Grande liesse au château, grande liesse dans tout le royaume ! Une petite princesse est née, si jolie, si délicate, si rose et blanche, que ses parents l’ont appelée Fleur.

Il y eut grande fête pour le baptême, et toutes les fées du royaume furent invitées. Elles se penchèrent sur le petit berceau et comblèrent le bébé de dons. Toutes les fées invitées, vous croyez ?...

Hélas ! Vous savez bien que, dans tout conte de fées, il y a soudain la méchante fée Carabosse qui surgit pour créer toutes sortes d’ennuis. Et figurez-vous, c’est justement elle qui n’avait pas été invitée ! Imaginez la terreur des parents lorsqu’ils la virent arriver !

Elle se pencha sur le berceau avec un sourire mielleux : - Moi aussi, je te fais un don ! Je te prédis que tu te piqueras au doigt avec un fuseau et que tu en mourras ! Et elle partit, en éclatant d’un rire sardonique.

Les fées avaient toutes déjà déposé leur don dans le berceau, et ne possédaient plus de pouvoirs pour contrecarrer le sort jeté par Carabosse. C’est alors que l’on vit arriver Priscilla, toute essoufflée, toujours en retard, et que l’on mit aussitôt au courant. - Je ne puis annuler ce sort, dit-elle, mais l’atténuer. La princesse ne mourra pas, mais dormira d’un très long sommeil.

Ce fut pourtant la consternation, au château et dans tout le royaume. Le roi ordonna que de grands feux fussent allumés, où seraient brûlés et détruits tous les fuseaux du royaume. Le peuple, qui aimait ses souverains et espérait vaincre le mauvais sort, participa de bonne grâce, et les gens venaient en procession jeter les fuseaux, en formulant des vœux pour le bonheur et la protection de leur jeune princesse.

Fleur grandit donc, toujours sous bonne garde. Mais elle trouvait cela parfois agaçant, et échappant un jour à sa suivante, elle entreprit l’exploration du château. Elle y rencontra une charmante petite vieille au sourire engageant. - Que faites-vous là ? Cela semble amusant ! - Tu as raison, Mignonne. Veux-tu essayer ?

Vous, mes petits lecteurs, vous avez deviné, n’est-ce pas, qu’il s’agissait d’un piège ? A peine Fleur eut-elle saisi le fuseau qu’elle se piqua au doigt et s’écroula. La fée Carabosse reprit son apparence et disparut, juste comme la suivante éplorée se précipitait dans la pièce. Trop tard…

On coucha la princesse, on ferma les rideaux de son lit. La bonne fée Priscille accourut.

Elle souffla sur le château, où tout s’endormit également, depuis le roi jusqu’au marmiton, depuis le feu de la grande cheminée jusqu’aux oiseaux de la volière. Elle entoura alors le château de fourrés de ronce inexpugnables, afin que nul ne vint déranger la princesse durant son long sommeil.

CENT ANS PASSERENT… Dans le royaume voisin, cependant, grandissait Charmant, un jeune prince d’une grande beauté, bon et intrépide; Il avait entendu parler d’un château caché, d’une princesse endormie… Mais depuis le temps, nul ne savait s’il s’agissait d’une réalité ou d’une légende…

Il parcourait toutes les forêts à la recherche de ce royaume perdu, en vain. C’est ainsi qu’il se trouva un jour devant des fourrés tellement épineux et impénétrables qu’il jugea inutile d’essayer d’y aller voir. Il était là, indécis, et voici que les ronces s’écart- èrent d’elles-mêmes pour lui livrer passage.

Que se passait-il ? Était-il possible que tous ces gens soient morts ? Mais non, le jeune page ronflait légè- rement, le chat ronronnait

Dans toutes les pièces qu’il traversait, c’était le même spectacle insolite : le temps paraissait figé…

Soudain, il découvrit une ravissante jeune fille, si belle, qui avait l’air si bonne, que son cœur se mit à battre plus vite. Se penchant sur Fleur endormie, il osa l’em- brasser légèrement. Aussitôt, Fleur s’éveilla. Et tout le château s’emplit de rumeurs et de bruits. La vie était revenue !

Au grand étonnement des animaux de la forêt les ronces disparurent comme par enchan- tement. Mais oui, il y avait de l’enchantement là- dessous : la fée Priscilla avait bien travaillé !

Vous l’auriez deviné tous seuls : Fleur et Charmant se marièrent, et ils furent toujours heureux !!! C’est depuis ce temps- là que toutes les jeunes filles rêvent au prince charmant…

Ces images m’ont été offertes par Tite Pomme, que je remercie chaleureusement. - Texte : conte traditionnel, raconté par Jacky - Musique : Gwendal - air traditionnel breton Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :