BIOETHIQUE :THERAPIE GENIQUE Responsable : Dr Maher Chaouachi
I/ THERAPIE GENIQUE La thérapie génique est une méthode thérapeutique, qui repose sur une idée simple : si un gène est responsable d'une maladie, il suffit de remplacer le gène défectueux par le gène intact pour guérir la maladie. Il s’agit de transférer des gènes dans les cellules des patients afin de produire des protéines thérapeutiques spécifiques nécessaires pour combattre ou corriger les maladies visée.
Thérapie génique somatique : des gènes sont introduits exclusivement dans des cellules somatiques, c'est à dire non sexuelles. Thérapie génique germinale. Elle consisterait à appliquer la thérapie génique à un embryon au stade précoce ou aux cellules germinales d'un adulte. Le gène introduit serait alors transmis à toutes les cellules du futur individu modifiant son patrimoine génétique. Cette méthode pose des problèmes éthique, notamment parce qu'elle touche au Patrimoine héréditaire de l'homme
II/Transfert des gènes thérapeutiques La méthode des vecteurs : la vectorologie Pour aller modifier les gènes malades, un gène thérapeutique doit être introduit dans les cellules cibles du patient. L'introduction du "gène médicament" à l'intérieur de la cellule cible requiert un vecteur. Son rôle est décisif car il permet de contenir le gène d'intérêt, transférer le gène dans un nombre suffisant de cellules cibles, transporter le gène dans le noyau de la cellule, et permettre l'expression du gène et la production de protéines sur une période suffisante pour obtenir un effet thérapeutique. On décrit deux types de vecteurs :
II/Transfert des gènes thérapeutiques (suite) Les vecteurs les plus utilisés jusqu'à aujourd'hui sont des vecteurs viraux. Par exemple, l'adénovirus, un des virus responsable notamment de rhino- pharingytes, pénètre efficacement dans les cellules pulmonaires. Dans le cas d’une thérapie génique, le virus utilisé est modifié et atténué afin de transférer le matériel génétique souhaité dans les cellules du patient sans entraîner chez celui-ci des réactions immunitaires non désirées. La difficulté est que le virus risque de s'attaquer à une grande variété de cellules cibles.
Etapes de la thérapie génique
III/ Mode d’administration du vecteur Le transfert de gène dans les cellules du patient peut être opéré soit : in vivo (à l'intérieur de l'organisme) par l'administration directe au patient de la combinaison vecteur gène thérapeutique. EXEMPLES: Affections musculaires comme la myopathie, ou respiratoires comme la mucoviscidose ex vivo (en dehors de l'organisme) en prélevant les cellules cibles sur le patient, en les cultivant dans des conditions de laboratoire appropriées, en les traitant avec la combinaison vecteur gène thérapeutique et enfin en les réimplantant dans le corps du patient.
Thérapie génique somatique exvivo utilisant des virus modifiés comme vecteur
Mode d’administration du vecteur (suite) In situ consiste à placer directement au sein du tissu cible le vecteur de transfert. Cette technique est expérimentée, notamment, dans les cas de mucoviscidose (transfert de vecteurs dans la trachée et les bronches), de cancer (injection dans la tumeur d'un vecteur portant le gène d'une toxine, par exemple). les différents protocoles de thérapie génique
Un essai concret : « les bébés bulles » En 1993, le Pr Alain Fischer met au point un traitement par thérapie génique pour les enfants atteints d’un déficit immunodéficitaire. Ce grave déficit immunitaire héréditaire obligeait les bébés atteints à vivre dans une "bulle" stérile pour éviter les microbes, d'où l'expression de « bébés-bulles ». Sept ans plus tard, l'équipe du Pr Fischer annonce le succès du traitement : deux très jeunes enfants atteints d'un déficit immunitaire sévère rare et traités par thérapie génique sont considérés guéris et vivent à domicile sans aucun traitement. Le gène malade inactif a été remplacé avec succès, dans les propres cellules de moelle osseuse de l'enfant malade, par une copie normale du gène. Ce "gène médicament" a été véhiculé par un rétrovirus humain inoffensif. C'est le premier essai de thérapie génique concluant. Mais en octobre 2002, le Pr. Fischer annonce que l'un des dix enfants traités par thérapie génique a un excès de lymphocytes T (globules blancs) dans le sang qui s'apparente à une leucémie, puis un second trois mois plus tard.
IV/ BIOETHIQUE ET THERAPIE GENIQUE La thérapie génique est soumise à une réglementation notamment en matière d’éthique car elle touche au patrimoine génétique de l’homme. Les problèmes éthiques concernent deux objets convexes mais différent: -- Le recueil, l’utilisation, la conservation, la diffusion de l’information génétique d’un individu obtenue par des tests -- Le recueil, la conservation, la transmission et l’utilisation à terme de l’ADN, élément du corps humain et support de l’information génétique.
UNESCO ET THERAPIE GENIQUE (Rapport sur la thérapie génique humaine) Pour l'évaluation de la thérapie génique, il est nécessaire, au minimum, de tenir compte des principes suivants, extraits d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, qui peuvent servir de base: le respect pour la dignité et de la valeur de la personne humaine; 2. le droit de toute personne à l'égalité devant la loi; 3. la protection des droits des personnes vulnérables; 4. le droit de toute personne à ne pas être soumis à une expérience médicale ou scientifique sans son libre consentement; 5. le droit de toute personne au meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre, ainsi que les droits associés d'accès aux soins; 6. le droit de toute personne à la protection contre les immixtions arbitraires dans sa vie privée ou sa famille; 7. le droit de toute personne de bénéficier des progrès scientifiques et de leurs applications; et, 8. le droit à la liberté de la recherche scientifique.
UNESCO ET THERAPIE GENIQUE (suite) En conclusion, les recommandations s'inscrivent dans une logique bien connue, bien qu'elle soit sujette à controverse pour certains. La thérapie génique sur cellule somatique est acceptable et doit être réglementée comme une thérapie expérimentale. 2. Son utilisation à des fins d'amélioration peut être largement interdite, mais on ne devrait pas la condamner catégoriquement parce que non éthique, quelles que soient les circonstances. 3. A l'heure actuelle, les interventions géniques germinales ne sont pas défendables, mais elles ne devraient pas être catégoriquement rejetées. 4. L'utilisation d'interventions géniques germinales à des fins d'amélioration devrait être catégoriquement interdite.