Le non recours aux dispositifs de suivi des décrocheurs

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Transcription de la présentation:

Le non recours aux dispositifs de suivi des décrocheurs Céline Vivent Centre associé Céreq de Basse-Normandie – ESO Caen

Contexte Appel à expérimentations sociales lancé par le HCJ en 2009 Le GIP Auvergne avait déposé le projet « Prévenir le décrochage scolaire et organiser les collaborations dans l'académie de Clermont». Le centre associé Céreq de Basse-Normandie était chargé de l’évaluation de cette expérimentation. Une expérimentation n’est pas un contexte « normal » d’observation du décrochage au sens où les acteurs, le dispositif innovant et les jeunes sont dans un espace-temps particulier. Évaluation de 6 autres expérimentations sociales dont 4 sur le décrochage dans le secondaire Point sur l’observation : il est à la fois borné par un début et une fin et dans des territoires délimités également. Les acteurs ont des injonctions précises quant au déroulement de l’expérimentation, notamment dans le ciblage du public visé par l’innovation et tout se passe sous les yeux d’une équipe d’évaluation externe, plus ou moins distanciée selon le cas. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Problématique « Le non-recours renvoie à toute personne qui -en tout état de cause- ne bénéficie pas d’une offre publique, de droits et de services, à laquelle elle pourrait prétendre. » (Warin, 2010) Peut-on utiliser l’angle du non-recours dans le cadre de l’évaluation des politiques publiques de lutte contre le décrochage scolaire? Dans le cadre de la lutte contre le décrochage scolaire, peut- on considérer le décrochage comme un non-recours à l’école? Le non-recours est un fait marquant de toutes les expérimentations sociales de lutte contre le décrochage scolaire que le CAR Céreq de Basse-Normandie évalue en ce moment. Je vais essayer de lire de manière transversale en survolant plusieurs expérimentations, comment le non-recours se manifeste du point de vue des décrocheurs et du point de vue des acteurs mobilisés. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Plan La typologie de l’observatoire du non-recours aux droits et services (Odenore) Le décrochage scolaire comme non recours à l’école ? Les formes de non-recours aux dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Typologie de non-recours C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Le non-recours aux droits et aux services Les premières études en France ont été menées par la CNAF sur le non-recours aux prestations sociales, dans les années 1990. Dans le domaine de la santé, (retards et abandons de soins, inobservation des prescriptions) Non demande des usagers Exemple du non recours au RMI : non recours à l’allocation versée, au contrat d’insertion, aux services de formation ou de santé connexes. Dès lors qu’une offre s’adresse à un public, il y a une possibilité de non-recours => non recours aux droits et services. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Typologie explicative du non-recours Non connaissance Une personne éligible est en non-recours, par Manque d’information sur son existence ou son mode d’accès Non proposition du prestataire Non demande Une personne éligible et informée est en non recours car elle n’a pas demandé par choix, à cause de Non adhésion aux principes de l’offre Manque d’intérêt pour l’offre (coût / avantage) Estime de soi Alternatives Ou par contrainte, à cause de : Découragement devant la complexité de l’accès Difficultés d’accessibilité (distance, mobilité) Difficultés à exprimer des besoins Crainte de stigmatisation Perte de l’idée d’avoir des droits Non réception Une personne éligible demande, mais ne reçoit rien ou que partie, car Abandon de la demande, inattention aux procédures, arrangement avec le prestataire, dysfonctionnement du service prestataire, discrimination C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Le décrochage scolaire et le non-recours à l’école C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

