Glycine Edmond Rostand Par Nanou et Stan
A mon balcon cette glycine Tord ses bras fleuris dans le soir
Avec le tendre désespoir D’une princesse de Racine,
Elle en a la fière langueur Et la mortelle nonchalance,
Et lorsque le souffle la balance Et que le jour traîne en longueur,
Et tarde à partir, et recule Le déchirement tant qu’il peut
Elle exhale une âme d’adieu Bérénice du crépuscule
Le livre glisse de mes mains Le petit drame se termine
« Cruel ! » dit au jour la glycine Les cieux blessés ont des carmins
Par la haute porte fenêtre, Mystérieusement alors,
Une des branches du dehors Comme un geste vivant pénètre,
Du frémissant encadrement Ce bras jeune et souple s’échappe;
Et je sens sur mon front la grappe Qu’il laisse pendre tendrement,
Tout s’embaume, et je remercie Et, pour lui dire mon amour,
Je donne à la fleur tour à tour Le nom d’Esther et d’Aricie
Et je compare les yeux sur Mon livre tombé sans secousse
L’odeur plus forte d’être douce Au vers plus ardent d’être pur
Un divin poison m’assassine Et je doute en le chérissant
il descen Si de ma glycine il descend Ou s’il monte de mon Racine !
Edmond Eugène Joseph Alexis Rostand, né à Marseille le 1er avril 1868 et mort à Paris, 7e, le 2 décembre 1918 (à 50 ans), est un écrivain, dramaturge, poète, et essayiste français. Edmond Rostand est l'auteur d'une des pièces les plus connues du théâtre français, Cyrano de Bergerac. Il est, par ailleurs, le père de l'écrivain, biologiste et académicien français Jean Rostand. Biographie Edmond Rostand naît le 1er avril 1868 dans une famille aisée de Marseille. Il est le fils de l'économiste Eugène Rostand, et l'arrière-petit-fils d'Alexis-Joseph Rostand (1769-1854), un maire de Marseille. En 1880, son père mène toute sa famille, Edmond, sa mère et ses deux cousines, dans la station thermale en vogue de Bagnères-de-Luchon. Hébergés d'abord dans le « chalet Spont », puis dans la « villa Devalz », ils font ensuite édifier la « villa Julia », à proximité du casino. Edmond Rostand passe plus de vingt-deux étés à Luchon, qui lui inspire ses premières œuvres. Il y écrit notamment une pièce de théâtre en 1888, Le Gant rouge, et surtout un volume de poésie en 1890, Les Musardises. C'est dans cette station thermale et touristique qu'Edmond Rostand se lie d'amitié avec un homme de lettres luchonais, Henry de Gorsse avec lequel il partagea le goût pour la littérature. Il poursuit ses études de droit à Paris, où il s'était inscrit au barreau sans y exercer et, après avoir un temps pensé à la diplomatie, il décide de se consacrer à la poésie. En 1888, avec son ami Maurice Froyez, journaliste parisien, ils se rendent au champ de course de Moustajon et ils y décorent leur équipage d'une abondance de fleurs des champs. Ils font sensation devant un établissement à la mode, le café Arnative, et improvisent en terrasse une joyeuse bataille de fleurs avec leurs amis. C'est ainsi que naquit le premier « Corso fleuri », ayant traditionnellement lieu le dernier dimanche d'août à Luchon, et où le gagnant se voyait remettre une bannière. Le 1er avril 1888, il fonde avec son ami Maurice Froyez le « Club des natifs du premier avril », dont les statuts stipulent que ses membres jouiront à vie du privilège d'entrer gratuitement dans tous les établissements publics, opéras, théâtres, champs de course et maisons closes, de pouvoir rire aux enterrements afin de les rendre moins sinistres, de bénéficier à leur naissance du parrainage du chef de l'État et, en outre, de se voir attribuer un appartement de fonction dans un des Palais nationaux, résidence pourvue de tout le confort souhaitable et d'une domesticité jeune, accorte et complaisante. ……/…..
Dans le train pour Montréjeau, son père fait la rencontre de Madame Lee et de sa fille Rosemonde Gérard, et les invite à prendre le thé à la villa Julia. Le 8 avril 1890, Edmond épouse Rosemonde, poétesse elle aussi, dont Leconte de Lisle était le parrain, et Alexandre Dumas le tuteur. Rosemonde et Edmond Rostand auront deux fils, Maurice, né en 1891, et Jean, né en 1894. Edmond quitte Rosemonde en 1915 pour son dernier amour, l'actrice Mary Marquet. Edmond Rostand obtient son premier succès en 1894 avec Les Romanesques, pièce en vers présentée à la Comédie-Française, mais c'est surtout Cyrano de Bergerac, qui triomphe dès la première en 1897, que la postérité retiendra. En 1900, il connaît un nouveau succès avec L'Aiglon. Tombé malade après la première représentation de cette pièce, il part quelques mois après en convalescence à Cambo-les-Bains. Séduit par le lieu, il y acquiert des terrains sur lesquels il fait édifier sa résidence, la villa Arnaga. Dans les années 1910, il collabore à La Bonne Chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel. Pendant plusieurs années, il travaille irrégulièrement à la pièce Chantecler, dont la première a lieu le 7 février 1910. Après son relatif insuccès critique, Rostand ne fait plus jouer de nouvelles pièces. À partir de 1914, il s'implique fortement dans le soutien aux soldats français. Il meurt à Paris, le 2 décembre 1918, de la grippe espagnole, peut-être contractée pendant les répétitions d'une reprise de L'Aiglon. Il repose au cimetière Saint-Pierre de Marseille, sa ville natale. Nanou et Stan le 15/04/2017