Les évangélistes sont d’accord pour nous rapporter la scène : Matthieu (19, 13-15), Marc (10, 13-16) et Luc (18, 15-17) nous disent la même chose : « Des gens lui amenaient des enfants pour qu’il les touche, mais les disciples les rabrouèrent. En voyant cela, Jésus s’indigna et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, et ne les empêchez pas ! »
Le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. En vérité, je vous le déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas ! » Et il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Cette scène attendrissante, que trois des évangélistes ont pris la peine de nous raconter, en nous rapportant de la même manière les mots de leur Maître, est-ce seulement un fait divers sans portée, dans la vie de Jésus ? Et, s’il y a une signification ou une invite, quelle est-elle ?
Jésus connaît le cœur des hommes, il nous l’a dit, mais il connaît aussi celui des enfants ! Il sait que ce ne sont pas toujours des anges ! Ne dit- il pas : « … vous êtes comme des enfants capricieux… » (Mt 11, 10) Mais, d’abord, pourquoi les enfants font-ils un caprice, souvent ? Pour nous demander avec insistance ce que nous ne voulons pas leur donner. Car ils savent qu’ils dépendent de nous.
Mais… Jésus ne nous invite-t-il pas à plusieurs reprises à être exigeants et capricieux ? N’est-ce pas le sens de la parabole du juge inique ? (Lc 18, 1-11) Oui, Jésus, à plusieurs reprises, nous invite à demander toutes choses à Dieu, à prier et mendier à temps et à contretemps, comme des enfants qui savent bien qu’ils ne peuvent avoir ce qui est bon pour eux par leurs propres moyens, et trouvent tout normal de le demander à leurs parents.
Être comme ces enfants, c’est reconnaître la bonté et le pouvoir de Dieu, c’est faire toute confiance. C’est aussi savoir que nous ne sommes pas supérieurs aux autres. Nous sommes tous les enfants de Dieu notre Père qui nous aime tous d’un même amour, que nous soyons de grands saints - enfin, disons plutôt : que ce soit un grand saint ou un grand pécheur. Quelqu’un a dit : « même la flaque d’eau la plus boueuse reflète le ciel. » Et nous reflétons tous son amour !
Oui, Jésus nous veut capricieux, exigeants, comme ces enfants qui l’assaillaient sur les route de son pays ; ces enfants qui avaient compris qu’ils pouvaient tout exiger de lui ! Je vous vois hocher la tête, je vous entends me dire : « oui, bon, d’accord ! Seulement, Jésus, c’était un homme, mais Dieu… » Dieu ? Dieu ???
Dieu nous dit, sous la plume d’Osée (11, 4) : «Je les menais avec des liens d’amour, j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je me penchais vers eux et je les faisais manger. » Si les prophètes nous rappellent souvent la tendresse maternelle de Dieu, le psalmiste nous dit : « comme un petit enfant contre sa mère, telle est mon âme en moi. » (Ps 131, 2)
Et Jésus, pour nous raconter son Père, ne nous a-t-il pas dit la magnifique parabole du fils prodigue ? À elle toute seule, elle nous en dit long sur cet amour ! Mais il y a bien plus important, dans l’attitude d’un enfant ! Car lorsque vous étiez bébé, vous ne vous disiez pas : « je DOIS aimer mes parents, car ce sont eux qui m’ont donné la vie, qui me nourrissent, me cajolent, me donnent ce dont j’ai besoin…
Non. Vous vous tourniez vers eux, comme la fleur se tourne vers le soleil, instinctivement. Votre réponse à leur amour était quelque chose de viscéral. Plus tard, on peut mesurer tout ce qu’on leur doit, et l’amour se teinte de recon- naissance. Mais un enfant qui a fâché ses parents et demande pardon du fond du cœur, demande en général pardon de la peine qu’il a causée. La crainte d’un enfant aimant, c’est de faire de la peine à son papa, de faire pleurer sa maman. Ce que nous regrettons, lorsque nous compre- nons, ce sont les larmes que nous avons fait verser…
Et c’est ce que Jésus nous demande dans ce passage, qui est sans doute le plus important pour notre éducation chrétienne. Fin des discours. Nous devons aimer et nous abandonner comme des enfants. C’est tout… De toute façon, si une maman s’attendrit devant une poésie péniblement apprise pour la fête des mères, ce qu’elle préfère, ce sont deux bras noués autour de son cou et une petite voix qui lui dit : « ma maman, comme je t’aime ! »
- Images du Net, retouchées pour moi dans Photoshop par Catherine, que je remercie grandement. - Texte : Jacky - Musique : Ernesto Cortazar : Maria Elena Jacky Questel gmail.com