« Ceux qui n’y vont pas et ceux qui n’en veulent plus » (Dutercq, 2001) Le non-recours à l’école est peu étudié en France du fait du caractère obligatoire de la scolarité pour les 6-16 ans. Yves Dutercq distingue 3 formes de non-recours à l’école : le non-recours en lien avec la marginalisation ou l’exclusion sociale (le décrochage scolaire), le refus de la scolarisation traditionnelle (l’instruction à la maison, par la famille), ou au profit de forme de scolarisation collective hors contrat. « Il est essentiel de ne pas voir seulement dans le non-recours une attitude de passivité ou de renoncement, mais de se demander pour quels motifs on ne recourt pas, en raison de quels manques, de quels défauts de l’école ». Décrocher peut être un processus volontaire de refus de l’école. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Le non recours aux dispositifs d’accompagnement Si le dispositif expérimenté n’attire pas autant de jeunes que son porteur l’avait escompté, peut-on parler de nouvel échec des instances locales chargées de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes ? Si le décrochage scolaire est un non recours à l’école, est-ce que le non-recours au dispositif expérimenté est un nouveau décrochage ? En quelques sortes, une récidive qui témoignerait d’un processus en marche vers une exclusion sociale ? Est-ce que ce non-recours peut être envisagé comme une étape nécessaire vers un raccrochage ? Il ne s’agit en aucun cas de mettre de côté les risques plus forts de précarité et les difficultés majeures d’insertion sociale et professionnelle qui pèsent sur les jeunes qui sortent sans qualification du système éducatif. Il s’agit ici de prendre un autre point de vue sur les dispositifs expérimentés en vue de lutter contre le décrochage scolaire. L’objectif est in fine, de s’attarder sur ce non-recours pour réfléchir à des solutions plus adaptées. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Le non recours aux aides au raccrochage C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Les formes de non-recours aux dispositifs d’accompagnement Dans ce cadre d’observation particulier, que sont les expérimentations, ce qui se rapprochera des situations de non-recours sont : Le fait pour un jeune potentiellement bénéficiaire, d’être non joignable, au moment de l’expérimentation ; Le fait de refuser la proposition de suivi ; Le fait d’accepter puis de refuser de continuer la solution envisagée. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas de non proposition du fait de mauvaises coordonnées incorrectes pour plusieurs raisons : déménagement du jeune ou de sa famille, situation d’accueil changeante, une actualisation trop ancienne dans les fichiers. Action dont l’objectif est de signaler le plus tôt possible le décrochage : Traitement académique appuyé sur les transmissions d’alerte entre plusieurs institutions. Ces échanges d’informations sont suivis de prises de contacts avec le jeune, plus ou moins rapides selon les territoires.  Pour autant, lorsque nous avons démarré nos enquêtes auprès des jeunes pourtant contactés et suivis, 18 % des courriers nous sont revenus. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas de refus de la proposition de suivi ou de solution Une méfiance vis-à-vis des institutions en général provenant d’une assimilation de la proposition de suivi au problème. La solution proposée ne correspond pas aux besoins réels. D’autres ressources non professionnelles peuvent être mobilisées. Situation 1 : Le refus est une réaction à des tentatives passées infructueuses. Situation 2 : D’autres soucis (qui peuvent être d’ordre affectifs, sociaux, familiaux, psychologiques) sont à régler avant d’être disponibles pour un dispositif de retour en formation ou d’accompagnement vers l’emploi. Situation 3 : C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas de refus de la proposition de suivi ou de solution Actions : la première situation appelle un travail de mise en confiance. Demande un temps long, notamment dans le cas de jeunes qui sont déjà suivis (ou leur famille) par de multiples travailleurs sociaux issus de plusieurs services sociaux ; Demande parfois de revoir l’approche de l’accompagnement. Point 1 : la multiplicité de ces suivis témoigne de la complexité de leur situation. Les acteurs des CIO rencontrés prennent la décision d’envoyer quand même des courriers rappelant au jeune que s’il a besoin d’un renseignement ou d’un accompagnement, le CIO lui est ouvert. Les conseillers des ML disent également que le jeune a besoin de temps pour réfléchir à sa situation. Ce temps peut durer plusieurs mois, le principal étant, selon eux, de le recontacter de temps en temps, pour être là s’il a besoin. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas de refus de la proposition de suivi ou de solution La seconde situation demande de diagnostiquer les besoins primordiaux pour aiguiller vers les services les plus compétents. Les réunions interinstitutionnelles comme les CVE, les réseaux de travailleurs sociaux sont autant d’occasions d’aborder ces situations de refus pour savoir si d’autres professionnels pourraient prendre le relai. Un cas de non demande par difficulté d’expression des besoins également un temps de mise en confiance pour y arriver. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas de refus de la proposition de suivi ou de solution La troisième situation (un emploi, une aide familiale ou une) est perçue par les acteurs de 2 façons : comme peu viable, puisque non accompagnée par un professionnel ; comme une certaine forme d’autonomie et une prise d’initiative à partir de ses propres ressources. Dans le cadre des évaluations, ces situations ont été décrites lors d’observations de réunions de travail et d’entretiens. Il s’avère que la plupart du temps, les jeunes sont connus par plusieurs institutions présentes autour de la table (mission locale, établissement scolaire, CIO, MGI). C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas d’acceptation puis de refus de poursuivre la solution envisagée Elle peut être le différé du cas précédent. Le cas de Maxime, 14 ans : le collège comme « un supplice ». D’autres situations de rupture totale après des parcours de suivi ont été observées par d’autres institutions. Actions : La gestion de ces situations peut être menée de plusieurs manières. La