisent la température lors de périodes de chaleur intenses et améliorent la qualité de vie des habitants. Et enfin, un axe citoyen qui consiste dans l’implication et la prise en charge des habitants, et ce, dès la conception des plans d’aménagement jusqu’à l’entretien des lieux. De plus, s’ajoute un volet d’éducation et de sensibilisation aux enjeux environnementaux.
Impacts environnementaux Captation des eaux pluviales Technologie à moindre impact environnemental Réduction consommation d’eau Allègement du réseau de distribution et d’égouts Réduction des îlots de chaleur urbains Amélioration de la qualité de l’air Les impacts environnementaux de ce projet sont nombreux. D’abord, la création du bassin de bio rétention permet la captation des eaux pluviales. Puis, les végétaux alimentés en partie par cette captation d’eau, lui servent de filtrant naturel et rend la technologie du bassin à moindre impact environnemental. En plus de réduire la consommation d’eau, qui allège le réseau de distribution, notre intervention détourne les eaux de pluie du système d’égout municipal. Enfin, l’arborisation réduit les effets d’îlots de chaleur urbains, favorise la biodiversité, améliore la qualité de l’air. Il est également un projet d’adaptation dans le contexte de la lutte aux changements climatiques. De plus, en diminuant l’espace consacré à l’automobile, nous avons créé des espaces de vie conviviaux pour les habitants qui y résident.
Plan d’ensemble ARBORISATION EN POURTOUR AIRE DE PLANTATION CENTRALE BASSIN DE BIORÉTENTION Nous sommes principalement intervenus, dans un stationnement de 2800 m2. En premier lieu, il y a eu l’arborisation sur son pourtour devant quelque 25 maisons de ville. Nous y avons installé un système de récupération des eaux de pluie en provenance des toitures. Ces toitures blanches, à membrane de polymères, dirigent la pluie vers des gouttières qui alimentent directement les aménagements paysagers. Ensuite, on retrouve au centre du stationnement l’aménagement d’un îlot central bâti en 3 sections laissant ruisseler l’eau vers un bassin de bio rétention localisé à une des extrémités du stationnement. Ce stationnement fortement minéralisé est devenu un lieu verdoyant avec de grandes propriétés pour la captation des eaux pluviales.
Eau de ruissellement: contraintes et aménagements Dénivelé 1 mètre Climat nordique (gel/dégel) Nécessité de passages piétonniers Séparation du bassin en 3 sections Pour pouvoir réaliser les travaux, certaines contraintes ont dû être prises en compte. Premièrement, un dénivelé d’environ 1 mètre nous a obligé à localiser le bassin de bio rétention à l’extrémité du stationnement. Le climat nordique du Québec et ses périodes intenses de gel et de dégel les longs mois d’hiver, nous ont également forcés, par mesure de sécurité, à installer 2 puisards raccordés au système d’égout, afin de contrer toute possibilité d’accumulation de glace. Ainsi, les surplus d’eau durant cette période où le sol est gelé jusqu’à 1mètre cinquante de profondeur peuvent être évacués sans problème. Compte tenu des espaces résidentiels en pourtour du stationnement, nous avions également l’obligation d’aménager des passages piétonniers donnant des accès directs entre les espaces de stationnement et les entrées des résidences. Nous avons dû séparé le bassin de bio rétention en 3 parties. Les photos de la diapositive à l’écran montrent quelques détails de construction, notamment les gargouilles d’arrivée d’eau vers le bassin de bio rétention, les 3 sections du bassin et enfin les multiples bordures permettant le ruissellement de l’eau d’un bout à l’autre du stationnement, vers le bassin de bio rétention.
Bassin de biorétention : caractéristiques Drain surélevé et membrane Filtration en substrat Bio : création de milieu de vie micro organisme végétaux contaminants Rétention lors de fortes pluies Fonctionnement Comparable à un “mini” centre de traitement des sols contaminés Bien que plusieurs modèles de bassins existent, nous avons préconisé un bassin avec drain surélevé et membrane. Son fonctionnement est simple et assure une filtration des eaux de ruissellement en substrat. Son appellation bio se caractérise par la présence, dans le bassin, de micro organismes, d’une variété de végétaux et de contaminants qui favorisent la biodiversité. Rétention, parce que le bassin a cette capacité de non seulement filtrer les eaux de ruissellement, mais aussi, lors de fortes pluies, la capacité de retenir en surface le surplus d’eau avant que celui-ci ne soit filtré par le substrat. On pourrait aisément comparer le bassin de bio rétention à un mini centre de traitement des sols contaminés.
