La parabole évangélique - type Le SEMEUR
1.1- La Parabole elle-même dans le texte de Marc (Marc 4, 1-9) Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles et il leur disait dans son enseignement: "Écoutez! Voici que le semeur est sorti pour semer. Et il advint, comme il semait, qu'une partie du grain est tombée au bord du chemin, et les oiseaux sont venus et ont tout mangé. Une autre est tombée sur le terrain rocheux où elle n'avait pas beaucoup de terre, et aussitôt elle a levé, parce qu'elle n'avait pas de profondeur de terre; et lorsque le soleil s'est levé, elle a été brûlée et, faute de racine, s'est desséchée. Une autre est tombée dans les épines, et les épines ont monté et l'ont étouffée, et elle n'a pas donné de fruit. D'autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit en montant et en se développant, et ils ont produit l'un 30, l'autre 60, l'autre cent." Et il disait: "Entende, qui a des oreilles pour entendre!"
L'explication (Marc 4, 10-20) Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles. Et il leur disait: "A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu'ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu'ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné." Et il leur dit: "Vous ne saisissez pas cette parabole? Et comment comprendrez-vous toutes les paraboles? Le semeur, c'est la Parole qu'il sème. Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, sont ceux qui ne l'ont pas plus tôt entendue que Satan arrive et enlève la Parole semée en eux. Et de même ceux qui sont semés sur les endroits rocheux, sont ceux qui, quand ils ont entendu la Parole, l'accueillent aussitôt avec joie, mais ils n'ont pas de racine en eux-mêmes et sont les hommes d'un moment: survienne ensuite une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt ils succombent. Et il y en a d'autres qui sont semés dans les épines: ce sont ceux qui ont entendu la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et les autres convoitises les pénètrent et étouffent la Parole, qui demeure sans fruit. Et il y a ceux qui ont été semés dans la bonne terre: ceux-là écoutent la Parole, l'accueillent et portent du fruit, l'un 30, l'autre 60, l'autre cent."
Dans le récit de Marc, cette parabole comprend donc deux parties : 1- une histoire (4, 1-9) 2- son interprétation (4, 10-20) entrecoupées par une intervention des disciples. Ainsi, à la lumière de cette parabole, nous allons entrer dans l'élucidation du genre littéraire "paraboles".
1.2- La Parabole du Semeur telle qu'on peut la réécrire après l'avoir lue : - d'un coté l'histoire, - de l'autre, son interprétation, - et, dans la première colonne, les éléments de transition.
2- Voici que le semeur est sorti pour semer. L'histoire elle-même L'enseignement 2- Voici que le semeur est sorti pour semer. Et il advint, comme il semait, qu'une partie du grain est tombée au bord du chemin, et les oiseaux sont venus et ont tout mangé. Une autre est tombée sur le terrain rocheux où elle n'avait pas beaucoup de terre, et aussitôt elle a levé, parce qu'elle n'avait pas de profondeur de terre; et lorsque le soleil s'est levé, elle a été brûlée et, faute de racine, s'est desséchée. Une autre est tombée dans les épines, et les épines ont monté et l'ont étouffée, et elle n'a pas donné de fruit. D'autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit en montant et en se développant, et ils ont produit l'un 30, l'autre 60, l'autre cent." 4- Le semeur, c'est la Parole qu'il sème. Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, sont ceux qui ne l'ont pas plus tôt entendue que Satan arrive et enlève la Parole semée en eux. Et de même ceux qui sont semés sur les endroits rocheux, sont ceux qui, quand ils ont entendu la Parole, l'accueillent aussitôt avec joie, mais ils n'ont pas de racine en eux-mêmes et sont les hommes d'un moment: survienne ensuite une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt ils succombent. Et il y en a d'autres qui sont semés dans les épines: ce sont ceux qui ont entendu la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et les autres convoitises les pénètrent et étouffent la Parole, qui demeure sans fruit. Et il y a ceux qui ont été semés dans la bonne terre: ceux-là écoutent la Parole, l'accueillent et portent du fruit, l'un 30, l'autre 60, l'autre cent 1- Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles et il leur disait dans son enseignement: "Ecoutez! 3- Et il disait: "Entende, qui a des oreilles pour entendre!" Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles. Et il leur disait: "A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu'ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu'ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné." Et il leur dit: "Vous ne saisissez pas cette parabole? Et comment comprendrez-vous toutes les paraboles?
