Histoire de la Russie : des origines à la révolution

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Transcription de la présentation:

Histoire de la Russie : des origines à la révolution Cinquième cours : Le règne de Pierre le Grand (1689-1725) et les révolutions de palais (1725-1762)

2.2 – La crise de succession, la régence et l’enfance de Pierre Le 30 mai 1672, la seconde épouse d’Alexis donne naissance à Pierre. Il vient tardivement dans l’ordre de succession : ses frères Fiodor et Ivan, (ainsi que ses nombreuses sœurs) le précèdent. C’est le début du « facteur féminin » dans l’histoire russe : moderniste, Alexis voudra donner à ses filles une bonne éducation. L’une d’entre-elles, Sophie, s’imposera.

La régente Sophie et son favori, Golytsine

À la mort de Fiodor, le choix se porte sur Pierre, Ivan étant maladif À la mort de Fiodor, le choix se porte sur Pierre, Ivan étant maladif. Il est couronné le 27 avril 1682. Mais Sophie ne l’entend pas ainsi : elle parvient à imposer un compromis, un duumvirat, avec elle comme régente jusqu’à la majorité de ses frères. Elle dirigera le pays entre 1682-1689, avec son favori, le prince Golytsine. Période intéressante : les idées des régents pavent la voie au règne de Pierre. Pendant ce temps, éloigné des centres de pouvoir, Pierre fait son éducation en autodidacte.

Il s’intéresse plus aux techniques qu’aux sciences théoriques. Il créé ses « régiments pour rire », embryon de sa future armée, découvre la navigation et fréquente les étrangers. En 1689, Pierre devient majeur en se mariant. Sophie tente de s’opposer et elle fomente un coup d’État avec l’aide des streltsy. C’est un échec : Sophie est cloîtrée dans un monastère ; le règne de Pierre commence (même si il partagera théoriquement son pouvoir avec Ivan jusqu’à la mort de celui-ci en 1696)

Plan de cours 1 – Les premières années 2 – Les réformes 3 – Politique étrangère 4 – Bilan et interprétations du règne 5 – Les révolutions de palais

Pierre le Grand (1689-1725)

1 – Les premières années (1696-1700): 1.1 – La prise d’Azov Pierre rêve d’un accès à la mer. Le nord étant pour le moment fermé, il se tourne alors vers le sud, vers Azov. Une première campagne (1695) échoue, malgré l’ampleur des moyens pris par le Tsar. Azov ayant été constamment ravitaillée par mer, Pierre décide, avant de repartir en campagne, de se doter d’une flotte.

- Il ordonne la construction d’un chantier naval à Voronej, et donne à ce dernier un an pour construire une petite flotte. - En 1696, il repart en campagne contre Azov. Cette fois il n’est pas simple soldat, mais simple matelot. - La ville se trouvant cette fois encerclée par terre (75 000 hommes) et par mer, elle ne peut résister et se rend le 19 juillet. - La ville est prise, mais le problème de la circulation maritime dans la mer Noire n’est pas réglé pour autant. Pierre se mettra donc en quête d’alliés pour sa campagne anti-turque.

1.2 – La Grande ambassade Cette quête d’alliés est l’une des deux raisons qui poussent Pierre à quitter le pays. L’autre étant sa soif de connaissance. Pour la première fois de son histoire, la Russie voit son dirigeant suprême quitter le territoire pour une longue période (deux ans). Jusqu’en 1698, le tsar voyagera en Europe de l’ouest « incognito », où il apprendra entre autres choses la construction navale. Il ne trouvera pas d’alliés contre la Turquie mais en revanche, il joindra la coalition anti-suédoise.

2 – Les réformes 2.1 – Les réformes militaires Résolu à moderniser son pays, Pierre se met à la tâche dès son retour de sa Grande Ambassade. Premier élément à réformer, qui sera aussi en dernière instance la raison des réformes dans les autres domaines : l’armée. Cela devient particulièrement évident après les premiers revers dans la Guerre du Nord.

Les troupes traditionnelles (streltsy) sont alors démantelées, remplacées par des corps spécialisés, conformément à la pratique européenne (infanterie, cavalerie, etc.) Reconstruction du corps des officiers et création d’un état-major. Établissement d’un système de conscription par feux. Création d’une puissante flotte : 25 navires de ligne, 19 frégates et près de 300 autres navires. Dès 1705, cette nouvelle armée montrera son efficacité sur le champ de bataille.