Bassin de biorétention : composition 300 mm SILT GRAVELEUX 50% SABLE 20-30% COMPOST 20-30% TERRE VÉGÉTALE 300 mm | NAPPE PHRÉATIQUE +1,2 MÈTRE Vous voyez à l’écran la composition et le fonctionnement du bassin. Le substrat est composé de sable, de compost et de terre végétale. Une membrane sépare le substrat du silt graveleux que compose le sol. La nappe phréatique se situe à environ 1mètre sous le bassin. Bien que 90% des pluies sont de 25 mm et moins, prenant compte de la proximité des bâtiments, nous avons choisi d’y intégrer un drain surélevé à 300 mm en sortie de surface pour prévenir les risques d’inondation dans les maisons avoisinantes, lors de pluie très fortes. À ce jour toutefois, l’utilisation de ce drain n’a pas été nécessaire. Ce dernier est raccordé au système d’égout pluvial de la ville à l’aide d’un drain perforé qui permet aussi une certaine percolation dans le substrat. Le pourcentage de percolation dépendra de l’état du substrat au moment de la pluie et de sa capacité à absorber ou non des quantités d’eau provenant directement du drain. Par ailleurs, les contaminants sont décantés dans un sillon de retenue situé à la sortie des gargouilles.
Résultats Superficies aménagées : Surface minérale retirée = 606 m2 760 m2 en devanture 160 m2 îlot central 360 m2 bassin de biorétention Notre intervention a permis de retirer plus du quart de la superficie minéralisée en sacrifiant une vingtaine de places de stationnement pour l’aménagement du bassin de bio rétention, de l’îlot central et des devantures des maisons situées en pourtour. Nous y avons planté plus de 1000 végétaux indigènes, dont environ 50 arbres à grand déploiement pour créer une canopée qui aura comme avantage à maturité : La captation des particules fines de l’air ; Une première filtration de l’eau de pluie ; Et la diminution de la chaleur ambiante durant les périodes de chaleur intenses. S’ajoutent à ces arbres, des arbustes, vivaces et graminées ayant tous une caractéristique commune, soit celle d’une grande capacité d’adaptation. + 1000 arbres, arbustes et végétaux
Choix des végétaux Les végétaux ont été ciblés en fonction de critères répondant aux exigences du fonctionnement d’un bassin de bio rétention, en milieu urbain. Ainsi, ces critères sont : la capacité de filtration et de captation des métaux lourds (qui sont eux-mêmes drainés par l’eau de ruissellement sur les surfaces de bitume); la capacité des végétaux à vivre dans un milieu qui peut être sec ou humide selon la quantité d’eau absorbée par le bassin; la résistance à la pollution urbaine, aux sels de déglaçage, aux effets du gel et du dégel causés par le climat particulier du Québec mais aussi par les variations de plus en plus fréquentes des températures; et enfin, la densité du système racinaire de chacun des végétaux choisis pour leur capacité de filtration mais aussi pour leur faible impact sur la compaction du substrat. Parallèlement aux critères que je viens d’énoncer, nous avions la préoccupation de créer un aménagement esthétique, favorisant la biodiversité. Cette préoccupation s’est traduite par le choix d’une grande variété de végétaux indigènes et rustiques du Québec.
Jardin de pluie et autres interventions Comme indiqué en début de présentation, nous sommes également intervenus dans 4 autres stationnements. Vous voyez au centre de l’écran une photo d’un jardin de pluie réalisé dans l’un de ces stationnements. Il est une représentation des végétaux de la forêt Laurentienne du Québec. Dans le cadre du volet citoyen de nos interventions, nous voulions apporter un volet éducatif afin que les résidents qui n’ont pas accès à la forêt, puissent découvrir des essences d’arbres et de végétaux qui ne vivent pas normalement dans un milieu urbain. L’aménagement que vous voyez nécessite un apport d’eau important compte tenu qu’il s’agit d’arbres et de végétaux qui, dans leur habitat naturel, se retrouvent uniquement en sous-bois. Encore une fois, nous avons utilisé l’eau de pluie provenant des toitures pour alimenter ce jardin en la canalisant dans un système de gouttières et de distribution.
Suivi des enjeux environnementaux Hydrologie Substrat Biodiversité Fraîcheur Évidemment le suivi des enjeux environnementaux constitue l’une des étapes importantes de notre projet. Les résultats permettront les ajustements requis et garantiront la réalisation d’autres projets du genre à Montréal et ailleurs, car nous sommes convaincus que notre modèle est structurant et reproductible. La firme EXP a développé un programme d’entretien préventif qui est effectué par notre équipe horticole qui assure également l’entretien des aménagements. Nous poursuivons l’éducation environnementale auprès des résidents en les impliquant constamment dans les projets d’aménagement et en dispensant des formations sur des sujets touchant l’environnement. La Société canadienne d’hypothèques et de logement effectue le suivi des données hydrologiques et Environnement Canada suit l’évolution des températures ambiantes. Tous ces suivis permettront de traduire notre investissement en termes d’amélioration de l’environnement et de l’habitat.