2- QU'EST-CE QU'UNE PARABOLE ?
Etymologie : du grec parabolh (para = à côté et ballein = lancer, jeter). La parabole correspond à la trajectoire d'un projectile lancé et retombant à terre. Le terme est d'Apollonius de Perge.
La parabole est une courbe plane, symétrique par rapport à un axe, approximativement en forme de U. Elle peut se définir mathématiquement de plusieurs façons, et toutes ses définitions sont équivalentes. Le plus souvent, la parabole est définie comme une courbe plane dont chacun des points est situé à égale distance d'un point fixe, le foyer, et d'une droite fixe, la directrice. Il s'agit d'un type de courbe algébrique dont les nombreuses propriétés géométriques ont intéressé les mathématiciens dès l'Antiquité et ont reçu des applications techniques variées en optique, télécommunication, etc Mais on peut aussi la définir comme l'intersection d'un plan avec un cône de révolution lorsque le plan est parallèle avec un autre plan tangent à la surface du cône.
C'est cette figure qui me servira de base pour une tentative d'explicitation des paraboles qui suivront. Si je reprends la parabole dite " du semeur ", je peux placer ainsi les éléments de l'histoire et leurs analogues dans l'enseignement :
Auditeurs inconstants Soleil Tribulations - Persécutions Épines L' Histoire L' Enseignement Semeur Christ Grain Parole de Dieu Bord du chemin Oreille furtive Oiseaux Satan Roc Auditeurs inconstants Soleil Tribulations - Persécutions Épines Soucis du monde Étouffé Contredisent la Parole Bonne terre Les fidèles Fruit Le Règne de Dieu ? A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu'ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu'ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné."
Le schéma ci-dessus indique que la parabole, lorsqu'elle est dite, comporte deux versants : l'HISTOIRE d'un coté, l'ENSEIGNEMENT de l'autre. Mais elle comporte toujours une POINTE, qui est l'objectif que poursuit le narrateur. Ici, la parabole dite du Semeur semble avoir pour objectif, non pas d'adresser un enseignement aux foules, ou à telle partie du peuple, mais de révéler aux disciples le pourquoi paradoxal des paraboles.
La première génération de croyants Cependant, il ne faut pas oublier que les paraboles racontées par Jésus, ont été ensuite rapportées par les rédacteurs évangéliques. Il est fort probable que ceux-ci ont choisi, en fonction de leurs auditeurs quelles paraboles ils rapporteraient. C'est ainsi que les trois évangiles dits " synoptiques " ne rapportent pas tous les mêmes paraboles. Quant à l'évangile de Jean, s'il ne comprend aucune parabole, le style dans lequel il est écrit est à lui-même quasi parabolique (cf. diapo suivante). Il nous faut donc maintenant ajouter une troisième branche à la figure esquissée ci-dessus : celle qui correspond à la première génération de croyants : L'histoire Les auditeurs de Jésus La première génération de croyants
Inclusion et Parabole chez Jean LA VIE ETERNELLE PAR LA CHAIR ET LE SANG ou LE FILS PAIN DE DIEU (Jean 6, 49-58) Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde." Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux; ils disaient: "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?" Alors Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais."
Mais il y a un autre élément à ne pas oublier dans notre tentative d'explication des paraboles. Chaque dimanche, l'Eglise nous propose un texte tiré des récits évangéliques. Et assez souvent, parce que c'est une forme d'enseignement populaire, elle nous propose telle ou telle parabole. Non pas par souci d'archéologie, mais pour nourrir notre foi et notre comportement chrétien d'aujourd'hui. Il nous faut donc maintenant ajouter une quatrième branche aux trois précédentes : L'histoire Les auditeurs de Jésus La 1° génération de croyants Nous aujourd'hui
Reste un élément extrêmement important à prendre en considération : le contexte naturel, socioculturel, religieux et politique de l'époque, dans la Judée-Galilée-Samarie de Jésus. Par exemple, pour bien comprendre et l'histoire et l'enseignement de la parabole dite du "Semeur", il faut savoir qu'on ne pratiquait pas les semailles comme aujourd'hui chez nous. Nous sommes accoutumés à voir le cultivateur labourer la terre, puis la herser, et enfin y semer les grains. A l'époque de Jésus, on sème le grain devant la charrue, ou plutôt l'araire, tirée soit par un âne, soit par une femme ou un homme. Et l'araire recouvre le grain d'une mince pellicule de terre, plus ou moins mêlée, selon la configuration du terrain, de cailloux, de ronces et d'épines.
