La photographie et la peinture occidentale On peut considérer que la peinture occidentale a connu deux grandes révolutions : la découverte, à la renaissance, des règles mathématiques de la perspective linéaire, qui permettent de représenter rigoureusement la réalité, et celle de la photographie (datant de 1838), qui, du fait de son exactitude, est impossible à égaler. Les peintres doivent repenser leur art. Manet, nous l’avons vu au cours dernier, en repensant la peinture alors que la photographie est découverte affirme l’autonomie de la peinture et sa matérialité, la peinture est une surface plane couverte de tâches de couleurs…
Édouard Manet, Le Déjeuner sur l'Herbe, 1863 Aux critiques de son temps Manet oppose l’idée de l’autonomie de la peinture : si une femme nue en compagnie d’hommes vêtus dans un extérieur n’est pas acceptable dans sa société, l’est « un ton laiteux parmi les noirs et gris » sur sa toile… Édouard Manet, Le Déjeuner sur l'Herbe, 1863
La révolution de la tache de couleur: du côté technique, le modelé pauvre, le fond uni, la profondeur de champ nulle nous indiquent qu’il ne s’agit plus d’une « fenêtre Renaissance ». La peinture est avant tout une surface matérielle, une toile couverte de pigments. Manet, Le Fifre (1866)
Manet s’inspire de l’art japonais, où il trouve ces surfaces planes et ces aplats de couleurs. Les estampes japonaises ne cherchent pas à renier leur nature pour plus d’illusion. Manet, Émile Zola, 1866 Utamaro, Powdering the Neck
Si son Olympia, peinte en 1863, s’inspire des « nus féminins couchés dans un intérieur » précédents, elle choque: c’est une femme consciente, qui travaille, au corps social, racial… Nous pensons au réalisme de Courbet...
Dans son œuvre ultime, Le Bar aux Folies-Bergères, 1881-82, nous voyons réunis les préoccupations majeures de son époque: la réalité sociale du réalisme avec la technique de peindre des impressionnistes…
Monet, 1870, La plage àTrouville Aujourd’hui nous allons parler d’Impressionnisme, et voir quelle était cette nouvelle manière de peindre que ces jeunes peintre de la fin du XIXème siècle vont introduire, se basant sur les idées de Manet, qui va à son tour s’inspirer d’eux… de l’autonomie de la peinture, qui ne se doit pas de représenter réellement le monde, mais qui a sa réalité propre, celle d’être une surface plane couverte de taches de couleurs… Monet, 1870, La plage àTrouville Manet, 1873, La plage
Impressionnisme: Claude Monet L’idée: la lumière comme sujet Claude Monet Le groupe des impressionnistes Impressionnisme: la lumière comme sujet, le travail en plein air, en série, le trait rapide, visible, les couleurs pures se mélangeant optiquement sur la toile
Les impressionnistes: la bande à Manet Manet, nous avons vu, en repensant la peinture alors que la photographie est découverte affirme l’autonomie de la peinture et quitte le concept de la toile « fenêtre renaissance ». Du côté technique, le modelé pauvre, le fond uni des toiles de Manet, ses espaces peu profonds nous rappellent que la peinture est avant tout une surface plane, couverte de pigments. Nous parlons de la révolution de la tache de couleur. Un groupe de jeunes peintres, vivant vers cette fin du XIXème siècle à Paris, comme Manet avant eux, vont chercher un nouveau langage et un nouveau rôle pour leur peinture. Avant de devenir « des impressionnistes, ils vont être « la bande à Manet », apprenant, s’inspirant des idées de leur ainé…
Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant C’est Claude Monet qui est la personnification du mouvement impressionniste. C’est sur l’exemple de ses œuvres que nous allons expliquer les caractéristique du mouvement, auquel une de ses toiles va donner le nom… Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant
Si l’exposition universelle de 1867 consacre la photographie (datant de 1838), les jeunes peintres parisiens vont y trouver un autre modèle pour leur peintures. Le Japon y présente ses estampes. Les estampes de l’école « Ukyo-e » (= peinture d’un monde en mouvement, « d’un monde qui change », « d’un monde flottant »), un style apparu au 17ème siècle au Japon, présentent des séries d’un même motif… Hokusai (1760-1849), La vague l’école « Ukyo-e »« Les images d’un monde en mouvement »
Hokusai, 36 vues du Mont Fuji (vers 1834)
Ainsi, l’Impressionnisme accuse des héritages… Du romantisme la primauté de la couleur, car c’est par la couleur que les émotions passent, que le peintre s’exprime (Delacroix, Turner). Du réalisme Courbet une stricte observation de ce qu’ils voient, l’intérêt pour les motifs de leur société et leur époque. Or, la photographie rend cette réalité plus fidèlement, quel est le nouveau rôle de la peinture? De la photographie: c’est la lumière qui nous rend l’image. La couleur aussi est un effet de lumière (Newton, le spectre visible). De Manet: l’autonomie de la peinture, une toile est une surface plane couverte de taches de couleurs, qui a ses lois propres; Des estampes japonaises: si Manet s’inspire des aplats de couleur, les impressionnistes retiennent les séries des « images d’un monde en mouvement/changeant ». De l’école de Barbizon et des paysagistes anglais
