T O N R I E Poème de Pablo Neruda
Ôte-moi le pain, si tu veux. Ne me prive pas de ton rire ! Ôte-moi l’air, mais Ne me prive pas de ton rire !
Ne me prive pas de la rose, La lance qu’il égrène,
Du ruisseau qui tout à coup Cascade dans ta joie, De la soudaine vague d’argent Que tu fais naître.
Et je reviens avec les yeux fatigués, parfois, Ma lutte est dure, Et je reviens avec les yeux fatigués, parfois, D’avoir vu la terre qui ne change pas.
Mais quand je rentre, ton rire monte au ciel, Il me cherche, Et il ouvre pour moi toutes les portes de la vie.
À l’heure la plus obscure égrène ton rire ! Amour mien, À l’heure la plus obscure égrène ton rire !
Et, si tu vois soudain que mon sang Tache les pavés de la rue, Ris, parce que ton rire sera pour mes mains Comme une froide épée.
Près de la mer, en automne, Ton rire doit lancer sa cascade d’écume,
J’aime ton rire comme la fleur que j’espérais, La fleur bleue, Et au printemps, amour, J’aime ton rire comme la fleur que j’espérais, La fleur bleue, La rose de ma patrie sonore.
Ris de la nuit, du jour, de la lune, Ris des rues tortueuses de l’île,
Ris de ce garçon maladroit qui t’aime tant,
Mais, que j’ouvre les yeux ou que je les ferme, Quand mes pas s’en vont, Quand mes pas reviennent,
Refuse-moi le pain, l’air, la lumière, Le printemps, Mais jamais ton rire, car j’en mourrai ! Pablo Neruda
Texte : Pablo Neruda qui m’a été offert pour vous par Gloria. Photos : la jeune fille : photo de Pierrette Beaulieu (sa petite-fille) Les autres photos sont prises sur le Net. Musique : Violin-Peru : Criollo contamina Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site :http://www.jackydubearn.fr/