Jean-Sébastien BACH Messe en Si mineur Baccalauréat – option facultative musique Sessions 2011 - 2012 Jean-Sébastien BACH Messe en Si mineur CRUCIFIXUS Tintoret : La crucifixion, 1565 (Venise, Scuola di S. Rocco). E. Michon, IA-IPR
Crucifixus : généralités Une reprise du premier mouvement de la cantate BWV 12 Mi mineur, 3/2 ; rythmique de danse lente – une chaconne. chœur à 4 voix (le précédent, Et incarnatus est, est à 5 voix avec division des sopranos) orchestre à cordes, flûtes et basse continue Basse obstinée chromatique et descendante, sur 4 mesures : proche de celle de la mort de Didon de PURCELL (faire écouter, comparer) BACH PURCELL
Crucifixus : le texte Crucifixus Etiam pro nobis Sub Pontitio Pilato Passus et sepultus est Crucifié Pour nous Sous Ponce Pilate Il souffrit et fut mis au tombeau Ponce Pilate (en latin Pontius Pilatus « Pilatus — titulaire d'un javelot d'honneur (du latin pilum) »), né vers 10 av. J.-C. à Lugdunum (Lyon), était préfet de la province romaine de Judée au Ier siècle (de 26 à 36).. Il est connu pour avoir, selon le Nouveau Testament, ordonné la crucifixion de Jésus.
Crucifixus : le rapport de la musique au texte Nombreux figuralismes : Lignes descendantes de la basse obstinée des entrées du chœur de certaines lignes mélodiques importantes : motif initial sur ½ ton descendant, motif des ténors mesures 23 et suivantes, des cinq dernières mesures… chromatisme omniprésent (basse, 1/ ton initial, motif des ténors mesures 23 et suivantes, des cinq dernières mesures…) Dissonances : chromatismes, ½ tons, secondes et quartes augmentées… Symbolismes : TOUT est symbolique !!! Plus particulièrement chœur à 4 voix (précédent à 5, suivant aussi) : raréfaction de l’espace sonore La rythmique ternaire (3/2) La tonalité (cf. théorie des Passions) Orchestre réduit – dénuement, préparation du contraste avec la pièce suivante. Les lignes descendantes, le chromatisme, le diavolus in musica omnipésent Rythme régulier des croches : caractère inéluctable de la descente. 13 répétitions de la basse obstinée Le lien avec la pièce suivante (cf. plus loin)
Crucifixus : Tonalité et Théorie des Passions En Allemagne, à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, l'école de Mannheim, Friedrich Marpurg, Johann David Heinichen, Andreas Werckmeister, Johann Scheibe et Johann Mattheson codifient cette « Théorie des passions » (Affektenlehre) et y accordent plus d'importance qu'ailleurs car elle renforce le rôle moralisateur et édificateur que Luther a conféré à la musique. Manfred F. Bukofzer le remarque : « La plus importante contribution de l’époque baroque à la théorie des passions est la systématisation de ces figures. Si l’on en juge par le grand nombre d’ouvrages sur cette question, ce sont avant tout les théoriciens allemands qui s’y intéressent – encore qu’il en soit question ailleurs. » Mattheson dresse même un catalogue d'une vingtaine de correspondances que l'on retrouve fréquemment dans l'œuvre de Johann Sebastian Bach : ainsi, la superbe ré majeur est la gamme de la célébration (d'ailleurs, les instruments de célébration que sont les trompettes sont accordés en ré majeur), la contrainte et dure mi mineur celle de l'hostilité du monde, la solide ré mineur celle de la foi (et la préférée de Bach), l'imparfaite et ambiguë si mineur celle de la douleur, la noire ut mineur celle de la désespérance, la gaillarde ut majeur celle de l'entreprise décidée, la tendre sol mineur celle de la douceur pastorale, etc. On ne peut que remarquer que, chez Bach comme chez tous ses contemporains, les changements de tonalité suivent les tableaux évoqués ou dépeints par le texte.
