Lamarck, premier évolutionniste ?
Lamarck, premier évolutionniste ? Mythe du précurseur Evolutionniste ? … Place de l’historicité?
Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) 1779 : Flore Françoise… An II - 1794 : Recherches sur les causes des principaux faits physiques… An IX - 1801 : Système des animaux sans vertèbres An X - 1802 : Hydrogéologie ou recherches sur l’influence qu’ont les eaux sur la surface du globe terrestre… An X - 1802 : Recherches sur l’organisation des corps vivants… 1809 : Philosophie zoologique 1815-1822 : Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. 1820 : Système analytique des connaissances positives de l’homme
Lamarck fixiste
Hydrogéologie – an X - (1802) Les corps vivants sont la « cause première de l'existence de tous les composés » « ... tous les composés qu'on observe dans notre globe sont dus, soit directement, soit indirectement, aux facultés organiques des êtres doués de la vie » Êtres vivants seuls produisent des combinaisons.
Système des animaux sans vertèbres – an XI – 1801 Classes d’animaux sans vertèbres Mollusques Crustacés Arachnides Insectes Radiaires Polypes : Animaux au corps dépourvu de tête, et n’ayant d’autre organe interne apparent qu’un canal intestinal dont l’entrée sert de bouche et d’anus. Polypes à rayons Polypes rotifères Polypes amorphes : Les plus simples, dépourvus d’organes Vibrions, Protées, Monades Monas termo : « Voilà pour nous le plus petit et le plus simple de tous les animaux, le terme apparent de l'animalité, celui que les Naturalistes sont enfin parvenus à découvrir dans le règne animal, et à classer méthodiquement. »
Formulation de la théorie Modification de l’organisation avec perfectionnement Transformisme : 1867
Chapitre VII de la Philosophie zoologique De l’influence des Circonstances sur les actions et les habitudes des Animaux, et de celle des actions et des habitudes de ces Corps vivants, comme causes qui modifient leur organisation et leurs parties.
12 mai 1802 de « l’ancien style » Recherches sur l’organisation des corps vivants et particulièrement sur son origine, sur la cause de ses développemens et des progrès de sa composition, et sur celle qui , tendant continuellement à la détruire dans chaque individu, amène nécessairement sa mort ; Précédé du Discours d’ouverture du cours de Zoologie, donné dans le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’an X de la République. 27 floréal de l’an X 12 mai 1802 de « l’ancien style »
Ouverture du Discours : « Des progrès de la composition de l'organisation des corps vivans, à mesure que les circonstances les favorisent. » Sous-partie : « Dégradation de l’organisation d’une extrémité à l’autre de la chaîne des animaux. » « prendre l'ordre en sens inverse de celui de la nature » Série d’anéantissements : Mamaux, oiseaux, reptiles, poissons Disparition colonne vertébrale Mollusques, annélides, crustacés Disparition du coeur Arachnides, insectes Disparition de la fécondation Vers Disparition de la vue Radiaires Polypes Reste le toucher et la présence d’un canal alimentaire Dernier ordre des polypes : animalcules : « ne sont plus que des points animalisés, que des corpuscules gélatineux, transparens, d'une forme très-simple, et contractiles dans tous les sens. »
« C'est parmi eux sans doute que se trouvent les premières ébauches de l'animalité opérées directement par la nature, en un mot, les générations spontanées. »
« Insensiblement cette fossette, par l’habitude de se remplir, et par l’usage plus fréquent de ses pores, se sera augmentée graduellement en profondeur ; elle aura bientôt pris la forme d'une poche, ou d'un enfoncement tubuleux, poreux en ses parois, ou aveugle et n'ayant qu'une issue. Voilà le premier canal alimentaire créé par la nature, l'organe le plus simple de la digestion. [...] c'est en effet ainsi que se trouve conformé le canal alimentaire de tous des animaux de la classe des polypes. Les fluides contenables déposent de la matière et provoquent des déplacements qui participent à l'organisation. Acquisition de la contraction et de la distension. "Ainsi les fluides incontenables tracent d'abord les premiers traits de la plus simple organisation, et ensuite les fluides contenables par leurs mouvemens et leurs autres influences la développent, et avec le temps et toutes les circonstances favorables la compliquent et la perfectionnent." « ...répandus et toujours