2.2 – Politique économique : Pierre va doter son pays d’un secteur industriel important, surtout orienté vers le domaine militaire, bien sûr. Des centre industriels recouvrent peu à peu l’ensemble du territoire. Le capital privé peut prendre part à ce développement, mais c’est l’État qui en est le maître d’œuvre. En 1721, une loi permet officiellement l’utilisation de la main d’œuvre serve dans ces industries.

L’Industrie sous Pierre le grand

Les capacités d’exportations se développent, surtout en ce qui concerne l’agriculture. La Russie s’insère donc peu à peu dans les réseaux économiques européens. En 1726, la balance commerciale du pays est excédentaire de 2 millions de roubles. En même temps, le statut douanier établi en 1724 protège les producteurs russes. Le secteur agricole est aussi bien sûr réformé, afin d’accroître sa productivité. Mais cela dépasse le strict cadre économique.

2.3 – Réformes politiques : - La noblesse traditionnelle est sous Pierre déclassée par la nouvelle noblesse. Le centralisme d’avant les troubles renaît et on revient complètement à un système de gouverneurs plénipotentiaires nommés par le centre. La division territoriale du pays est revue, pour donner plus de prise au centre, d’abord en 1708, puis en 1719-1720.

La tête de la structure de l’État est aussi corrigée et adaptée à l’européenne, avec la création d’un corps de fonctionnaires professionnels. Certaines choses ne changent pas : le tsar, puis l’empereur, demeure la clé de voûte du système. Le but des réformes n’est pas de démocratiser, mais bien d’améliorer le fonctionnement du pouvoir. La Douma des boyards disparaît définitivement , remplacée par un sénat dont les membres sont nommés par l’empereur. Entre 1717 et 1721, le système des prikazes est remplacé par un système de collèges, inspiré des méthodes occidentales

2.4 – Réformes religieuses : Le but est ici d’éliminer le dernier des contre-pouvoirs potentiels, l’Église. À la mort du patriarche Adrien, Pierre décide de ne pas nommer de successeur. En 1721, cette institution sera remplacée par un Saint-Synode, élaboré sur le modèle des Collèges. Les affaires religieuses deviennent ainsi subordonnées à l’État, et Dieu à l’empereur… Parallèlement, l’État s’emploie à récupérer par diverses mesures les richesses de l’Église.

2.5 – Évolution sociale : - On assiste comme d’habitude à une détérioration de la condition paysanne. Les autorités centrales renforcent le pouvoir des nobles sur leurs serfs. Le système s’étend de plus en plus, et touche désormais les zones sibériennes les plus éloignées. Mise en place d’un système d’imposition par tête, plutôt que par feu. En plus de la capitation, les paysans sont soumis à une multitude d’impôts et de redevances. Introduction du passeport intérieur.

Pierre consolide le pouvoir des nobles sur leurs serfs, mais en revanche, il consolide aussi celui de l’État sur ses nobles : tous sont esclaves de l’État. Déclassement définitif des vieilles familles nobles, les boyards, au profit de la nouvelle noblesse, les dvorianines. Fusion des deux formes de propriétés, au profit de la forme patrimoniale. À partir de 1714, les domaines nobles deviennent propriétés héréditaires. Adoption de la table des rangs en 1722, qui remplace le principe de naissance par celui de compétence. Obligation est faite à tous les nobles de servir l’État.

2.6 – Occidentalisation De nombreux experts étrangers arrivent et de nombreux étudiants russes se rendent étudier à l’étranger. Mise sur pied d’un système d’enseignement laïc et fondation de multiples écoles et instituts. Adoption du calendrier occidental Multiples décrets visant à modifier les comportements : interdiction de la barbe, du caftan traditionnel, etc., tout cela imposé par la force.

Mais la manifestation la plus visible de cette volonté d’occidentalisation, et de rejet de la tradition, est la fondation de Sankt-Peterburg. En 1703, la forteresse Pierre-et-Paul est construite à l’embouchure de la Neva, sur des terres prises aux Suédois. En 1713, la ville devient capitale du pays. S’agissant d’abord de consolider les gains territoriaux, la ville permettra à l’empereur de s’affranchir de Moscou, qu’il déteste. Les nouveaux arrivants participent à la construction en y apportant des pierres. La construction aura coûtée la vie à 300 000 personnes.

