Du 23 février 1917 et du 25-26 octobre 1917 Les Révolutions Russe Du 23 février 1917 et du 25-26 octobre 1917
La révolution du 23 février: 8 mars dans le calendrier ocidental Les tensions qui animent la Russie aux XXéme siècle sont politiques : malgré l'adoption d'une Constitution après la révolution de 1905, le tsar Nicolas II gouverne en autocrate ( = chef politique tyrannique). L'assemblée, la Douma, n'a pas de pouvoir, la censure est à son apogée, le tsar semble trop influencé par Raspoutine, l'un de ses conseillers et l'impératrice d'origine allemande gouverne à sa place l'armée (les russes la détestent et la soupçonnent d être une espionne). De plus, la Russie est rentrée en guerre le 30 juillet 1914 pour soutenir la Serbie slave. Très rapidement, son économie est désorganisée : l'industrie manque de bras, comme l'agriculture (qui, de surcroît, est privée de ses chevaux). Les usines ne peuvent plus fonctionner, les paysans ne livrent plus leurs récoltes. La famine touche bientôt les villes, les soldats eux- mêmes sont affamés et mal équipés. À cela s'ajoutent les défaites militaires et le nombre élevé de morts : plus de 2,5 millions. Dès 1916, des grèves et des manifestations éclatent dans tout le pays.
-Le 23 février 1917(8 mars, dans le calendrier occidental) à l’occasion de leur « Journée internationale », les femmes ouvrières et ménagères rejointes par les étudiants défilent paisiblement à Petrograd (Saint Pétersbourg), la capitale russe de l’époque. Elles réclament du pain et le retour de leurs maris (ou de leurs pères) partis au front, la paix et la chute du tsar II avec la République. Les difficultés d’approvisionnement liées au froid poussent un grand nombre d’ouvriers des usines à faire grève et à se joindre au défilé. De plus ceux qui devaient maintenir le calme se rangent derrière les manifestants en proclamant « l’union du peuple et de l'armée » et «Vive la république ». Cette manifestation pacifique marque le début de la fin du règne du tsar Nicolas II. Dans la capitale russe, les manifestations se succèdent et s’amplifient pour aboutir en 5 jours à la chute de l’empire Russe. A partir de cette révolution dont les femmes ont été les éléments déclencheurs, la tradition de la Journée des femmes se met en place -Le dimanche 11 mars, l'armée fait face à 200.000 manifestants. Les officiers obligent alors les soldats à tirer, il y aura 40 morts. Mais le lendemain, soldats et ouvriers fraternisent. Ils créent le Soviet (ou conseil) des ouvriers et soldats de Petrograd (→ responsable de la 2émé révolution russe). -Le tsar II abdique le 15 mars 1917 mettant fin au règne des Romanov. Il cherche alors un autre successeur puisque son fils ne peut régner et finit par être obliger de s'exiler, il demanda d'abord à son cousin, le roi d’Angleterre George V,de l'héberger mais celui-ci refusera par peur des représailles et d'une contagion révolutionnaire qui pourrait hanter le gouvernement britannique si le tsar II s'y installe avec sa famille. Un gouvernement provisoire, formé de bourgeois et de nobles, sous la présidence du prince Lvov et où s’impose le ministre de la justice : le socialiste Alexandre Kerenski , prend alors le pouvoir, poursuivant la guerre et instaurant des élections pour la création d'une Assemblée Constituante. Le siège de ce gouvernement provisoire s’installe au palais d'Hiver à Pétrograd. Mais il se heurte au soviet révolutionnaire (le « conseil » des représentants) qui exige le retour à la paix ( -> les bolcheviks, partisans de Lénine s’empare du pouvoir, par un coup d’état, le 6 novembre 1917 = 2éme révolution Russe.)