Ainsi, les impressionnistes vont s’intéresser à la lumière, qui rend possible notre vision et fait des « photographies » . Or cette lumière est changeante et change le motif… 1865, Le Déjeuner sur l’herbe 1875, Camille Monet et son fils Jean (Femme au Parasol)
Ce changement de motif est plus remarquable dehors: les peintres impressionnistes Sortent en plein air, où ils peignent « sur le vif », « sur le motif », ce qui est rendu possible par une autre découverte technique, celle de la peinture à l’huile en tubes… Monet, 1867, Femme au Jardin Monet, 1873, Les coquelicots
Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant En peignant en plein air, « sur le vif », les peintres impressionnistes peignent d’un trait rapide, apparent, les couleurs pures se mélangeant optiquement sur la toile, les toiles ont un aspect d’esquisse… Ils ne prétendent pas d’ailleurs rendre la réalité du paysage, mais leur impression… Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant
C’est ainsi que le nom de cette toile que Monet peint à Havres en 1873, « Impression: Soleil levant », va donner le nom au groupe. L’aspect inachevé de la toile a choqué le public parisien. Un critique, qui voit cette toile de Monet à l’exposition du groupe en 1874, va en relever le titre par dérision (« en effet, je suis impressionné !»), pour appeler ces artistes « Impressionnistes ».
Les thèmes que les impressionnistes préfèrent sont les paysages avec les grandes surfaces d’eau, le ciel, les rues humides où le ciel se reflète, bref les motifs où les effets du changement de lumière sont les plus apparents. Monet, Impression: soleil levant, 1873 1875, Camille Monet et son fils Jean (Femme au Parasol)
Pour capter ces effets de changement de lumière, les impressionnistes font des séries de peintures d’un même motif par heure, temps, saison différente, comme ici Monet, peignant La cathédrale de Rouen. 1893, La cathédrale de Rouen, lumière du matin 1894, La cathédrale de Rouen, plein soleil 1894, La cathédrale de Rouen, temps gris
…ou le Parlement de Londres, le ciel se reflètant dans la Tamise… Monet, 1903-1905, Houses of Parliament, London
…ou les nénuphars, dans le jardin qu’il aménage à Giverny Monet, 1900-1923, Les nénuphars
Monet, Boulevard des Capucines, 1873 Les impressionnistes ne peignent pas seulement les paysages, mais s’inspirent aussi des scènes urbaines, modernes, mondaines d’un Paris renouvelé… Dans la série des grands boulevards de Monet, apparaissent les grands boulevards changeant en différentes saisons, humides, sous la neige ou ensoleillées… Monet, Boulevard des Capucines, 1873
Ils partagent l’enthousiasme pour les progrès techniques de leur époque. Le thème de Monet montre cette fascination, alors que sa technique fait penser au peintre romantique Turner et sa « vapeur colorée »… , la brume, le ciel qui sont « la note clé » des paysages. Turner: Rain, Steam and Speed, 1842 Monet, 1877, Gare St.-Lazare
L’Impressionnisme: dégager l’essentiel Alors, les impressionnistes vont peindre en plein air, d’un trait rapide et visible, avec les couleurs sorties « du tube », se mélangeant optiquement sur la toile, les paysages où les jeux de lumière sont les plus remarquables: les grandes surfaces d’eau où le ciel se reflète, ou bien les rues humides… Ils vont aussi peindre des scènes modernes, mondaines d’un Paris renouvelé… Ils vont peindre le même motif en série, observant le changement de l’apparence des objets et paysages avec la lumière qui change; (la théorie de Newton, et les couleurs du spectre visible, sont dorénavant connus du grand public)
L’Impressionnisme, les héritages… Du romantisme la primauté de la couleur, car c’est par la couleur que les émotions passent, que le peintre s’exprime (Delacroix, Turner). Du réalisme Courbet une stricte observation de ce qu’ils voient, l’intérêt pour les motifs de leur société et leur époque. Or, la photographie rend cette réalité plus fidèlement, quel est le nouveau rôle de la peinture? De la photographie: c’est la lumière qui nous rend l’image. La couleur est aussi un effet de lumière (Newton, le spectre visible). De Manet: l’autonomie de la peinture, une toile est une surface plane couverte de taches de couleurs, soumise à ses lois propres; Des estampes japonaises: si Manet s’inspire des aplats de couleur, les impressionnistes retiennent les séries des « images d’un monde en mouvement/changeant ». De l’école de Barbizon et des paysagistes anglais: