Je sais : Dieu lui-même nous a avertis par la bouche de son prophète : « Je suis DIEU, moi, et non pas un homme ! » Mais il nous disait alors qu’il n’y avait pas de rancœur, pas de ressentiment en lui. Et si Jésus, image de Dieu, a été conduit dans le désert par l’Esprit-Saint pour y être tenté, c’est qu’il est homme. Mais la tentation n’a pas eu de prise sur lui, car il est Dieu… Nous, notre esprit est créé « à l’image et ressemblance » de l’esprit de Dieu. Mais malheureusement le Mauvais est arrivé semer l’ivraie…

Alors, je crois que notre façon de vivre les petits ou grands événements de notre vie peut nous aider à comprendre notre relation avec notre Dieu-Père...

Quelle joie, ce coup de fil inattendu de cet ami, de cet enfant, de ce parent… Est-ce que, Dieu-Père, chaque fois que je me tourne vers toi dans la journée pour un « coup de fil » tu ressens cette joie ? Juste parce que je te dis : « C’est si beau ! Merci, Père ! » ou « que c’est bon d ’entendre rire ces enfants ! Sois-en loué, Seigneur ! » ou « Je voudrais bien y arriver ! Aide-moi, mon Dieu ! » Ou… ou...

Tout à l’heure, j’ai pu avoir une conversation vraiment personnelle, une conversation « à cœur ouvert » avec mon enfant, avec mon mari, avec cette voisine… Une conversation qui nous a fait du bien, nous avions l’impression de mieux nous connaître, mieux nous apprécier… Cela nous a fait chaud au cœur ! Et toi, Dieu-Père, lorsque j’abandonne les formules toutes faites de mes prières, et que je me lance à t’expliquer ma vie, ce que je voudrais, ce que je ne comprends pas, pourquoi je t’aime, et que je sais bien que tu t’arrangeras pour me donner réponse… Dans ce cas-là, est-ce que ma « conversation » te fait chaud au cœur ?

Comme je m’entendais bien avec cet ami, cette amie ! J ’étais bien sûre d’une amitié « à la vie, à la mort ». Et puis, je vois cette amitié se dissoudre lentement comme les brumes matinales, se défaire et s’étirer comme les écharpes de brouillard, être absorbée par l’indifférence comme les dernière gouttes de rosée… Cela me tord le cœur, cela m’empoisonne… Mais alors… Moi qui m’éloigne peu à peu de toi, comme cela, sans raison, sans prétexte… Est-ce que tu guettes le moment où je serais « comme avant » ? Est-ce que tu souffres de cette « distance », que j’allonge insensiblement entre toi et moi ?

Quand le monde émerveillé a appris que le Docteur Barnard avait réussi la première greffe du cœur, nous avons été fiers de cet immense progrès de la médecine… Et toi, Dieu-Père, t’es-tu réjoui avec nous de voir que l’intelligence que tu avais donnée aux hommes était capable de faire de si belles choses ? Est-ce que tu as été magnifié par cette réussite ?

Ce monde, Père, que tu as créé si beau, que tu nous as confié pour le faire fructifier, je souffre de voir comment nous le maltraitons, le salissons, l’abîmons… Et toi ? Quelle doit être ta souffrance de voir ainsi ton œuvre massacrée par bêtise, ignorance ou cupidité… Pleures-tu sur ta création et sur tes créatures, Père ? Sur les hommes méprisés et exploités ? Sur ces douces petites bêtes que nous tuons pour une fourrure ou un trophée de chasse ? Sur ces nobles animaux que nous appelons « féroces » et qui souvent pourraient nous donner l’exemple ?

Ce ciel étoilé, quelle merveille ! Et ce ruisselet qui chante en se faufilant entre les cailloux.. Et nos belles montagnes avec leur bonnet blanc de neige ou un nuage léger accroche une plume… Pourtant, Dieu-Père, le plus souvent, nous ne pensons même pas à te dire : « merci » ! Notre ingratitude doit te peser, tout de même ! J’ai donné ci ou ça, j’ai rendu service, mais… j’attends toujours un merci !!! Et nous ?

Quand la musique s’élève limpide et pure, ou quand des voix d’enfants s’unissent harmonieusement pour nous charmer, nous ressentons une telle sérénité nous envahir, un bonheur qui fait presque mal ! Alors toi, quand tu vois que l’homme est encore capable de tant de beauté, de tant de pureté, es-tu heureux comme nous ? On nous disait : « chanter, c’est prier deux fois » ! Est-ce à cause de cela ? Béni sois-tu d’avoir donné de telles capacités de beauté aux hommes !

Je sais que l’on peut me rétorquer : « mais Dieu ne peut pas en même temps être heureux et pleurer ! Se réjouir et avoir mal ! » Alors, que l’on demande à la maman d’une famille nombreuse comment elle peut à la fois se réjouir de la réussite de son grand à l’examen et trembler pour cette coqueluche qui se complique chez son tout-petit ? Et on aura une pâle idée de la réponse !

Apprends-moi, Dieu-Père, à retrouver la trace de ton amour dans tous mes petits événements journaliers. Qu’ils me rapprochent de toi et me tournent vers toi...

Musique : Tomaso-Luis Da-Vittorria (compositeur espagnol du XVII è siècle) Par le chœur d’enfants du lycée anglophone de Montréal Musique communiquée par Monsieur Bernard Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix