Marie-France Palazy et Marc Bazille. Bonté Réunion préparée avec Marie-France Palazy et Marc Bazille. 1. Étymologie / Définitions 2. Citations sélectionnées 3. Notions / Concepts / Prises de vue : Le bon et le bien se confondent-ils ? 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 5. En guise de conclusion Tentative de synthèse de la saison 2013-2014.
Étymologie et définitions Bonté vient du latin bonitas, de même racine que bonus, bon, opposé à mauvais, qualité morale de bienveillance envers autrui. Définitions : Larousse sur internet (extrait) : Disposition de quelqu'un à être bienveillant, compatissant, charitable : Un regard plein de bonté. Synonymes : altruisme, bienveillance, charité, compassion, pitié, indulgence, philanthropie. Contraire : méchanceté. Dictionnaire de philosophie Durozoi et Roussel : (extrait) : La bonté a été dotée par la morale classique d’une extension très large, qui en fait, outre un attribut de Dieu, une attitude dépassant la simple bienveillance pour éventuellement être considérée comme la vertu humaine par excellence..
Citations sélectionnées Par Marie-France : « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt. » de Rousseau. Par Marc : « La bonté fait du bien à celui qui donne et à celui qui reçoit. » de Shakespeare. Par Jean-Paul : « La bonté est un amour gratuit. » de Lacordaire.
Notions / Concepts / Prises de vue Le bon et le bien se confondent-ils ? A. Bon : Spinoza définit comme bon tout ce qui contribue à augmenter notre puissance d’agir. Le bon est dans ce contexte utilisé contre le bien, dénoncé comme une abstraction vide de sens. Chez Nietzsche, bon est la qualité que les forts se donnent contre les faibles avant que ceux-ci, par réactivité, n’en inversent le sens (ainsi l’orgueil qui est bon pour les forts sera dénoncé comme mauvais par les faibles, lesquels diront à l’inverse que ce qui est bon, c’est l’humilité). Pour Rousseau, « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt. » La bonté serait-elle innée, autrement dit naturelle? Chez Hobbes, comme chez Spinoza, le bon c’est ce qui plait, le mauvais ce qui déplait. Ainsi, toujours relatif et subjectif, le bon n’est pas un absolu. Toujours relatif, le bon ne serait-il pas l’objet au moins possible d’un désir ?
Notions / Concepts / Prises de vue Le bon et le bien se confondent-ils ? (suite) B. Bien : La langue anglaise confond le bien (the good) et le bon (good) Chez Platon, le bien est un idéal dont le monde imparfait doit toujours chercher à se rapprocher (mythe de la caverne). Pour Aristote, le bien correspond au développement maximal de chaque être selon sa nature propre. Chez Epicure, le bien, c'est ce qui mène au bonheur ou au simple plaisir. (eudémonisme ou hédonisme) Pour les stoïciens, le bien est la conformité à l’ordre universel de la nature. Chez Kant, le bien n’est rien d’autre que la pure intention morale (il faut faire son devoir). Contrairement au bon, toujours relatif, la notion de bien ne suppose-t-elle pas la définition, sinon d’un absolu, du moins d’une norme, d'où la morale ? La bonté n’est-elle pas à la convergence du bon et du bien ? Convergence de l’objectivité du bien et de la subjectivité du bon ? Eprouver du plaisir à donner à autrui, n’est-ce pas ça être bon ?
QUESTIONS Bonté : bon ou bien ? La bonté est-elle naturelle ? Peut-on être heureux sans être bon ?
Animation Marc Bazille Ce qui est bon est-il toujours bien ? Bonté : bon ou bien ? Animation Marc Bazille Ce qui est bon est-il toujours bien ?
Le bien n'est-il pas le bon quand on croit qu'il l'est en soi ? 1. Bonté : bon ou bien ? Bon ? N'appelons-nous pas "bon" ce que nous désirons ? Comme le pense Spinoza, n'est-ce pas en effet quand que nous désirons quelque chose que nous la jugeons bonne et non parce qu'elle est bonne en soi que nous la désirons ? Toujours relatif et subjectif, comment "le bon" pourrait-il être un absolu ? Ce qui est bon, n'est-ce pas tout ce qui plaît ou semble devoir plaire ? Bien ? N'avons- nous pas tendance à penser que ce qui est bien, c'est ce qui est bon absolument ? Néanmoins, écrit Spinoza « Par "bien", j'entends tout genre de joie, ainsi que tout ce qui y mène, et principalement ce qui satisfait un désir, quel qu'il soit. » Qu'importe, en effet, la vertu au salaud ou à celui qui ne sait penser qu'à lui ? Si toute valeur est relative, le bien ne serait-il qu'une illusion ? Le bien n'est-il pas le bon quand on croit qu'il l'est en soi ? Mais quel "bon" pourrait-il être "bien" parce qu'il vaudrait pour tous ? Quelle autre valeur que "le souci d'autrui" pourrait-elle valoir universellement ? Or, la bonté : le plaisir de donner, amalgame joyeux de générosité, douceur, compassion et bienveillance, n'est-elle pas en fait la seule convergence universelle possible du bon et du bien ? 8
La bonté est-elle naturelle ? Animation Marie-France Palazy La bonté est-elle innée comme le pensait Rousseau ? Ou s'acquière-t-elle, au même titre que la morale, comme d'autres le pensent ?
