16eme siècle : la commedia dell’arte commence à conquérir l’europe, dépassant les frontieres italiennes. Le roi Louis XIV a ses propres comédiens italiens, qui influent leurs contemporains francais comme Molière. A Versailles, de nombreuses fêtes imitent le style de la commedia dell’arte
A Versailles, de nombreuses fêtes imitent le style de la commedia dell’arte (fetes vénitiennes) : masques et déguisements des personnages typiques, musiques et danses italiennes. Après la mort de Louis XIV, ces fêtes se déplacent dans les maisons des aristocrates, ainsi naissent les fêtes galantes.
Antoine Watteau (1681-1721) Antoine Watteau (1681-1721) cherche à plaire pour pouvoir vendre ses tableaux-> peindre les fêtes galantes. Problème : sujet peu estimé à l’époque -> peindre dans des décors inspirés de la mythologie
Grand succès ! La peinture d’Antoine Watteau va marquer la peinture par le changement de sujet : l’amour, la fête -> Début du style Rococo. Les personnages sont oisifs, ils se divertissent, s’aiment et jouent des rôles déjà écrits, des personnages déterminés. Le paysage derrière est vivant mais calme, pastel, parfois un peu flou. Ce sont des jardins, des fontaines, des kiosques dominés par de grands arbres et un ciel légèrement nuageux. Cette ambiance très particulière peut être considérée comme un élément précurseur de l’impressionnisme.
Charles Baudelaire, Les phares
Charles Baudelaire, Les phares Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres, Comme des papillons, errent en flamboyant, Décors frais et légers éclairés par des lustres Qui versent la folie à ce bal tournoyant;
Paul Verlaine, en 1869, publié un recueil de poèmes : les fêtes galantes, mettant en scène l’amour, la séduction parmi des personnages tirés de la commedia dell’arte. L’influence de Watteau est évidente et l’univers décrit évoque très largement l’embarquement pour Cythère Le premier poème de ce recueil est le Clair de Lune. Il évoque non seulement les personnages masqués des fêtes galantes mais aussi les paysages et les décors si particuliers des tableaux du peintre. Ce n’est pas les papillons flamboyants ou le bal tournoyant de Baudelaire, mais une atmosphère plus intime et un regard traversant les masques. Le poème est chargé d’un symbolisme très fort et empreint de lyrisme : les personnages et le décor décrivent un état d’esprit, un ensemble de sensations et d’émotions qui dépassent jusqu’à la contradiction le tableau qui est peint. Mais trêve de bavardages, voici le fameux poème :
Paul Verlaine, Clair de lune Réduire ce poème à une dimension psychologique serait cependant très réducteur. Il se veut tout d’abord très visuel (logique pour un poème inspiré par un peintre), rien que le titre qui évoque immédiatement une image poétique très forte, la sonate « au clair de lune » de Beethoven (1802) étant déjà passée par là. Les masques, comme paysage de l’âme, mais aussi le décor planté par la dernière strophe, comme un regard tourné vers la fenêtre, mettent devant nos yeux cette scène. Mais le sens le plus appelé est l’ouïe : la musique est omniprésente dans le poème : luth, chants et danses dans les deux premières strophes, sanglots d’extase des jets d’eau pour conclure… Cette immersion sensorielle est en fait un reflet de la volonté poétique qui nait à l’époque et dont Paul Verlaine sera un des plus grands représentants, le symbolisme. J’aimerais mettre en parallèle à deux citations, une de Paul Verlaine, une autre d’Arthur Rimbaud, son contemporain, autre membre imminent du symbolisme.
Paul Verlaine, Clair de lune Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d'extase les jets d'eau, Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres. Réduire ce poème à une dimension psychologique serait cependant très réducteur. Il se veut tout d’abord très visuel (logique pour un poème inspiré par un peintre), rien que le titre qui évoque immédiatement une image poétique très forte, la sonate « au clair de lune » de Beethoven (1802) étant déjà passée par là. Les masques, comme paysage de l’âme, mais aussi le décor planté par la dernière strophe, comme un regard tourné vers la fenêtre, mettent devant nos yeux cette scène. Mais le sens le plus appelé est l’ouïe : la musique est omniprésente dans le poème : luth, chants et danses dans les deux premières strophes, sanglots d’extase des jets d’eau pour conclure… Cette immersion sensorielle est en fait un reflet de la volonté poétique qui nait à l’époque et dont Paul Verlaine sera un des plus grands représentants, le symbolisme. J’aimerais mettre en parallèle à deux citations, une de Paul Verlaine, une autre d’Arthur Rimbaud, son contemporain, autre membre imminent du symbolisme.
Deux citations : Paul Verlaine, premier vers de l’art poétique, 1882 La poésie symboliste, particulièrement celle de Paul Verlaine, va inspirer de nombreux musiciens français parmi lesquels Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns, Reynaldo Hahn ou encore Claude Debussy. Ces compositeurs vont mettre en musique ces poèmes dans des mélodies, pour voix et le plus souvent accompagné d’un piano, même si certains ont été orchestrés. Gabriel Fauré et Claude Debussy ont par exemple mis en musique ce poème, le Clair de Lune. Mais les plus attentifs auront remarqué qu’il n’y a pas de voix dans le morceau que nous écoutons depuis toute à l’heure.
Deux citations : Paul Verlaine, premier vers de l’art poétique, 1882 : De la musique avant toute chose La poésie symboliste, particulièrement celle de Paul Verlaine, va inspirer de nombreux musiciens français parmi lesquels Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns, Reynaldo Hahn ou encore Claude Debussy. Ces compositeurs vont mettre en musique ces poèmes dans des mélodies, pour voix et le plus souvent accompagné d’un piano, même si certains ont été orchestrés. Gabriel Fauré et Claude Debussy ont par exemple mis en musique ce poème, le Clair de Lune. Mais les plus attentifs auront remarqué qu’il n’y a pas de voix dans le morceau que nous écoutons depuis toute à l’heure.
Deux citations : Paul Verlaine, premier vers de l’art poétique, 1882 : De la musique avant toute chose, Arthur Rimbaud, extrait de la lettre à Paul Demeny 1871 La poésie symboliste, particulièrement celle de Paul Verlaine, va inspirer de nombreux musiciens français parmi lesquels Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns, Reynaldo Hahn ou encore Claude Debussy. Ces compositeurs vont mettre en musique ces poèmes dans des mélodies, pour voix et le plus souvent accompagné d’un piano, même si certains ont été orchestrés. Gabriel Fauré et Claude Debussy ont par exemple mis en musique ce poème, le Clair de Lune. Mais les plus attentifs auront remarqué qu’il n’y a pas de voix dans le morceau que nous écoutons depuis toute à l’heure.
Deux citations : Paul Verlaine, premier vers de l’art poétique, 1882 : De la musique avant toute chose, Arthur Rimbaud, extrait de la lettre à Paul Demeny 1871 : Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. La poésie symboliste, particulièrement celle de Paul Verlaine, va inspirer de nombreux musiciens français parmi lesquels Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns, Reynaldo Hahn ou encore Claude Debussy. Ces compositeurs vont mettre en musique ces poèmes dans des mélodies, pour voix et le plus souvent accompagné d’un piano, même si certains ont été orchestrés. Gabriel Fauré et Claude Debussy ont par exemple mis en musique ce poème, le Clair de Lune. Mais les plus attentifs auront remarqué qu’il n’y a pas de voix dans le morceau que nous écoutons depuis toute à l’heure.
Ce n’est en effet pas une mélodie (au sens de poème chanté accompagné de piano), mais un morceau pour piano seul, composé également par Claude Debussy, 40 ans après la parution du Claire de Lune de Verlaine, et extrait d’une suite de 4 morceaux pour pianos : la suite bergamasque. Pour comprendre la démarche de Debussy, il faut placer le contexte : à la transition entre le 19eme et le 20eme siècle, avec d’autres très grands compositeurs comme Maurice Ravel, Debussy redécouvre les œuvres pour clavecin « maitres du passé », les compositeurs baroques français (le nationalisme est très fort à cette époque, particulièrement chez Debussy), comme Jean-Philippe Rameau (1683-1764) ou François Couperin (1668-1733). Ils s’en inspirent donc et Debussy décidera même de s’en servir comme modèles pour ses dernières sonates. La suite bergamasque s’inspire du clavecin baroque et de danses de l’époque (la suite, à l’époque baroque une structure très utilisée, est une suite de danse) : le menuet (danse lente à trois temps, ancêtre de la valse) et le passe-pied (danse plus vive). Mais entre ses deux danses apparait quelque-chose d’inhabituel, comme une rupture, une pause, un peu d’air entre deux danses : un Claire de Lune. La référence au poème de Verlaine est évidente, mais il faut aussi y voir un hommage à Watteau et à ses fêtes galantes. C’est le ciel légèrement nuageux, le vent dans les feuilles et le sanglot des jets d’eau, le tout sous la lumière tamisée d’un clair de lune, que Debussy offre à contempler. Comme dans le poème de Verlaine, c’est un regard porté par la fenêtre, une pause contemplative du haut d’un balcon ou au pied d’une fontaine. Debussy est toujours très précis dans ses indications, et le début du morceau est indiqué pianissimo, con sordina, et andante très expressif. Il y a une deux voix : une voix aigüe, très phrasée, comme le chant des personnages masqués, et une voix grave plus régulière, le décor. Cependant ces voix ne sont pas indépendantes : comme l’écrit Verlaine : « Et leur chanson se mêle au clair de lune, ». Elles dialoguent, se rapprochent pour parfois de devenir qu’une. Elles accélèrent et ralentissent, deviennent plus ou moins fort. Il y a une sorte d’apothéose au milieu du morceau ou la voix grave enchaine des arpèges comme le bruit de l’eau coulant, s’envolant en jets et retombant délicatement. La fin enfin est indiquée pianissimo, morendo jusqu’à la fin, pour laisser place à la dernière danse : le passe-pied.