Huile sur toile 106 cm×146 cm Musée du Louvre Georges de La Tour 1635 Huile sur toile 106 cm×146 cm Musée du Louvre En 1934 s’ouvre au musée de l’Orangerie une exposition qui va connaître un grand succès : « Les Peintres de la réalité en France au XVIIeme siècle ». Elle permet de redécouvrir des peintres tombés dans l’oubli, dont Georges de La Tour, un peintre Lorrain Par la simplification des volumes, l’étrangeté de la composition et l’aspect cocasse du sujet, Le Tricheur du Louvre a trouvé une place de choix dans la sensibilité du XXème siècle. On imagine facilement la fascination que devait exercer cette œuvre sur les cubistes par son traitement des masses ou sur surréalistes par son caractère mystérieux
Un homme soumis aux tentations L’ivresse à travers la servante qui apporte du vin La luxure symbolisée par une femme portant des perles, symbole de sensualité et de vénalité Le jeu d’argent, associé au mal, interdit par le roi et l’Eglise… Ainsi, derrière une scène de genre apparemment banale se cache un message au sens religieux
une mise en garde pour celui qui ose se confronter aux femmes, au vin et au jeu Un jeu des regards et des lignes mystérieux, attirant la curiosité du spectateur et imposant une connivence avec le trio « infernal », avec le regard du tricheur Le « pigeon », paré de riches atours, isolé des escrocs qui vont le « plumer »
Georges de La Tour est un maître du « clair-obscur, une technique qui joue sur la lumière pour mettre en relief ici la meneuse de jeu, très exposée sur un fond noir Le noir met en valeur et fait ressortir naturellement les couleurs: rouge et or, luxe et richesse sensuelle. Les vêtements sont riches en détails, en précisions, matière du velours, impression des tissus, verres de Venise, bracelet et collier de perles, boucles d'oreilles, plumes. Mais à travers cette richesse de matière, tout sent la farce et l'illusion.
Un thème déjà largement exploré par Le Caravage avec « les tricheurs » en 1595 (huile sur toile 94x121 cm) à l’origine dans la collection du cardinal Francesco Del Monte qui devint le mécène du Caravage et son premier protecteur. avec « la diseuse de bonne aventure » en 1597 … une scène profane sur la tromperie et la naïveté, à rapprocher du théâtre contemporain. " La bohémienne esquisse un sourire alors même qu'elle enlève la bague de la main du jeune homme pendant que ce dernier, tout à sa libidineuse attention, ne quitte pas des yeux la belle."
La technique aussi bien que l’émotion qui se dégage de l’image font de ce tableau un véritable morceau de bravoure. Le peintre confronte le physique fruste et imposant du vieillard, au regard plein d’inquiétude, à celui de l’enfant dont la pureté est ainsi mise en valeur. Ce contraste est accentué par la forte réflexion de la lumière sur le visage du Christ qui semble à son tour éclairer la pièce. On retrouvera fréquemment ce procédé dans les œuvres de Georges de La Tour. Il marque ainsi la présence de la divinité, dans une scène issue de la vie quotidienne et traitée avec véracité. L’effet qui en résulte est à la fois d’une grande retenue, mais aussi d’une force visuelle marquante. Enfin, le peintre donne la mesure de son talent par des détails surprenants comme la main de l’enfant traversée par la lumière de la bougie ou la très belle nature morte du premier plan constituée d’un outil et d’un copeau de bois. wwwlouvre.fr Georges de LA TOUR (1593-1652) Saint Joseph charpentier, 1640 Huile sur toile H. : 1,37 m. ; L. : 1,02 m. Donation Percy Moore Turner, 1948