en mouvement dans les milieux qui l'environnent, pénétrant sans cesse et s'en dissipant de même, [les fluides incontenables] régularisent en traversant cette masse, la disposition intérieure de ses parties, et la rendent propre à absorber et à exhaler continuellement les autres fluides environnans qui peuvent pénétrer dans son intérieur et qui sont susceptibles d'être contenus. Etat gélatineux : « l'état le plus voisin de l'état fluide, ayant par conséquent la plus grande des souplesses, et seulement une consistance suffisante pour être susceptible de constituer les parties contenantes. Tel est l'état des corps organisés les plus gélatineux. » Orgasme vital : « une tension particulière dans tous les points des parties molles de ces corps vivans, qui tient leurs molécules dans un certain écartement entr'elles, [...] qu'elles sont susceptibles de perdre, par le simple effet de l'attraction, lorsque la cause qui l'entretient cesse d'agir. » La vie : «un ordre et un état de choses dans les parties de tout corps qui la possède, qui permettent ou rendent possible en lui l'exécution du mouvement organique, et qui, tant qu'ils subsistent, s'opposent efficacement à la mort
Générations spontanées et recommencement permanent
Philosophie zoologique - 1809 Ont amené
« Première loi Dans tout animal qui n’a point dépassé le terme de ses développements, l’emploi plus fréquent et soutenu d’un organe quelconque, fortifie peu à peu cet organe, le développe, l’agrandit, et lui donne une puissance proportionnée à la durée de cet emploi ; tandis que le défaut constant d’usage de tel organe, l’affaiblit insensiblement le détériore, diminue progressivement ses facultés et finit par le faire disparaître.
Deuxième loi Tout ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l’influence des circonstances où leur race se trouve depuis longtemps exposée, et, par conséquent, par l’influence de l’emploi prédominant de tel organe, ou par celle d’un défaut constant de l’usage de telle partie ; elle le conserve par la génération aux nouveaux individus qui en proviennent, pourvus que les changements acquis soient communs aux deux sexes, ou à ceux qui ont produit ces nouveaux individus. »
L’impossible matière originelle Quels sont dans les Recherches les termes d'une éventuelle réponse à la question de l'origine primordiale des êtres vivants ? Les générations spontanées sont-elles cette réponse ? Dans les Recherches Lamarck soutient toujours la même théorie chimique. Références aux Mémoires de Physique d'Histoire Naturelle. Appendice sur les « espèces parmi les corps vivans », phrases explicites montrent qu'il conçoit toujours que les détritus des corps vivants subissent des altérations qui fournissent « les matériaux de toutes les matières minérales ».
Philosophie zoologique : « toutes les matières minérales composées, telles que les terres et les pierres, les substances métalliques, sulfureuses, bitumineuses, salines, etc., proviennent des résidus des corps vivants ». Conclusion de Lamarck : « Il sera même très vrai de dire que les corps vivans sont la source première où toutes les matières composées connues ont pris naissance. » Contradiction : possibilité des générations spontanées / idée que la matière vivante soit à l'origine de toute la matière.
Quelle est l'origine des corps gélatineux ? Autre contradiction : Selon les principes de sa chimie, ils ne peuvent être le résultat d'une organisation de la matière minérale sans qu'il y ait une intervention du vivant ! 1 ) accepter cette incohérence. 2 ) considérer que les corps gélatineux sont le produit à un certain stade de l'altération de corps vivants et que cette matière peut être de nouveau mobilisée dans le cadre des générations spontanées. Lamarck ne nous guide aucunement sur la voie d'une solution. Cependant, s'il ne renie pas sa chimie, il ne lui accorde aucun rôle particulier lorsqu'elle pourrait constituer un obstacle, c'est à dire lors de l'exposé du processus de la génération spontanée. Le lecteur attentif peut, en recherchant cette articulation entre la chimie de Lamarck et ses conceptions sur le vivant, se trouver dans l'embarras, mais il lui sera aussi possible d'en faire abstraction et de se placer, comme Lamarck l'invite à le faire, uniquement dans le champ d'une réflexion sur les processus vitaux afin de négliger la question de la nature et de l'origine de la matière gélatineuse.
