D.-P. ROOU Lycée Chaptal Mende

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Transcription de la présentation:

D.-P. ROOU Lycée Chaptal Mende 2011-2012 Croissance économique, mondialisation, mutation des sociétés L’immigration et la société française au 20e siècle D.-P. ROOU Lycée Chaptal Mende 2011-2012

L’immigration et la société française au 20e siècle Effigie de Marianne, symbole de la République, de la nation républicaine Importance des noms et prénoms traduisant des origines italiennes ou polonaises de ces victimes d’un accident minier Statues d’un forgeron et d’un mineur symbolisant les activités ouvrières de la ville de Montceau-les –Mines Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956

L’immigration et la société française au 20e siècle Ouvriers qui eux-mêmes apparaissent ici comme les supports ou les piliers de la nation républicaine… Des immigrés ou descendants d’immigrés en nombre important dans cet accident minier… … et qui constituent une composante importante du monde ouvrier dans la société française à l’âge industriel Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956

L’immigration et la société française au 20e siècle En quoi l’immigration a été fondamentale dans l’affirmation d’une société française industrielle et urbaine au 20e siècle? Peut-on parler d’une véritable reconnaissance de ce rôle clé dans la France républicaine du 20e siècle? Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956

Trois vagues d’immigration Trois grandes phases de hausse du nombre d’étrangers en France apparaissent, suivies d’une stagnation ou d’une réduction. Mais ces moments de stagnation du nombre d’étrangers ne signifient pas forcément un arrêt de l’immigration , même si les autorités cherchent à la limiter, en particulier depuis le milieu des années 1970. En effet est étrangère une personne vivant en France de nationalité non française. Est immigrée une personne née étrangère à l’étranger, vivant en France, et pouvant avoir acquis la nationalité française. Dès lors lorsque certains étrangers acquièrent la nationalité française et que certains immigrés arrivent en France, l’immigration se poursuit tandis que le nombre d’étrangers peut stagner Les deux premières phases d’immigration sont caractérisées par l’arrivée d’Européens, essentiellement de pays limitrophes pour la première, de pays plus éloignés pour la seconde. La troisième phase voit apparaitre de nouvelles origines (Maghreb en particulier) . Depuis les années 1980 les origines non européennes sont dominantes. Evolutions du nombre d’étrangers en France et de leurs nationalités. Source:  Noiriel G. : Atlas de l’immigration en France, Autrement, 2006

L’immigration et ses facteurs Immigration étant liée à l’industrialisation du pays. Et en France immigration ayant permis l’essor industriel alors même que les paysans restaient très attachés à leurs (petites) propriétés et que le déclin de la part d’agriculteurs dans la population active fut lent jusqu’en 1945 Trois vagues d’immigration correspondant à des phases de croissance économique (développement industriel du 19e siècle, phase de reconstruction des années 1920, croissance des Trente Glorieuses…). Cependant existe dès l’entre deux guerres une immigration pour raisons politiques (fuite des régimes stalinien, fasciste, franquiste…) Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] »

L’immigration et ses facteurs Aujourd’hui cependant nouveaux « modèles d’immigration » en France avec l’arrivée de migrants –parfois clandestins du fait d’une certaine fermeture des frontières- en simple transit en France, leur objectif étant de rejoindre d’autres pays comme le Royaume-Uni… Processus d’immigration toujours amorcé par l’arrivée d’hommes célibataires ou sans leurs épouses. Immigration n’étant pas vue comme définitive au départ. L’objectif est d’apporter un revenu supplémentaire dans le pays d’origine. Cependant retour s’avérant parfois difficile du fait de la durée de la coupure, des difficultés d’installation économique dans ce pays… Dès lors immigration devenant définitive. Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Avec une immigration définitive, enjeu de l’installation de la famille des homme ayant initialement immigré. Depuis les années 1977-78 mesures de « regroupement familial » afin de permettre cette installation. Mesures se justifiant par « le droit de mener une vie familiale normale » pour « les étrangers régulièrement installés » (arrêté du Conseil d’Etat du 8-12-78). Droits des immigrés reconnus en vertu du Préambule de la Constitution du 04 Octobre 1958 mais aussi de la Charte Européenne des Droits de l’Homme signée par la France… Avec une immigration définitive, enjeu de l’installation de la famille des homme ayant initialement immigré. Depuis les années 1977-78 mesures de « regroupement familial » afin de permettre cette installation. Mesures se justifiant par « le droit de mener une vie familiale normale » pour « les étrangers régulièrement installés » (arrêté du Conseil d’Etat du 8-12-78). Ce droit est reconnu en vertu du Préambule de la Constitution du 04 Octobre 1958 mais aussi de la Charte Européenne des Droits de l’Homme signée par la France… A ce titre enjeux de l’immigration dépassant le strict cadre national.

Etre immigré en France Conditions de vie des immigrés italiens du début du 20e siècle semblant difficiles, tout particulièrement dans le domaine de l’habitat. Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Avec l’importante immigration de l’après guerre, développement de bidonvilles dans les périphéries des grandes villes françaises. Construction des grands ensembles en partie liée à la volonté de réduire ces poches d’habitat précaires. Immigrés constituant dès le début de ces cités une part importante de leur population. De ce fait, spécificité des lieux de vie des immigrés Nanterre: le bidonville des pâquerettes et en arrière plan la cité des Canibous en construction (entre 1959 et 1961). Source: site de la cité nationale de l’histoire de l’immigration. http://www.histoire-immigration.fr

Etre immigré en France Difficulté de communication avec le reste de la population du fait de barrières linguistiques Vision de l’immigré qui traduit une certaine hostilité de l’observateur à leur endroit lequel semble tout au long du texte regretter leur présence en Lorraine Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Image des immigrés comme celle d’un groupe fermé sur lui-même et image ici assez négative de ces immigrés, qui seraient selon l’auteur du texte à la fois fraudeurs, criminels et terrorisant le reste de la population. Constantes difficultés d’intégration des immigrés, acceptant des travaux que les Français n’accepteraient pas ce qui entraine des tensions… Groupe d’immigrés semblant fermé sur lui-même mais vu l’hostilité existant à leur endroit cette fermeture est autant, sinon plus, liée à l’accueil très médiocre leur étant réservé qu’à leur volonté propre.