N.B C'est ce concept d'agriculture naturelle qui a été développé par l'agriculteur japonais Masanobu Fukuoka dans les années 1970, en rupture radicale avec l'agriculture industrielle. Qu'est-ce l'agriculture naturelle ? C'est une pratique agricole qui consiste à "laisser faire" le plus possible la nature, en se refusant d'intervenir dans les processus naturels. Elle repose sur l'idée que la nature, quand elle est laissée à son libre cours, est parfaitement capable de fournir aux humains tous les éléments essentiels à leur subsistance. Masanobu Fukuoka a ainsi formulé plusieurs principes pour définir l'agriculture naturelle, appelée aussi agriculture sauvage : 1- ne pas labourer le champ, 2- ne pas ajouter d'engrais ou de pesticides, 3- ne pas retirer les mauvaises herbes, 4- ne pas tailler les cultures, etc. Les seules activités humaines autorisées sont l'ensemencement et la récolte. Rien de plus. Aujourd'hui, l'agriculture naturelle n'est pratiquée que par 3 % des exploitations agricoles dans le monde.
Ces précisions données nous permettent de découvrir que le personnage du laboureur est évidemment absent de cette parabole, et qu'il faut l'y réintroduire pour comprendre la finalité de l'histoire, ce que ne manquaient pas de faire les auditeurs de Jésus, ou de Luc. Eux comprenaient ceci : 1- le semeur, c'est Jésus; 2- la semence, c'est la Parole de Dieu; 3- le champ, c'est l'Humanité; 4- et les disciples de Jésus en sont les laboureurs. Mais l'efficacité de leur action dépend de la qualité du terrain…
Un dernier élément enfin : il s'agit de paraboles destinées à faire comprendre aux auditeurs ce qu'il en est du Royaume, ou du Règne, de Dieu. Dans l'enseignement du Christ, qui dit "grain" dit "moisson", qui dit "moisson" dit "fin des temps" et "venue du Christ en gloire", mais dit aussi réalisation provisoire et momentanée de ce Règne de Dieu aujourd'hui chez nous. Ce qui signifie que ce moment furtif où nous croyons discerner le Règne de Dieu chez nous, est comme une parabole du Règne de Dieu définitif. Et c'est précisément ce qui est important, mais qui reste, même après une sérieuse information, de l'ordre du subjectif, parce que marquée par tout ce qui constitue l'être de celui ou de celle qui lit ou qui écoute la parabole, tout comme de celui qui tente d'en tirer un enseignement pour aujourd'hui… Nous reviendrons là-dessus après avoir étudié quelques paraboles concernant ce Royaume de Dieu
Paraboles de la première période les deux maisons (Matthieu 7:24,Luc 6:48), - le semeur (Matthieu 13:1,Marc 4:3, Luc 8:5), - la semence jetée en terre (Marc 4:26), - l'ivraie (Matthieu 13:24), - le grain de sénevé (Matthieu 13:31,Marc 4:30, Luc 13:18), - le levain (Matthieu 13:33, Luc 13:21), - le trésor caché (Matthieu 13:44), - la perle de grand prix (Matthieu 13:45), - le filet (Matthieu 13:47 Paraboles de la deuxième période les deux débiteurs (Luc 7:41), - le bon Samaritain (Luc 10:30), - l'ami importun (Luc 11:5), - le riche insensé (Luc 12:16), - les serviteurs vigilants (Luc 12:36), - le figuier stérile (Luc 13:6), - la brebis perdue (Luc 15:3,Matthieu 18:12), - la drachme perdue (Luc 15:8), - l'enfant prodigue (Luc 15:11), - l'économe infidèle (Luc 16:1), - Lazare et le riche (Luc 16:19), - le juge inique (Luc 18:1), - le pharisien et le péager (Luc 18:9), - le serviteur impitoyable (Matthieu 18:23), - les ouvriers (Matthieu 20:1). Paraboles de la dernière année - les deux fils (Matthieu 21:28), - les vignerons (Matthieu 21:33,Marc 12:1,Luc 20:9), - le festin (Matthieu 22:1,Luc 14:16), - les dix vierges (Matthieu 25:1), - les talents (Matthieu 25:14,Luc 19:12).