Le commencement l’histoire ? «... qui est-ce qui ne sent pas que c'est par cette extrémité de l'échelle, soit animale, soit végétale, que la nature a commencé et recommence sans cesse les premières ébauches de ses productions vivantes ? » 1802 Pourtant, si l'ouvrage reste exempt de toute évocation d'une Terre originelle ne portant aucune vie, il n'en reste pas moins que certains passages semblent introduire une dimension historique en contradiction avec l'interdiction précédente et expriment l'idée d'une origine primordiale de la vie. Ainsi la possibilité d’un commencement semble évoquée dans les lignes suivantes : La distinction entre les temps des verbes « commencer » et « recommencer » peut inciter le lecteur à distinguer deux époques. D'une part, l'époque passée, durant laquelle les premières ébauches ont vu le jour, mais ce commencement a-t-il alors valeur d'origine ? D'autre part, le présent qui voit se poursuivre les générations spontanées et qui, ainsi, est le théâtre de la répétition des générations primordiales.
Certaines lignes recèlent une teneur historique : «... vous concevez qu'en vous reportant à l'extrémité de la chaîne animale où se trouvent les organisations les plus simples, et qu'en considérant parmi ces organisations celles dont la simplicité a pu être si grande, qu'elle s'est trouvée à la portée de la puissance créatrice de la nature ; alors cette même nature, c'est à dire, l'état des choses qui existent a pu former directement les premières ébauches de l'organisation ; elle a pu ensuite par l'emploi de la vie et à l'aide des circonstances qui favorisent sa durée perfectionner progressivement son ouvrage, et l'amener au point où nous la voyons maintenant. » Lieu de l’origine : Lamarck s’appuie sur des faits zoologiques pour affirmer que c’est dans l’eau que « le règne animal a pris son origine ».
Traces d’historicité plus ambiguës : « Les premières ébauches de la vie, les molécules gélatineuses, en quelque sorte vitalisées par la fécondation de la nature, et le stimulus si répandu partout dans les temps chauds, auront [...] reçu dès les premiers temps la faculté d'absorber, par les pores de leur surface externe, les fluides propres à les alimenter. » Il n’est pas précisé ici si ces premiers temps sont ceux du phénomène répétitif des GS ou ceux qui au commencement absolu du processus.
Autre trace d’ historicité, extraite de l’Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (1815) : « Après les infusoires, les polypes sont les animaux les plus anciens de la nature ; car, dans cette branche, elle n’a pu donner l’existence à une organisation plus composée, qu’après avoir amené celle qui constitue leur nature, en un mot, qu’après avoir préparé en eux les moyens d’arriver à la formation des Radiaires, et à celle des Ascidiens. Que de monumens, en effet, attestent de l’ancienneté d’existence des polypes sur presque tous les points de la surface du globe, et la continuité de leurs travaux dans les mers depuis les premiers temps. »
Conclusion Evolutionniste ? 1 – Difficulté quant à l’évolution de la matière 2 – Répétition 3 – Pas de contingence Evolutionnisme limité / Historicité limitée Premier ?
Le discours d’ouverture de l’an VIII « ... hiatus immense [...] qui fait sentir que l'origine des uns est bien différente de celle des autres. » La « diminution progressive des facultés animales » qui conduit « insensiblement au terme inconcevable de l'animalisation, c'est à dire à celui où sont placés les animaux les plus imparfaits, les plus simplement organisés, ceux en un mot qu'on soupçonne à peine doués de l'animalité, ceux par lesquels la nature a peut-être commencé, lorsqu'avec l'aide de beaucoup de temps et de circonstances favorables elle a formé tous les autres. » « La terre en effet, particulièrement vers sa surface, les eaux et même l'atmosphère dans certains temps et dans certains climats, sont peuplées en quelque sorte de molécules animées, dont l'organisation quelque simple qu'elle soit, suffit pour leur existence. Ces animalcules se reproduisent et se multiplient, surtout dans les temps et les climats chauds, avec une fécondité effrayante, fécondité qui est bien plus considérable que celle des gros animaux dont l'organisation est plus compliquée. Il semble, pour ainsi dire, que la matière s'animalise de toutes parts, tant les résultats de cette étonnante fécondité sont rapides. »