La Gaspésie de mes années d’enfance
Il est un pays à l’extrémité maritime du Québec que je chéris particulièrement parce que mon cœur d’enfant y est resté accroché quelque part, entre falaise et mer, pris dans les mailles d’un filet de pêche au hareng ou emporté sur les ailes immenses d’un fou de bassan.
C’est ici, dans cette immense baie donnant sur l’Atlantique que le malouin Jacques Cartier, arrivant directement de Saint-Malo, a mouillé sa caravelle en 1534 et c’est sur un promontoire voisin, à Gaspé, qu’il a planté une croix aux armes du roi de France.
Et ce jour-là de juin 1534, depuis les Caps Noirs et la Cascapédia, en passant par la crête des Appalaches jusqu’aux nombreuses baies de cette côte longue de 500 kilomètres, ce pays des fous de bassan est devenu le berceau de la Nouvelle-France.
Ce pays je l’aime doublement, d’abord parce qu’il est le berceau de la patrie canadienne française, mais aussi parce qu’il est celui où j’ai vécu les émouvantes et insouciantes années de mon enfance... C’est mon pays, mes amours que le poète Yves Duteil lui- même a chanté dans les strophes de la langue de chez nous.
C’est un pays de mer, de montagnes, de vallées profondes et de vastes forêts boréales aux essences parfumées. La grande mouette blanche de l’Atlantique s’y trouve bien à l’aise tout autant que le loup, le coyote et l’ours brun. C’est le pays débonnaire possédant à la fois les richesses de la mer et celles du sol.
Des caps et des promontoires s’échelonnent le long des falaises crayeuses, s’avançant en surplomb sur la mer aux allures et aux couleurs changeantes; Cap des Rosiers, Cap aux Os, Cap Chat, Cap à la Frégate, Cap d’Espoir Cap Blanc; ils sont les sentinelles du large et leurs phares veillent sur les navires en approche et en partance.
Mes années d’enfance gardent de ces lieux des souvenirs impérissables. Ma tête est encore remplie des parfums des landes et mes pieds semblent encore fouler les rivages humides jonchés de varech et de goémon.
Qui n’a pas gravi le mont Saint- Joseph de Carleton pour admirer l’immensité de la baie et le bleu profond du ciel ne saura jamais combien ce pays des fous de bassan est vaste...
Mes souvenirs d’enfance sont encore baignés de ces longues randonnées à l’intérieur des terres, avec mon père, à la découverte des rivières poissonneuses et des torrents déchaînés. Les saumons argentés de l’Atlantique venaient frayer dans les eaux froides et limpides de la Cascapédia ou de la Bonaventure. Combien de fois me suis-je aventuré au milieu des poissons!
Je ne pourrai jamais oublier l’imposante silhouette granitique du Rocher Percé, planté en rade comme un navire de garde, dans les eaux côtières, et que Jacques Cartier avait déjà noté dans son livre de bord.
Jamais pays ne donna de noms aussi poétiques à ses villages et à ses hameaux; Manche d’Épée, Petit Pabos, Les Tourelles, Cap des Rosiers, Pointe-à- la-Garde, Pointe à la Frégate... On dirait une chanson d’un ménestrel échappé de la Renaissance.
Au revoir pays des fous de bassan; au revoir ma gaspésie, mes amours...
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