Le projet Sexties Sexe et technologies de l’information Chantal Morley Isabelle Collet Marité Milon INT/GET INT Management – Télécom INT

Issu d’une équipe pluridisciplinaire Le projet Sexties Lancement en mai 2005 Issu d’une équipe pluridisciplinaire Objectif : étudier la construction de relation que les êtres humains entretiennent avec les TIC Le projet s’inscrit dans un ensemble de travaux sur le genre et les techniques Méthodologie de recherche: approche compréhensive

Récits de vie technique avec le concours d’InterElles 3 sous-projets Etude sur le curriculum caché des étudiants de deuxième année pendant un concours pédagogique de création d’entreprises innovantes Etude de l'évolution du rapport à la technique au cours des trois années à INT-Management / Télécom-INT Récits de vie technique avec le concours d’InterElles

Les récits de vie technique Objectif : Etendre les travaux à une population ayant déjà un parcours de vie technique (partiel ou complet) dans un contexte professionnel Interviews auprès d’hommes et de femmes travaillant dans les entreprises présentes dans InterElles (pour l’instant, 9 entretiens chez IBM)

Premiers résultats Rapport à la technique des étudiant-e-s Evolution du rapport à la technique au cours de la vie professionnelle Eloignement / désaffection de la technique des filles et des garçons Rapport à la technique et rapport au pouvoir : Le management « au féminin » “A gendered view on the declining interest in technology”, 4e European Gender & ICT Symposium, Helsinki, 8 mars 2007 “Women leadership: individual strategies in opposition to sex and leader model stereotypes ”, EURAM, Paris, mai 2007

La désaffection de la technique Rapport d'orientation du 4 mai 2006  « Evolution of Student Interest in Science and Technology Studies Policy Report »: Un phénomène récent de désaffection des jeunes en ce qui concerne les études en sciences et techniques Etudes sur la construction du rapport à la technique des étudiant-e-s de l’INT Une certaine mise à distance de la technique semble s’opérer au cours des 3 années passées à l’école Les motivations et les effets de cette mise à distance diffèrent selon le sexe des étudiant-e-s

Les étudiantes expriment encore une « peur » des TIC Bien qu’elles soient toutes utilisatrices de l’ordinateur au lycée, certaines se sentent encore en terre étrangère « Ce qui me fait peur au début, par ce que cela ne me plait pas et en plus quand je commence, je ne suis pas du tout douée » (Fille 1ère année) « Au bout de 3 ans, ça fait entre guillemets moins peur. […] Les filles ont plus peur de ça parce que c’est pas trop leur monde par rapport aux garçons. » (Filles 3e année)

Les étudiants se montrent confiants Au plus, ils ont parfois un retard à combler « Il faut être habitué à résoudre ces problèmes un petit peu simple sur lesquels on bute des fois, donc j’ai eu le sentiment d’avoir à rattraper un petit peu de retard. » (garçon 3e année) Les matières inconnues ne sont pas difficiles, elles ne les intéressent pas « Linux, au début c’était barbant maintenant je commence à maîtriser et cela devient de plus en plus intéressant. »  (garçon 1ère année)

Le poids d’un modèle d’informaticien Arrivés en 3e année, les garçons comme les filles ne veulent pas être assimilés à ceci: Matin plus, 6 février 2007

Les étudiant-e-s veulent garder des distances « Quand on dit à l’extérieur que l’on fait de l’informatique et en plus que l’on est une fille on est catégorisé » (fille, 1e année) « C’est une image, tous ces gens qui passent beaucoup de temps, à des bidouilles. J’essaie en tout cas de paraitre le plus équilibré possible, je fais du sport » (garçon, 1ère année) « C’est mieux de maîtriser la technique que de ne pas la maîtriser, connaître la programmation mais sans trop y rentrer » (garçon, 1ère année) « Je veux plutôt m’éloigner mais mettre en avant que j’ai une compétence [technique] annexe » (fille, 3e année)

Les étudiant-e-s invoquent la nature « Les sciences et les mathématiques ce sont les matières ou je suis la moins douée naturellement » (fille 1ère année) « J’aime bien démonter l’ordinateur, j’aime bien savoir comment marche tel logiciel, je fais beaucoup à l’instinct » (garçon 3e année) « J’ai la sensation que c’est vraiment quelque chose que j’ai en moi » (garçon 3e année)

S’éloigner de la technique: Une stratégie pour les garçons A regret parfois : « Je voulais finir ma formation par quelque chose de technique, c'est la dernière chose qui me restera » vs (garçon 3e année) « Dans le domaine scientifique il y a une vraie envie de surpasser et de comprendre des choses difficiles à comprendre alors que le management, c’est pas se dépasser intellectuellement » (garçon 3e année) Pour une meilleure carrière « pour avoir des postes intéressants, c’est indéniable qu’il faut avoir un côté management une autre vision que la vision technique seulement » (garçon 3e année) « [Le management] est là où il y a les postes qui ont les tremplins les plus intéressants pour les carrières, c’est là où on est le mieux payé, c’est là qu’il y a tous les meilleurs » (garçon 3e année)

Vivre avec une image technique Une question d’identité pour les filles Préserver son identité « Je veux plutôt m’en éloigner. J’avance ma double compétence quand même mais je ne dis pas Telecom dans le nom de mon école, ça pourrait en rebuter » (fille 3e année) « Une nana qui comprend les réseaux… dans la tête des gens c’est pas encore acquis » (fille 3e année) Parfois, il n’y a aucun regret à renoncer à la technique « Je pense pas non plus être totalement technique... ça me plait pas trop... moi je préfère plutôt le côté relationnel » (fille 3e année)

Se distancer de la technique : Choix stratégique ou enjeu identitaire Pour les filles: plus un enjeu identitaire qu’un choix stratégique Même si elles déclarent aimer la technique, elles mettront en avant d’autres compétences pour leur carrière Pour les garçons: un choix stratégique qui doit être défendu pour ne pas mettre en cause leur identité La technique est le lieu de la vraie compétence mais les métiers du management sont les plus intéressants

La technique comme levier de pouvoir Seuls des garçons s’appuient sur la compétence technique pour asseoir leur autorité « Moi j’aime bien, mais je me dis surtout que ce serait mon intérêt d’être bon en technique » (garçon 2e année) Les garçons pensent que les filles sont moins intéressées qu’eux par la technique La technique: un moyen d’exercer le pouvoir non pas sur les objets, mais sur les autres La compétence ou la « vérité » technique leur sert de prétextes « rationnels » à des luttes de pouvoir

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