Pastiche du lac de Lamartine Auteur anonyme Pastiche du lac de Lamartine Elle vire Donneur de voix : René Depasse Par Nanou et Stan
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux virages, Roulant au moins à cent pour ne pas déraper, Si j'ai douté de toi, pardonne, ô ma Delage, Bien souvent, j'ai freiné.
Ô belle torpédo ! Je t'aime et je t'admire, Quand je vois le décor soudain se rapprocher, Je te serre en mes bras et je murmure : « Elle vire. » Me voilà rassuré.
Et cependant, parfois, avec effroi je pense, Que si la direction tout à coup faisait « crac », Nous confiant à Dieu et à sa providence, Nous serions dans le lac.
Un soir, t'en souvient-il ? Nous roulions en silence ; On n'entendait tout bas, tant ils sont merveilleux, Que le bruit des pistons qui frappaient en cadence Tes flancs harmonieux.
Tout à coup des sursauts qui viennent de la terre Transmirent au volant de surprenants cahots, Et l'âme qui s'exhale d'un des pneus arrière Laissa tomber ces mots :
« Auto ! Suspends ton vol ; et vous, forces motrices ! Suspendez votre cours; Laissez-moi respirer pendant que l'on dévisse Une roue de secours.
Puissions-nous demeurer quelques instants encore : On apporte le cric. Mais l'air est transpercé d'un sifflement sonore : C'est la valve qui fuit.
Regonflons, regonflons, car l'heure est fugitive ! Hâtons-nous, dépêchons. L'homme n'est plus normal jusqu'à ce qu'il arrive : Il roule et nous crevons. »
Temps jaloux, il faut donc que je te pulvérise. De ce tournoi dépend, tu le sais, mon bonheur. Tu fuis! Mais tu oublies les fameuses reprises De mon carburateur.
Bielles et pistons, moteur à plein régime, Que faites-vous des gaz que vous engloutissez ? Parlez ! Comprenez-vous la honte qui m'opprime ? La moyenne est tombée.
Ô lac! Rochers muets ! Grottes ! Forêts obscures ! Seul mon rétroviseur a pu vous contempler, Car il nous a fallu encore forcer l'allure Pour l'heure du dîner.
Que le léger zéphyr qui frémit et qui passe, Que le bruit du klaxon mille fois répété, Que l'astre de la nuit reflétant dans la glace Sa blafarde clarté,
Que l'agent qui rugit, le piéton qui soupire, Que les contraventions et les chiens écrasés, Que les noirs tourbillons de fumée qu'on respire, Tous disent : « Ils ont gazé. »
Le Lac de Lamartine parut en 1820 Le Lac de Lamartine parut en 1820. Les automobiles Delage et les torpédos datent des années 1920, époque où ont dû être composées ces 13 strophes de Elle vire parodiant les 16 strophes du poète. Le pasticheur inconnu mérite des applaudissements. Nanou et Stan le 15/04/2017 http://www.nanouetstan226.fr