La révolution du 25-26 octobre 1917: 6-7 novembre dans le calendrier occidental 1) Ce qui a permit la prise du pouvoir par les bolcheviks: Le nouveau régime est accueilli avec chaleur par les alliés anglais et français, qui peuvent ainsi plus clairement afficher l'union des démocraties contre les Empires centraux (Allemagne, Autriche) et la Turquie. Mais la guerre ne permet pas d'organiser de nouvelles élections ni d'élire une assemblée . En attendant des jours meilleurs, le gouvernement provisoire doit composer avec le Soviet de Petrograd, assemblée auto-proclamée et foyer d'agitation car elle est composée par des mouvements révolutionnaires de tout partie : socialistes- révolutionnaires, mencheviks (partie dirigée par Martov), bolcheviks... Le Soviet réclame d'emblée une paix immédiate et sans annexions ainsi que la distribution des terres aux paysans. Des slogans sont bien accueillis dans les armées et dans les campagnes. Le même jour, le gouvernement allemand prête son soutient à Lénine, alors en exil en Suisse. Le 16 avril 1917, les révolutionnaires de Petrograd accueillent avec chaleur à la gare de Finlande le bolchevik Lénine et son rival, Mortov, de retour d'exil. Lénine a conscience de la faiblesse numérique de son parti, à peine 24.000 adhérents. En cas d'élection démocratique, il n'a aucune chance de victoire face aux socialistes-révolutionnaires et aux mencheviks
Le lendemain de son retour, Lénine dénonce le gouvernement provisoire mais aussi les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires du Soviet, les accusant d'être complice de la bourgeoisie impérialiste étrangère. Il se présente comme le seul chef crédible de la révolution. Lénine va séduire très vite une bonne partie des masses du pays en reprenant les slogans du Soviet de Petrograd : «Tout le pouvoir aux Soviets ! Paix immédiate ! La terre aux paysans !». Les 16 et 17 juillet, des manifestations violentes d'ouvriers et de soldats commandés par Lénine réclament : «Tout le pouvoir aux Soviets ! » Mais au dernier moment, le chef bolchevik se ravise et renonce à l'insurrection. Le gouvernement lance des mandats d'arrêt contre les meneurs des manifestations. Abandonnant ses partisans, Lénine s'enfuit sous un déguisement en Finlande et laisse à son adjoint Trotski le soin de préparer une insurrection Suite à la réclamation des pleins pouvoirs de Korniol, qui est refusé, le parti de Lénine voit du coup sa popularité grimper en flèche. Le 13 septembre 1917, le Soviet de Petrograd se rallie à lui et le lendemain, Kerenski proclame la République.
2) La prise du pouvoir -Dans la nuit du 25 au 26 octobre 1917 (6 au 7novembre dans le calendrier occidental), les bolcheviks sans soutient populaire, prennent le pouvoir par la force en s'emparant des principaux centres de décision de la capitale russe, Petrograd (anciennement Saint-Pétersbourg).
3) Les valeurs véhiculées: mots d'ordre: – «paix immédiate» (la Russie est encore en guerre aux côtés des démocraties occidentales contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie), mais Lénine déclenchera une guerre civile qui fera plus de 10 millions de morts, plus que la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole réunis. – «la terre aux paysans» et le pain, mais Lénine provoquera les réquisitions, l'enrôlement forcé dans l'armée rouge et la famine de 1921-22 (5 millions de victimes). – «tout le pouvoir aux soviets» (les soviets désignent en russe des conseils ou des assemblées de terrain où se prennent les décisions; ils représentent pour les démocrates sincères l'aboutissement de la démocratie représentative). afin de détruire par la violence le gouvernement Kerenski et l'Assemblée constituante, tous deux légitimes. Mais ensuite, les soviets seront soumis par la ruse, puis par la force et le sang (apothéose: mars 1921, Lénine devenu le Versaillais fait assassiner Kronstadt par l'armée dite des ouvriers et des paysans dont le chef est Trotski, Lev Davidovitch Bronstein ). Au même moment, le Xe congrès du parti bolchevik consacre le fait que “tout le pouvoir aux soviets” est devenu “tout le pouvoir à Lénine”. Le centralisme-démocratique transforme le parti en une armée, comme Troski voulait faire avec la militarisation de la production.