Crucifixus : Structure interne Mesures 1 à 4 : Introduction orchestrale de 4 mesures : basse obstinée accentuée rythmiquement par cordes et flûtes en homorythmie ; ces instruments complètent également l’harmonie. Mesures 5 à 36 : Exposition des phrases de la liturgie les unes après les autres : développées via l’écriture contrapuntique – les entrées sont en tuilages. 4 – 12 (2 x 4 mes., grilles 2 et 3) : Cruxifixus en imitation omniprésence des dissonances (quarte augmentée, motif construit sur le ½ ton descendant) entrées descendantes Soprani -> Basses la première fois – symbolisme, variées la seconde : T-S-B-A) 13 -20 Cruxifixus enchainé à etiam pro nobis : nouveau motif, ascendant cette fois (« pour nous »), caractérisé par la seconde augmenté initiale.(= dissonance) ; toujours en imitation. Le contrepoint se complexifie, la grille ne structure plus strictement l’organisation musicale (grilles 4 et 5 enchaînées). 21 – 28 : etiam pro nobis enchainé à sub Ponce Pilato : à noter (mesures 23 et suivantes) la phrase chromatique descendante des Ténors (grilles 6 et 7 enchaînées). 29 – 36 : passus et sepultus est, intrusion de la verticalité de l’écriture – mise en valeur du texte (grilles 8 et 9 enchaînées) Mesures 37 à 48 : 37 – 48 : (grilles 10 à 12 enchaînées) : Une sorte de strette qui enchaine cette fois ci le texte dans son intégralité en reprenant l’esprit des entrées initiales (S – A – T – B, rapport de quarte augmentée S – A) en dramatisant le discours musical : renforcement des chromatismes (retournés notamment). 49 à la fin : grille 13… : Reprise de passus et sepultus est, toujours envahie par le chromatisme, et remarquable modulation pour amener le Ré majeur de la pièce suivante – on termine en Sol M. Silence de l’orchestre – mise en valeur de la modulation « surprise ».
Crucifixus : le rapport avec Et resurrexit Le rapport avec les pièces qui encadrent ce Cruxifixus : Mi mineur encadré de Si mineur / Ré Majeur Parenté d’atmosphère, d’écriture et d’orchestration avec l’ Et incarnatus est La pièce centrale du triptyque : renforcement de la dramatisation - basse obstinée, chromatisme, dissonance Opposition clairement établie au plan musical entre cette pièce et le Et Resurrexit qui suit : Cruxifixus Et Resurrexit Ternaire Binaire Mi mineur Ré majeur* Intimisme Effectif orchestral restreint Brillant Tutti orchestral Contrepoint sur basse obstinée (chaconne, forme ancienne) Style concertant : modernisme Chromatisme Diatonisme Lignes mélodique descendantes Lignes mélodique ascendantes Caractère lourd, sombre, pesant Rayonnant, très rythmique
Basse obstinée : 4 mes., chromatique, descendante, croches régulières N.B. L’audition se poursuit jusqu’à la fin du diaporama ; pour suivre la partition, actionner manuellement le changement de diapositive 1 accentuation rythmique par cordes et flûtes en homorythmie Basse obstinée : 4 mes., chromatique, descendante, croches régulières Grille 2
IMITATIONS SUR CRUCIFIXUS 6 Dissonance : quarte augmentée (diavolus in musica) Grille 2 Grille 3
PHRASE 2 : CRUCIFIXUS enchainé à ETIAM PRO NOBIS : Nouveau motif caractérisé par la seconde augmentée initiale 13 Grille 4 Grille 5
PHRASE 3 : ETIAM PRO NOBIS enchainé à SUB PONTIO PILATO : 20 Motif chromatique descendant Grille 7 Grille 6
PHRASE 4 : PASSUS ET SEPULTUS EST : Écriture verticale, homorythmique 27 Grille 8 Grille 9
Demi cadence Dissonances S-A-T-B Accord parfait sur V « STRETTE » : enchainement des 4 phrases Retour du contrepoint Demi cadence 34 Dissonances S-A-T-B Grille 9 Grille 10 Accord parfait sur V
« STRETTE » (suite) : enchainement des 4 phrases Retour du contrepoint 41 Grille 11 Grille 12
Silence de l’orchestre Reprise dernière phrase et modulation « surprise » vers Sol Majeur 47 Silence de l’orchestre Chromatisme descendant Grille 12 Grille 13