2. La bonté est-elle naturelle ? Pour l'homme en particulier, ce qui est naturel, n'est-ce pas : Tout ce qui est transmis par les gènes et se reconnaît à l'universalité du processus, par opposition à ce qui est culturel, transmis par l'éducation et toujours relatif ? Autrement dit, tout ce qui serait inné ou instinctif par opposition à ce qui serait acquis ou réfléchi ? Naturel ne s'oppose-il pas à culturel comme nature à culture, inné à acquis, vérité à valeurs ? Bonté: innée ou acquise ? Est-il vrai, comme dit Rousseau que « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt. » ? Notons que, si Rousseau affirme que la nature nous a disposés à être bons, il ne dit pas que nous le sommes. Grand observateur des hommes comment pourrait-il nourrir cette illusion ? En effet, si l'homme était bon d'une façon générale, à quoi servirait la morale ? Mais la bonté, comme la morale, sont elles innées ou acquises : Innées, comme le pensait Rousseau, d'où nous viendrait peut-être le plaisir d'être bon, Acquises donc humaines et produites par l'histoire de l'ensemble des normes que l'humanité s'est fixée au fil des siècles, ne fut-ce que pour donner un sens à la vie ? La bonté n'est-elle pas une prédisposition plus ou moins innée que la morale viendrait conforter ? Comme le suggère ACS, n'est-ce pas quand nous manquons d'amour que nous avons besoin de la morale ? De même, n'est-ce pas quand nous n'avons pas de plaisir à être bon, autrement dit, quand nous ne le sommes pas naturellement, que nous devons nous efforcer de l'être ? 10
Qu'est-ce que le bonheur ? Existent-ils des moyens de l'atteindre ? Peut-on être heureux sans être bon ? Qu'est-ce que le bonheur ? Existent-ils des moyens de l'atteindre ? La bonté en est-elle un ?
3. Peut-on être heureux sans être bon ? Etre heureux ? Les Epicuriens n'auraient-ils pas raison dans leur art de jouir (hédonisme ou eudémonisme) : N’y a-t-il pas de bonheur possible sans plaisir ? Les Stoïciens et Spinoza n'auraient-ils pas raison dans leur art de vouloir et d'agir : Il ne faut désirer et agir que sur ce qui dépend de soi disent les Stoïciens, Il faut désirer ce que l’on fait : ce n'est plus espérance mais volonté chez Spinoza ? Si désirer ce qui n’est pas, c’est espérer; l’espérance ne nous enferme-t-elle dans le "manque " ? S'il n'y a pas de bonheur sans plaisir et si le désir est manque, le bonheur n'est-il pas manqué ? Bonté ? La bonté n’est-elle pas la convergence du bon et du bien : Le bon (en soi) qui consiste à éprouver le plaisir de faire ce qu'on désire, Le bien (hors de soi) qui consiste à faire ce que l'on croit devoir faire à l'égard d'autrui, ne fut-ce que pour échapper un peu à son égocentricité ? Eprouver du plaisir à donner à autrui, n'est-ce pas ça, en effet, être bon ? Mais la méchanceté n'est-elle pas aussi la convergence du bon et du bien à la différence près que le méchant, en éprouvant du plaisir à prendre, ne sort pas de son égocentricité ? Eprouver de la joie hors de soi n'est-il pas le propre de la bonté ? Si la bonté ne manque de rien, la méchanceté ne manque-t-elle pas de tout ? Si lorsque le désir est manque, le bonheur est manqué, lorsqu'il est don, n'est-il pas gagné ? Ainsi, la bonté qui donne sans rien attendre, n'est-elle pas le plus sûr moyen d'être heureux ? 12
Aimer avec bonté (sans rien attendre), n'est-ce pas, En guise de conclusion Parce qu'il est des amours qui se limitent à prendre (voyez les jaloux), on peut aimer sans être bon, mais sont-elles des amours heureuses ? Aimer avec bonté (sans rien attendre), n'est-ce pas, au fond, le plus sûr moyen d'être heureux ? Mais si, de surcroît, on vous aime… Alors là …. !
sinon bonnes vacances et rendez-vous le 7 octobre ! Prochaines réunions Samedi 14 juin à 18h30 Conférence de l'astrophysicien de renommée mondiale Trinh Xuan Thuan " Le big bang et après : la place de l'homme dans l'univers" Clôture de la 10ème année du Café-Philo agathois. MDS Agde de 18h30 à 20h : " Bien-Mal" : mardi 7 octobre (rentrée de la 11 ème année des cafés-philo agathois) "Pouvoir" : mardi 4 novembre "Epicurisme" : mardi 2 décembre MAM Béziers de 18h30 à 20h : " La paix totale est-elle une utopie ? " : mercredi 10 décembre A samedi prochain, sinon bonnes vacances et rendez-vous le 7 octobre ! Informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 14