La forteresse Pierre-et-Paul

2.7 – Oppositions Toutes ces réformes finissent par braquer une grande partie de la population contre l’empereur : paysans, clergé, ancienne et nouvelle noblesse, tous ont des griefs. Des rébellions apparaissent aux confins : Don, Astrakhan, Bachkirie. Au sommet, c’est autour d’Alexis, le fils de Pierre, que se cristallise l’opposition. En 1718, suite aux remontrances de son père, Alexis s’enfuit en Autriche. Il sera accusé de haute trahison et condamné à mort.

3 – Politique étrangère 3.1 – La Guerre du nord – première partie (1700-1709) Au cours de la Grande ambassade, Pierre se décide à rejoindre l’union anti-suédoise (Danemark et Pologne-Lituanie). Le 19 août 1700, la Russie déclare la guerre à la Suède. Octobre 1700 : siège de Narva et défaite des Russes. Pierre se consacre alors à moderniser son armée. 1702 : nouvelle campagne. Prise de la forteresse de Notebourgh. Arrivée sur les bords de la Baltique.

1704 : Prise de Narva et de Dorpat 1704 : Prise de Narva et de Dorpat. Proposition de paix de Pierre, rejetée par Charles XII. Ce dernier se retourne alors contre les alliés de Pierre : le Danemark et la Pologne sont défaits en 1706, laissant la Russie seule face à la Suède. En 1707, Charles s’en prend au territoire russe. Il prend Minsk en 1708, suivi de Mogiliev. Puis il part en direction sud et opère sa jonction avec les forces de Mazepa, qui s’est joint à lui. Le 28 septembre 1708, le corps de réserve du bras droit de Charles XII est détruit par les troupes russes, laissant ce dernier sans ravitaillement.

La guerre du nord (I)

2.2 – La bataille de Poltava (juin 1709) Au printemps 1709, les Suédois assiègent Poltava, dans l’espoir de s’assurer un point d’appui sur la rive gauche du Dniepr, mais sans succès. Le 20 juin 1709, les forces russes arrivent dans la région de Poltava. Pierre prépare son armée avec beaucoup de soins dans l’attente de la bataille. À l’aube du 27 juin, les forces suédoise montent à l’assaut des lignes russes. L’artillerie de Pierre, dès avant l’engagement, a abattu 4 000 Suédois. Entre 8 et 9 heures au matin le 27 juin, les lignes russes sont assaillies par les forces suédoises, mais elle résistent.

Puis les Russes se portent à l’offensive, mettant l’armée de Charles XII en déroute. Bilan : des pertes de 12 000 hommes pour les Suédois, contre 4 500 pour les Russes. Le 30 juin, la cavalerie russe rejoint les troupes suédoises en fuite, capturant encore 16 000 hommes. Charles et Mazepa s’enfuient en Turquie. La victoire fait grand bruit en Europe, où elle étonne. La coalition anti-suédoise renaît, et Pierre annexe par la suite Riga, Vyborg et Revel. Mais surtout, la victoire de Pierre marque la naissance de la Russie en tant que puissance européenne. Il faudra dorénavant compter avec elle.

2.3 – La guerre russo-turque de 1710-1711 Poussé par Charles, l’empire ottoman déclare la guerre à la Russie à l’automne 1710. Les Russes comptent sur l’appui des Slaves des Balkans pour contrer la puissance turque, en vain. Le 9 juillet 1711, les 44 000 hommes de l’armée russe repoussent l’attaque des 130 000 hommes de l’armée ottomane. De difficiles négociations suivent. Le 12 juillet 1711 est signée la paix du Prout, par laquelle Pierre s’engage a rendre Azov, détruire la flotte de la mer d’Azov et ne pas intervenir dans les affaires de la Pologne. L’armée russe s’en sort à bon compte.

2.4 – La guerre du nord- deuxième partie (1709-1721) Vaincue sur terre, la Suède continue de dominer sur mer. Cette seconde partie de la guerre sera donc davantage maritime. Entre 1713 et 1715, la Russie poursuit son avance et annexe la Finlande À l’été 1714, la flotte russe triomphe d’une flottille suédoise. Il s’agit de la première victoire navale de l’histoire russe. En 1717, les Suédois sont rejetée de l’autre côté de la Baltique. D’autres victoires navales et 3 débarquements contraignent la Suède à la paix, qui est signée à Nystad le 30 août 1721. La Russie conserve l’ensemble de ses gains, à l’exception d’une part importante de la Finlande.