différence va être dans la prise en compte du temps, et de l’effectif du dispositif. Contextes : cette situation est un peu la hantise des acteurs chargés de l’accompagnement des décrocheurs. adolescents de 14 ans qui a été diagnostiqué hyperactif, bénéficiaire d’un dispositif expérimenté œuvrant pour à la fois redonner de l’appétence scolaire et pour faciliter et maintenir l’accès aux soins psychiques. Sa maman fait état de beaucoup de souffrances : le collège était un « supplice ». Beaucoup d'essais : 7 établissements, 4 éducateurs. Maxime est depuis 4 mois complètement déscolarisé, ne voit personne, ne sort pas de chez lui : il apparaît que c’est la solution la moins pire pour l'instant. Il ne veut plus prendre son traitement. Il y a une sorte de spirale des difficultés : au fur et à mesure, l'établissement rend les parents responsables, coupables de la situation. Ces derniers se retrouvent dans un désarroi total au point de reporter la responsabilité de cette situation sur leur enfant. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas d’acceptation puis de refus de poursuivre la solution envisagée dispositifs (remobilisation, resocialisation) disposant d’un certain nombre de places déterminées à l’avance et fonctionnant selon un nombre de semaines déterminées. Ces dispositifs sont pour la plupart déjà « complets » avant le mois de décembre. Les jeunes en situation de décrochage continuent pourtant à venir mais se retrouvent en attente. si un jeune inscrit décide de ne plus venir, alors il y a un arbitrage entre lui garder la place pour lui laisser le temps et offrir une place vacante un autre jeune en attente. Cela peut varier de quelques semaines à plusieurs mois sans toutefois excéder une année scolaire (que ce soit pour une classe relai, ou pour un dispositif MGI tel que le parcours individualisé de formation (PIF) ou parcours adapté. Point 2 : Il s’agit dans ce cadre d’être réactif et d’essayer de soutenir le plus de jeunes possibles. Pour autant, toujours dans ce cadre, si le premier jeune était amené à vouloir revenir (là encore pour différentes raisons), alors ce n’est pas sûr qu’il ait de nouveau « sa » place. Il risque de devoir attendre une nouvelle session. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas d’acceptation puis de refus de poursuivre la solution envisagée Dans le dispositif expérimenté qui accueillait Maxime, on ne change pas les groupes, on ne change pas les horaires. une période de « latence », une période où le jeune n’est disponible pour rien ni pour personne. Et cette temporalité est variable : quelques jours (parfois de manière cyclique) à plusieurs mois avant une reprise future. C’est donc dans un contexte de temps long et de droit au retrait que s’inscrit ce dispositif et qui lui permet de suivre des jeunes fragiles psychologiquement. ce dernier fait toujours partie des effectifs inscrits mêmes après plusieurs semaines d’absences. Il a toujours « sa » place, et les éducateurs présents dans le dispositif le contactent et essaient de rester en contact avec les parents, comme un fil « invisible » mais tenu. Les professionnels de ce dispositifs (enseignants, éducateurs, psychologues, médecin) savent que c’est nécessaire pour le jeune de souffler, de réfléchir, de relâcher la pression qu’il ne supporte plus. Des jeunes fragiles mais qui mettent sans dessus dessous les établissements scolaires qu’ils fréquentent C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Cas d’acceptation puis de refus de poursuivre la solution envisagée Il est donc important dans les dispositifs de prendre en compte cette période de latence nécessaire, ou ce non- recours temporaire pour certains jeunes sans considérer qu’ils sont de nouveau en décrochage. Ils ont besoin de souffler car ils ne supportent plus la pression exercée sur eux (réussite scolaire, parcours de réussite personnelle, projet d’orientation). C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Conclusion Si le dispositif expérimenté n’attire pas autant de jeunes que son porteur l’avait escompté, peut-on parler de nouvel échec des instances locales chargées de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes ? Pour le savoir, la prise en compte du non-recours comme non-demande devrait faire partie des protocoles d’expérimentation afin de réfléchir au contenu proposé, à l’adaptabilité au public présent et au public potentiel absent. Cela permettrait de se poser les questions relatives aux raisons de la non-demande : découragement, méfiance, rapport coût/bénéfice. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Conclusion Si le décrochage scolaire est un non recours à l’école, est-ce que le non-recours au dispositif expérimenté est un nouveau décrochage ? Est-ce que ce non-recours peut être envisagé comme une étape nécessaire vers un raccrochage ? Le fait de poser les deux hypothèses permet de se poser la question de la décision du non-recours et de la replacer dans le contexte et surtout dans le parcours du jeune en situation de décrochage. Comment considérer cette possibilité de non-recours dans le cadre d’un dispositif ? La tendance est à vouloir laisser les jeunes en décrochage le moins longtemps possible « sans suivi par un professionnel » : réduire les interstices pour réduire la déperdition. Cela est vrai pour beaucoup d’entre eux, mais certains ont besoin, à l’inverse, d’une rupture pour envisager une réorientation de leur parcours. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Bibliographie et Liens utiles Céreq: http://www.cereq.fr Dutercq, Y. (2001). Ceux qui n’y vont pas et ceux qui n’en veulent plus. Enfances & Psy, 16(4), 114–119. Odenore: Observatoire des non-recours aux droits et services http://Odenore.msh-alpes.fr/ Warin, P. (2010). Le non-recours : définition et typologies, Document de travail n°1, Odenore. C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012

Oui, j’arrêterai quand même l’école Non, je continuerai l’école Si c’était à refaire ? Oui, j’arrêterai quand même l’école Non, je continuerai l’école Non, autres décisions 42% 35% 23% (<17 ans) ( > 18 ans ) La décision du décrochage est ici rattachée à l’expérience personnelle de l’individu qui peut la considérer comme une rupture avec une situation, une expérience qui ne lui était plus possible. On est bien dans un processus C. Vivent CAR Céreq de Basse-Normandie 28/03/2012