Etre immigré en France Pour autant si la France a su intégrer (ou assimiler) les enfants d’immigrés au cours du 20e siècle c’est aussi grâce aux perspectives de promotion sociale offertes par une économie en croissance assez vigoureuse, en particulier durant les Trente Glorieuses. La croissance ralentie actuelle est à l’inverse source de plus de difficultés d’intégration. Dès lors, il y a moins un problème d’immigration que de marché du travail peu intégrateur dans la France du début du 21e siècle… Les descendants d’immigrés et leurs racines. Extrait de la conclusion de l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante dont le père était un immigré italien. Son voyage en Ritalie est un ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et la conclusion de ce livre est très personnelle Chacun de nous est sorti du creuset, porteur d’une part de francité et d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près tout et son contraire. Pour ma part, après avoir été tricolorisé jusqu’au bout des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction. J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, faite d’emprunts à ce qu’il pouvait y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de mes deux familles, et gommant le reste, sans être tout à fait dupe de l’entreprise. En quête de racines distinctes de celles des femmes qui m’ont élevé, et à qui je dois d’être ce que je suis, j’ai au moins appris une chose de ce long voyage : c’est que je n’avais pas, que je ne pouvais pas avoir d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme ces peuples de nomades qui se déplacent avec les images de leurs dieux dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Les descendants d’immigrés et leurs racines. Extrait de la conclusion de l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante dont le père était un immigré italien. Son voyage en Ritalie est un ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et la conclusion de ce livre est très personnelle Chacun de nous est sorti du creuset, porteur d’une part de francité et d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près tout et son contraire. Pour ma part, après avoir été tricolorisé jusqu’au bout des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction. J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, faite d’emprunts à ce qu’il pouvait y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de mes deux familles, et gommant le reste, sans être tout à fait dupe de l’entreprise. En quête de racines distinctes de celles des femmes qui m’ont élevé, et à qui je dois d’être ce que je suis, j’ai au moins appris une chose de ce long voyage : c’est que je n’avais pas, que je ne pouvais pas avoir d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme ces peuples de nomades qui se déplacent avec les images de leurs dieux dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Si la situation d’un immigré peut sembler difficile, celle de ses descendants peut paraitre plus enviable, à l’image ici de celle de P. Milza qui est un universitaire de renom. Dans cette intégration ou, plus justement ici, assimilation, importance de l’école, du « mariage-mixte » (père italien/ mère française)… Il est également possible d’évoquer le rôle de l’accession à la nationalité française selon le « droit du sol » à partir de la loi de 1889 principe réaffirmé par la loi de 1998. L’expression de « creuset » français utilisée ici renvoie à cette intégration de populations d’origines diverses sur plusieurs générations.

Etre immigré en France Pour autant, rapport original à la nation française. Celle-ci n’est pas vue comme une appartenance exclusive. Même si la volonté d’affirmer des racines étrangères procède autant d’un souci de distinction, d’affirmation de soi, que d’un contact réel et intime avec le pays d’origine d’une partie de la famille, cette volonté puise sa légitimité dans une histoire familiale en apparence distincte de celle de nombreux autres Français. Ce que décrit ici Milza avec le recul de l’universitaire est une réalité présente chez de nombreux enfants d’immigrés… Les descendants d’immigrés et leurs racines. Extrait de la conclusion de l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante dont le père était un immigré italien. Son voyage en Ritalie est un ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et la conclusion de ce livre est très personnelle Chacun de nous est sorti du creuset, porteur d’une part de francité et d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près tout et son contraire. Pour ma part, après avoir été tricolorisé jusqu’au bout des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction. J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, faite d’emprunts à ce qu’il pouvait y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de mes deux familles, et gommant le reste, sans être tout à fait dupe de l’entreprise. En quête de racines distinctes de celles des femmes qui m’ont élevé, et à qui je dois d’être ce que je suis, j’ai au moins appris une chose de ce long voyage : c’est que je n’avais pas, que je ne pouvais pas avoir d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme ces peuples de nomades qui se déplacent avec les images de leurs dieux dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Les descendants d’immigrés et leurs racines. Extrait de la conclusion de l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante dont le père était un immigré italien. Son voyage en Ritalie est un ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et la conclusion de ce livre est très personnelle Chacun de nous est sorti du creuset, porteur d’une part de francité et d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près tout et son contraire. Pour ma part, après avoir été tricolorisé jusqu’au bout des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction. J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, faite d’emprunts à ce qu’il pouvait y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de mes deux familles, et gommant le reste, sans être tout à fait dupe de l’entreprise. En quête de racines distinctes de celles des femmes qui m’ont élevé, et à qui je dois d’être ce que je suis, j’ai au moins appris une chose de ce long voyage : c’est que je n’avais pas, que je ne pouvais pas avoir d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme ces peuples de nomades qui se déplacent avec les images de leurs dieux dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Et l’itinéraire de P. Milza n’est pas une exception puisqu’en France aujourd’hui, entre le quart et le tiers des Français ont au moins l’un de leurs grands parents qui est un immigré… Ce qui en dit long sur le potentiel sentiment éprouvé par de nombreux Français d’être « d’éternels nomades »…