Les épices, enjeu de puissance Le sucre, l'or brun de l'Occident 5ème Histoire Les épices, enjeu de puissance (Xe – XVe siècles) Le sucre, l'or brun de l'Occident au Moyen Age
? 10 épices, un intrus ! Badiane ou anis étoilée Gingembre Safran Cannelle Clous de girofle Sucre Fenugrec Cumin Moutarde Piments Poivre
Le sucre, épice exemplaire Le commerce du sucre en Occident illustre l’intensification au Moyen Age du commerce des épices depuis l’Orient. Avec les croisades (1099-1244) et la création des Etats latins d’Orient qui s’en suit, les échanges entre l’Occident et l’Orient s’intensifient. L’accroissement de la demande en Occident de denrées qui procurent médication, plaisir et prestige.
La route du sucre Extrait de la canne cultivée en Asie tropicale, le sucre est transporté par bœuf puis par chameau à travers l’Inde et la Mésopotamie pour être vendu en Palestine et sur les côtes d’Afrique du Nord : Extrait de la canne cultivée en Asie tropicale,
La transformation du sucre Transporté depuis l’Asie à dos de chameaux via la côte égyptienne, le sucre est chargé par la flotte marchande vénitienne. Bientôt, des raffineries s’ouvrent à Venise et dans d'autres villes d'Italie. Pour devenir blanc, le sucre roux de canne est refondu et débarrassé de ses colorants dans une raffinerie sans modification chimique.
Produits pharmaceutiques Le sucre, pour quoi faire ? Produits pharmaceutiques Confiseries
Le sucre, d'abord une médication ! L'Antidotarium Mesuae , traité de pharmacie écrit au 12e siècle par "Pseudo-Mésué" rassemble des recettes de confiseries, empruntées à la médecine arabe (pâtes de fruits, massepain, nougat, sirops) ou inventées par lui (confitures de fruits). Confitures Du latin conficere, confire, préparer. Terme utilisé pour désigner les aliments cuits dans du miel ou du sucre (XIIIe siècle). Mais dans les traités médiévaux de médecine, la confiture est un médicament, vient du latin electuarium et désigne une médication à lécher (origine des sirops pour la toux, mais aussi des sirops).
Une tradition séculaire Une tradition qui remonte à l’époque mésopotamienne. Mésopotamie Reprise par les médecins arabes 1099-1270 Transmise à l’Occident pendant les croisades (à partir du XIIe siècle) rafraîchir les humeurs, nettoyer les estomacs, calmer les ardeurs, la toux et la fièvre... Des préparations sucrées pour :
? Le sucre = un produit de luxe ! Le sucre, synonyme de richesse au Moyen Âge Nouveau/Rare/Transformation coûteuse ? Le sucre = un produit de luxe ! Venise à la Renaissance : le sucre n’est plus un médicament mais un met précieux ! acheté par les membres les plus aisés de la société vénitienne qui se l’arrachent un produit de luxe différenciant Marque de puissance La “poudre de Chypre” – autre nom du sucre – devait figurer sur les tables dans les mariages des personnes de bien. Le « Bambino de zucchero » Coutume d’offrir à la mariée une statuette de sucre représentant un bébé, promesse d’un beau garçon en bonne santé Marque de fécondité
Le sucre, synonyme de puissance En 1574, Henri III, roi de Pologne, futur roi de France (son frère Charles IX vient de mourir), séjourne à Venise. Il est reçu avec faste par Alvise Mogenico, doge de la Sérénissime. Pour lui faire un honneur, le Doge lui fait servir tout un repas en sucre ! Non seulement les mets mais également la vaisselle et tous les accessoires de table étaient en sucre (voir le texte en annexe) ! Andrea Vicentino, l’entrée de Henri III à Venise (détail) 1574
Les épices, enjeu de puissance 4ème Histoire Les épices, enjeu de puissance (Xe – XVe siècles) ANNEXE
« Les nappes, les serviettes, les assiettes, les couverts, le pain étaient de sucre, d’une imitation si parfaite, que le roi demeura agréablement surpris, lorsque la serviette, qu’il croyait de toile, se rompit entre ses mains. Dans la salle du scrutin avaient été préparées deux tables chargées de composition et de figures de sucre. Le plat posé devant Henri représentait une reine assise sur deux tigres, dont le poitrail montrait les armes de France et de Pologne. Sur les autres tables se dressaient des figures éparses de chevaux, d’arbres, de vaisseaux etc. Les plats furent au nombre de 1260 et 300 les objets de sucre distribués aux dames. » Chronique vénitienne du XVIe siècle