1 Conciliation travail-famille en temps de crise : Catherine des Rivières-Pigeon Daphnée Poirier Le 10 novembre 2009 Résultats préliminaires de l’étude sur la CTF auprès d’employées de restaurants et de marchés d’alimentation

2 Objectif de la présentation Présenter les « faits saillants » de cette recherche en cours :  Le contexte de crise économique  Les objectifs de l’étude et la méthode  Résultats préliminaires Réflexions pour la suite…

3 Quelques réflexions sur la crise et la CTF Comme toujours, une diminution générale de l’activité économique mais :  Contexte où l’emploi féminin est plus élevé  Augmentation des emplois à salaire minimum (60% féminin)  Femmes plus nombreuses dans les emplois atypiques moins bien protégés

4 La CTF : que savons-nous ? Plusieurs recherches documentent la CTF, mais :  Une vision quantitative et souvent morcelée par disciplines  Peu de données sur la situation d’employé-e-s à faible revenu

5 Particularités de la recherche  Une recherche multidisciplinaire faite en partenariat  Une analyse qualitative (volet sociologique)  Intérêt pour l’ensemble des personnes vivant des difficultés de CTF  Recherche portant sur des secteurs peu étudiés : restauration et supermarchés

6 Méthode privilégiée Volet sociologique:  Population visée : toute personne vivant des difficultés liées à la conciliation  Recrutement : délégué-e-s, affichettes et « boule de neige »  Entrevues semi-dirigées

7 Méthode privilégiée Échantillon (25 personnes) :  14 travailleuses et 2 travailleurs en marché d’alimentation  9 serveuses d’une chaîne de restaurant Tous des parents, âgés entre ans 18 répondantes ont des enfants de moins de 10a 9 des femmes sont monoparentales

8 Résultats préliminaires 1.Les difficultés de conciliation 2.Les stratégies utilisées 3.Les solutions … souhaitées

9 Difficultés de conciliation : La sphère travail Les horaires : variables et obtenus tardivement Tous les répondant(e)s affirment obtenir leur horaire hebdomadaire le vendredi pour le dimanche suivant Toutes les semaines, tout est changé. J’ai jamais le même horaire. J’ai au moins minimum un soir semaine. Des fois, ça va arriver que j’ai deux soirs, mais d’habitude, j’ai un soir. Mais supposons que j’ai un soir, [les autres jours je travaille] jusqu’à six heures. Mais ça, ça me cause un autre problème parce que le service de garde à l’école fini à six heures (Répondante 7)

10 La sphère travail  Un sentiment d’incompréhension de la part de collègues et supérieurs  Une répartition des horaires perçue comme arbitraire Moi, si je vais voir mon gérant puis je lui donne de la marde, il va scraper mon horaire encore plus. Ça va pas être deux soirs jusqu’à six heures et demi, ça va être trois soirs jusqu’à six heures et demi, puis il va justifier ça avec n’importe quelle explication. Ça fait que la job d’alimentation, c’est ça ; si on t’aime pas la face, check tes fesses puis regarde ton horaire (Répondante 14)

11 La sphère travail Difficultés à accéder à un « temps plein » La plupart des travailleuses affirment travailler près de 40 h/s mais leurs horaires sont coupés pour, selon elles, qu’elles n’accèdent pas aux avantages sociaux. Moi, je fais le 40 heures comme un temps plein, mais j’ai aucun avantage du temps plein. Puis une semaine sur dix, je pense… là, il faut que je fasse 35 heures, sinon, après dix semaines, ils sont obligés de me donner un temps plein, puis comme ils ne veulent pas en donner… Je le sais d’avance que vers la dixième semaine, huit, dix semaines, je vais faire une semaine de 35 heures (Répondante 5)

12 Difficultés de conciliation : La sphère famille Une répartition des tâches très traditionnelle au sein du couple … passer la balayeuse, les corvées ménagères, pas vraiment. Oui, l’été, c’est lui qui passe la tondeuse et tout ça, mais… sinon, dans la maison, [il ne fait] pas grand-chose (Répondante 5). Une vie familiale rigidifiée par les horaires des enfants scolarisés et non- scolarisés

13 2. Les stratégies Des pratiques individuelles et informelles  Dans la sphère familiale : relèvent des femmes, rarement négociées au sein du couple Par exemple : mobiliser un réseau de petites gardiennes À quarante huit heures d’avis, il faut que tu t’organises. Le vendredi, à cinq heures, quand j’ai mon horaire, j’appelle mes gardiennes. « Êtes vous libre ? » Puis là, quand quelqu’un me dit « Je suis pas libre », puis que l’autre, elle me dit non, ouf, là, je suis dans la schnoutte. (répondante 14)

14 Les stratégies  Dans la sphère travail : jongler avec les horaires et les congés Recours aux congés hebdomadaires pour rendez-vous fixes, congés de maladie pour les imprévus familiaux Ben, c'est sûr qu’il faut qu’on remplisse, premièrement, la demande de congé, c’est deux semaines à l’avance, que ce soit signé. Ça, c’est s’il acceptent le congé. (Répondante 7) Quand une situation comme ça arrive, c’est déjà arrivé, ben je suis obligée d’appeler malade à la job. J’ai pas le choix, j’ai pas personne (répondante 14).

15 3. Les solutions souhaitées Relèvent de la sphère du travail et des règles formelles:  Aspiration à des horaires plus réguliers, connus, et à deux jours de congés consécutifs J’en ai toujours long à dire là-dessus ! C’est ça qui est plate. J’aimerais ça que ça change, qu’on soit capable d’avoir un horaire fixe, même si c’est une épicerie. Je me souviens, mon ex-conjoint, sa tante, elle travaillait dans une épicerie, puis elle faisait du lundi au vendredi, le même horaire, tous les jours, tous les jours. Elle avait toute sa fin de semaine. Je la trouvais chanceuse (Répondante 7)

16 Solutions souhaitées  Que les horaires tiennent compte des disponibilités (ex. étudiants les soirs et week-ends)  Avoir un statut de travail qui permette l’accès aux avantages sociaux Ben, je sais pas… elle peut mettre quelqu’un au service à la clientèle, quelqu’un aux caisses libre service : ça ferait déjà des postes qu’elle pourrait mettre du lundi au vendredi. Les étudiants, bien souvent, ils demandent plus d’heures ; elle pourrait mettre des étudiants la fin de semaine (Répondante 7).

17 En conclusion Importance de mieux comprendre :  La résistance des milieux de travail face aux conditions qui faciliteraient la CTF  La résistance des travailleuses face aux stratégies collectives pour faciliter la CTF  Les structures qui rendent difficiles la remise en question d’une répartition traditionnelle des tâches au sein des couples