La guerre du nord (II)

3 – Bilan et interprétation du règne C’est un règne très contesté dans l’historiographie nationale, plus encore que celui d’Ivan IV. Pour les occidentalistes, il est le tsar idéal : réformateur, européaniste, il a sorti la Russie du Moyen-âge suivant un plan cohérent et réfléchi de modernisation. Pour les slavophiles, c’est un violeur qui, par des réformes chaotiques ne visant qu’au renforcement de la puissance militaire du pays, a tenté de détruire les spécificités nationales.

Pierre (le grand ?)

4 – Les révolutions de palais (1725-1762) 4.1 – La valse sur le trône La mort de Pierre, par l’ampleur des transformations qu’il a apportées, de même que l’absence d’héritier, va plonger le pays dans quatre décennies d’instabilité politique. Par un décret de 1722, c’est à l’empereur que revient de désigner son successeur. Mais sa mort ayant été trop brusque, il n’aura pas eu le temps de régler cette question.

C’est donc la cour qui, en 1725, décide de mettre sur le trône Catherine première, veuve de Pierre le Grand. Elle ne régnera que jusqu’en 1728, et son autorité sera toujours sous le contrôle des « oisillons de Pierre » au sein d’un Conseil Suprême, lequel dispose du véritable pouvoir. À la mort de Catherine, c’est son petit fils Pierre, qui ne montera jamais sur le trône, qui lui succède. Le pouvoir est alors confié à une régence et s’ensuit une revanche des boyards, les vieilles familles réapparaissant temporairement. La capitale retourne à Moscou.

Quelques jours avant son couronnement, Pierre II meurt, et une nouvelle révolution de palais aboutit à la chute de Menchikov. La nièce de Pierre, Anna, est invitée à régner, dans la mesure où elle accepte des restrictions à son pouvoir, ce qu’elle fait en un premier temps. Appuyée par la nouvelle noblesse, elle supprimera le Conseil suprême afin de régner seule. Ou presque : c’est en fait son favori, Biron, à la tête du Conseil des ministres, qui dirige. C’est une période de terreur et d’arbitraire.

Ce n’est guère reluisant en politique étrangère, la période voyant la Russie se vendre au plus offrant dans les conflits européens. Mais en s’interposant entre la Russie et la Turquie lors de la guerre 1735-1739, les puissances européennes entérinent le fait de la nouvelle puissance russe. Anna meurt en 1740. Ivan VI monte sur le trône, avec Biron comme régent. Mais celui-ci est bientôt renversé par une autre révolution de palais, qui le remplace par la mère d’Ivan VI. Elle sera renversée à son tour l’année suivante, en même temps que son fils.

C’est ainsi que le 25 novembre 1741 monte sur le trône la fille cadette de Pierre, grâce à l’appui de la garde. Elle parviendra à stabiliser la situation. Elle rétablit le Sénat dans sa plénitude de pouvoir et commence à régner en s’appuyant sur la noblesse. Son règne amorce l’essor intellectuel et culturel de la noblesse, qui sera poursuivit sous Catherine II : elle supprime la peine de mort pour les nobles et réduit la durée de service. Ils pourront alors se consacrer à autre chose.

À la mort d’Elisabeth en 1761, le pouvoir passe à son neveu, Pierre III, le mari de Sophie Frédérique Auguste de Anhalt-Zerbst. Le comportement de Pierre III, qui préfère nettement la Prusse à la Russie, poussera la garde à fomenter sous la direction de son épouse la dernière révolution de palais du XVIIIe siècle. Sophie, convertie à l’orthodoxie, monte sur le trône sous le nom de Catherine II

2.2 – Évolution économique et sociale L’impulsion pétrovienne fut si puissante que, malgré le chaos à la tête de l’État, le pays poursuit au cours de cette période son développement suivant la ligne tracée par Pierre. On assiste à un accroissement de la puissance industrielle, ainsi que des échanges commerciaux, qui permet une certaine diversification du commerce du pays. Cette croissance s’effectue bien sûr sur le dos des paysans, qui quittent souvent les champs pour entrer dans les mines et les usines. Mais le travail salarié date aussi de cette époque.

Apparition d’un protocapitalisme, alors que la fondation de nouvelles entreprises survient de plus en plus souvent à l’initiative d’entrepreneurs privés. Dans les villages, avec le remplacement progressif de la corvée par le cens, commence la stratification sociale qui à terme va entraîner l’apparition de paysans plus aisés. Mais l’élément le plus significatif, c’est l’accroissement de la puissance de la noblesse, laquelle voit son temps de service réduit (puis abolit), en même temps que son pouvoir sur les serfs s’accroît.