Monsieur DELPECH a réalisé cette série de photos- montages, qu’il a appelée « Fantasmes », par superposition de clichés, peinture sur diapo et autres procédés techniques connus de lui seul. Aucun travail par ordinateur : M.Delpech n’en possède pas ! Le résultat est surprenant. Il peut plaire ou ne pas plaire, mais il ne laisse pas indifférent ! Jugez plutôt….
Eliette, entre rêve et réveil, tourne et retourne dans son lit. Et des images, des couleurs confuses et floues, tournent, passent, se mélangent et fuient dans sa tête…
Elle gémit dans son sommeil, se retourne, mais toujours ces couleurs chaudes et violentes semblent s’écouler sur elle et la submerger.
Ou bien elles jaillissent, chaudes et impétueuses comme une lave de volcan… Enfin, elles semblent se grouper, s’organiser entre elles…
Elles s’écartent maintenant, comme des nuées chargées d’orage, et… et… mais oui ! c’est elle, là ! Mais déjà l’image se brouille à nouveau… Oh ! sa tête !
Tiens ? Une fleur ? Voyons… Rose ou camélia ? Ou bien… Mais… on dirait que les pétales s’écartent…
Lise ! sa chère lise ! Eliette sourit dans son sommeil à la chère amie entrevue. Mais encore une fois tout se brouille.
Avec une netteté saisissante, lui apparaît soudain une image du Maroc : un arbre desséché, montant la sentinelle à l’orée du désert… Elle se souvient fort bien !
Oui… Oui… la tempête de sable… Tout se brouillait, on ne voyait plus où on était…
Instinctivement, dans son sommeil, elle met son bras devant ses yeux clos, pour se protéger du terrible sirocco et de ses nuages de sable…
Et la palmeraie lui apparaît dans ses rêves comme ils l’ont vue ce jour-là, gémissante et tourmentée, assaillie par les vents et par des millions de grains de sable comme autant de projectiles…
Mais tout se brouille et se mélange à nouveau, si vite… Les couleurs tourbillonnent…
Ah ! les crépuscules en bord de mer, ces lumières paradisiaques qui faisaient tout oublier, tout pardonner…
Les barques échouées sur la grève…
Le sable chaud… La caresse du vent parfumé…
Ah oui ! Elle prenait des bains de soleil, sur ces plages interminables et accueillantes…
Ou bien le soir, après une journée épuisante de merveilleuses découvertes, avec Georges, ils aimaient marcher dans le sable mouillé…
Et voilà Saïda, parmi les merveilles de son atelier de tissage.. Quelle invention ! quels doigts de fée !
Les visages défilent à toute allure ! voici Zaïra, rencontrée avec une caravane, dans une lointaine oasis, et dont ils n’oublieront jamais le sourire…
Quoique déformé par le rêve, elle reconnaît maintenant le visage avenant de leur hôtesse…
Oh ! Elle se souvient comme Georges avait trouvé Hella belle… Elle était presque jalouse…
Mais… des roses ?... elle n’est plus au Maroc ? Inconsciemment, elle pousse un soupir de regret..
Oh ! Ces feuillages pourpres ! Une réminiscence se fait jour… Elle se souvient… un beau poème… « Ode à l ’érable sang et or »… Chantant un magnifique pays… Lequel ?
Elle s’énerve et s’agite si bien, cherchant dans son sommeil la réponse à sa question, que son mari la réveille, un peu ahuri tout de même de l’entendre clamer d’un ton triomphant : «Le Québec ! »
Photographies : Jean Delpech, photographe amateur demeurant à Oloron-Ste-Marie Musique : Adios Noninos - Faber Morales (Extrait de la Suite Argentina ) Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questelgmail.com