Partie 2 : Acteurs et enjeux de l’aménagement du territoire La France, Etat centralisé par excellence depuis des siècles, est entrée à partir des années 1980 dans une phase inédite de décentralisation administrative et politique. L’aménagement DU territoire français sous l’autorité exclusive de l’Etat est devenu un aménagement DES territoires, fruit de la concertation entre les différents acteurs représentant l’Etat, les collectivités territoriales et locales, les entreprises et les citoyens. En quoi ces nouveaux acteurs ont-ils modifié les enjeux de l’aménagement des territoires ? Leçon 1 : De la « cohésion nationale » à « l’équilibre régional ».
Le rôle directeur de l’Etat en matière d’aménagement du territoire. 1. « Paris et le désert français. ». Constat : En 1947, l’ouvrage de Gravier intitulé Paris et le désert français a un impact considérable sur l’Etat français car il met en évidence un déséquilibre majeur du territoire français : la primauté de la capitale dans tous les domaines (financier, industriel, commercial, artistique, culturel, démographique …) sur le reste du territoire. L’Etat se positionne alors comme l’unique acteur et joue un rôle directeur car il entend corriger seul les grands déséquilibres avec l’aide de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) créée en 1963. Cet organisme d’Etat est chargé de mettre en œuvre les politiques de rééquilibrage des activités et des hommes sur le territoire français
2. L’Etat : l’unique acteur de 1963 à 1982. But : Afin de rééquilibrer le territoire, l’Etat met en place une politique de déconcentration industrielle et tertiaire (transfert de l’appareil de production industriel et des activités de services au profit de villes sous-équipées). Moyens : Cela passe par une politique d’équipement, de modernisation et de développement local :
Document . Les transformations de l’entreprise Renault 1899 – 1929 1945 1945-1965 1971 Extension du site de Boulogne-Billancourt. Nationalisation. 3 usines : Boulogne, Le Mans, Orléans. Nouvelles usines de Flins, Cléons, Sandouville, Lorient et Nantes. Accord Renault-Peugeot-Volvo (fabrication de moteurs à Douai-Douvrun, dans le Nord). D’après le site Internet du site Corporate de Renault, 2005 il implante de nombreuses industries dans l’Ouest de la France (ex : Renault en Bretagne)
Le port de Fos, près de Marseille Le port de Fos, près de Marseille. C'est une zone industrialo-portuaire (ZIP), comme celles du Havre ou de Dunkerque, souhaitées par l'Etat dans sa politique volontariste d'aménagement du territoire des années 60. Ces ZIP illustrent la littoralisation des activités industrielles lourdes (pétrochimie, sidérurgie) et leur rôle d'interface entre un "avant-port" maritime d'échelle mondiale (importation de pétrole, d'automobiles, etc.) et un "arrière-pays" d'échelle régionale (la région PACA pour Fos, Nord-Pas de Calais pour Dunkerque, l'Ile-de-France pour le Havre) et nationale. il crée des zones industrialo portuaires à Fos sur Mer ou à Dunkerque (espaces aménagés accueillant activités industrielles et portuaires)
il aménage la vallée du Rhône et les côtes du Languedoc Aménagement du littoral du Languedoc et création d’une station touristique : Le Cap d’Agde il aménage la vallée du Rhône et les côtes du Languedoc Technopole Sofia Antipolis
il crée 8 métropoles d’équilibre (grandes villes de province désignées afin de constituer un contrepoids provincial au rôle de Paris) : Lille, Nancy-Metz, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Marseille, Bordeaux et Nantes. Le marché de Noël de Lille Nantes Nancy : place Stanislas
il crée des villes nouvelles (ex : Marne la Vallée) La ville nouvelle de Marne la Vallée il crée des villes nouvelles (ex : Marne la Vallée)
il crée des technopoles (ex : Sofia Antipolis) il fait de grands travaux d’aménagement des transports (ex : lignes TGV)
Résultats : à la fin des années 1970 cette politique s’avère insuffisante car Paris domine toujours la France. Il ne suffit donc pas de répartir les activités économiques, il faut aussi répartir les pouvoirs : c’est l’objectif de la décentralisation.
II. Un 1er pas vers la décentralisation : la loi Deferre. La loi Deferre de 1982 marque un tournant majeur avec la décentralisation administrative et politique de la France (transfert de nombreuses compétences et de pouvoirs de l’Etat vers les collectivités locales : régions, les départements et les communes). L’aménagement du territoire devient ainsi celui DES territoires dans lequel les acteurs institutionnels (Etat, région, département, ville), les acteurs privés et les citoyens exercent leurs stratégies spatiales. Mais la spécificité française demeure : aucune tutelle verticale et contraignante n’a été mise en place d’un acteur à l’autre l’Etat garde un rôle considérable à travers les nombreux transferts de compétence
III. Les collectivités territoriales : acteurs majeurs de l’aménagement du territoire. Il a fallu attendre l’année 2003 pour que l’organisation décentralisée de la République soit inscrite dans la Constitution. Changement majeur : les collectivités locales deviennent des collectivités territoriales : elles deviennent donc des structures administratives distinctes de l’administration de l’Etat elles prennent en charge les intérêts de la population d’un territoire précis elles ont plus de compétences et de pouvoirs dans certains domaines (enseignement, urbanisme, développement économique, sanitaire, social …)