De l'antiquité jusqu'à nos jours, l'histoire des barrages Le barrage est un des premiers ouvrages que l’homme ait construit dès qu’il a voulu aménager son milieu naturel. On en trouve des exemples dans toutes les civilisations.
Egypte 2600 av JC Le barrage de Saad El Kafara mesurait 12 mètres de haut et 108 mètres de long. Il a été bâti il y a plus de 4000 ans pour protéger une vallée des crues. Il était constitué de 2 murs de maçonnerie épais de 24 mètres à la base, enserrant un noyau en terre de 36 mètres d’épaisseur. En l’absence d’évacuateur de crue, il fut détruit par submersion en cours de construction.
Empire romain, 2ème siècle après JC Les romains ont reconnu l’importance de l’eau. Nombre des ouvrages romains ont traversé les siècles et fonctionnent encore. Le barrage de Proserpina ( Espagne) fut construit au 2° siècle. Haut de 22 mètres, il permettait de retenir 6 millions de m3 d’eau. Il était employé pour l’alimentation en eau de Mérida. C’est un ouvrage caractéristique des méthodes de conception et de construction romaines. Il est constitué par un mur épais en maçonnerie avec 6 mètres de fondation. Il est conforté en aval par un massif en terre s’étendant sur 60 mètres et 9 contreforts soutiennent le mur.
Aux alentours de l’an mil, les moulins à eau se développèrent en Europe. Ils servaient non seulement à moudre le grain mais aussi à de nombreuses applications industrielles dans le textile ou la métallurgie. Au fur et à mesure que la révolution industrielle du moyen âge progressait, ruisseaux et rivières furent équipés de dizaine de milliers de moulins. Ce fut avant l’invention de la machine à vapeur, la seule énergie autre qu’humaine ou animale dont disposèrent les hommes. Dès la fin du 13ème siècle, on dénombre près de 100 000 moulins. Les barrages nécessaires à l’alimentation des moulins étaient de hauteur très modeste, la capacité d’accumulation était très faible et pour la quasi-totalité ils étaient construits en terre. Au moyen âge
A partir du 17ème siècle Les besoins énergétiques de la sidérurgie au bois furent à l’origine de la réalisation de très nombreux lacs de forge. Jusqu’à l’arrivée des chemins de fer, les canaux fournirent en effet le seul moyen de transport de masse nécessaire à l’industrie. Le premier grand barrage en hauteur est le barrage en terre de Saint Ferréol situé à 50 km de Toulouse pour alimenter le canal du midi. Avec une hauteur exceptionnelle à l’époque de 36 mètres, cet ouvrage plaçait les ingénieurs français en tête dans la construction des barrages en terre. Ce projet avait été conçu par Pierre-Paul Riquet pour lutter contre les famines. Un des premiers grands barrages français terminé en 1766, le barrage de Caromb, combinait les finalités de l’irrigation et de l’énergie.
Vers 1850 Si les quelques grands barrages construits avant 1850, avaient pour premier but l’alimentation des canaux de transport, c’est le développement de la révolution industrielle qui fut le moteur de la construction de barrages. Ils furent réalisés à des fins énergétiques car l’énergie hydromécanique joua un rôle important. Beaucoup furent construits pour la fourniture d’eau potable pour répondre à une urbanisation croissante et au développement de l’hygiène. Avec 52 mètres, le barrage de Furens, terminé en 1866, détenait le record du monde en hauteur. Sa conception intégrait les progrès faits dans le génie civil. Il fut pris comme modèle de barrage en maçonnerie dans le monde entier. A partir de 1850, grâce aux progrès réalisés dans la fabrication des liants hydrauliques, on assiste à la suprématie des barrages en maçonnerie. L’homme est plus sûr de l’étanchéité de la construction et de sa résistance à moyen terme, il peut ainsi concevoir les premiers barrages voûtes.
Fin 19° siècle et début du 20° siècle A partir de 1880, les inventions dues à l’électricité renforcèrent l’intérêt de la finalité énergétique des barrages. La première guerre mondiale mit le pays dans une situation énergétique critique. Cette situation est à l’origine d’une politique d’indépendance énergétique. C’est à cette période qu’apparurent les différents types de barrages ( contrefort, voûtes, poids, etc…). Cette diversification avait pour but d’apporter pour chaque site la réponse qui tenait compte au mieux des données techniques, de son environnement économique et social tout en permettant de réaliser l’ouvrage le plus sûr et le plus économique. Fierté française d'après guerre, le barrage de Tignes était le plus haut barrage-voûte d'Europe (181 m de haut) au moment de sa construction (il reste aujourd'hui le plus haut de France).
Les barrages de nos jours Le barrage de la Grande-Dixence est un barrage poids situé en Suisse. Il mesure 285 mètres de haut. Le barrage est un immense ouvrage dont la largeur atteint 193 mètres à la base et 15 mètres au couronnement. La longueur totale du couronnement se monte à 748 mètres. Au total, ce ne sont pas moins de 5 960 000 m3 de béton parcourus par 32 kilomètres de galeries et de puits de surveillance. La centrale hydraulique détient trois records mondiaux (état en 2005) : plus haute chute d’eau (1880 mètres) plus grande puissance par turbine Pelton (400 MW) plus grande puissance par pôle des alternateurs.