4. Une cité précolombienne confrontée à la colonisation européenne ou Pékin : une cité interdite ? Quel rapport entretiennent les Européens à l’Autre à la suite des grands voyages d’explorations ? « Quand les Chinois découvrent et capturent des canons portugais, ils s’empressent de les copier pour les retourner contre l’envahisseur européen ; lorsque les Aztèques s’emparent d’une bombarde espagnole, faute de savoir s’en servir, ils la jettent au fond du lac de Mexico en offrande aux forces divines. » Serge GRUZINSKI, Mondialisation, le grand Bond en avant, L’histoire, Juillet-aout 2010

Sur la richesse des civilisations extra-européennes ? Une cité précolombienne confrontée à la colonisation européenne Pékin : une cité interdite ? Ce que demande le programme … Une étude des conditions de la conquête espagnole, de l’édification d’une société coloniale, les ruines des civilisations aztèque et inca Une étude de la puissance et des fragilités d’une civilisation qui a choisi de renoncer à conquérir le reste du monde Ce que permet de montrer l’exemple … Sur la richesse des civilisations extra-européennes ? Difficulté à appréhender ces civilisations car dépendance des récits portugais et espagnols Mondes réticulaires, en archipels, marqués par les échanges économiques, parsemés de routes, à l’histoire jonchée de migrations Mondes marqués par le développement urbain Pékin, lieu de résidence des Ming à partir de 1450 est la + grande ville du monde. Les Ming élaborent un système politique monarchique de droit divin, fortement centralisé (Cité interdite). Sous l’impulsion impériale, la Chine de l’époque n’a rien à envier à l’Europe en terme de développement économique, de techniques agricoles et manufacturières, de connaissances scientifiques ou d’administration. Sur la vision qu’ont ces civilisations des Autres ? L’arrivée des Européens constitue un choc anthropologique qui mêle crainte et fascination issue d’un imaginaire fantastique et religieux. La résistance à la conquête est notable, contrairement à une idée reçue (affrontement entre Cortès et l’Empereur Moctezuma, révolte des Quechuas en 1535). Début XVe, l’Empereur Yongle lance une série d’expéditions maritimes (Zheng He entre 1405 et 1433) pour subordonner les périphéries de l’Océan indien. Mais La priorité est donnée à la consolidation des marges. L’effort militaire contre les Mongols met fin aux expériences d’expansion maritime (Grande Muraille) Sur l’issue de la volonté d’expansion européenne ? Impact des maladies infectieuses Dynamique religieuse Effondrement de Tenochtitlan (1521) et de Cuzco (1533) Violence, destruction systématique de la culture indienne, mise en place du système d’exploitation coloniale Mise en place du vaste système de la traite négrière En 1517, MANUEL Ier dépêche une ambassade à Pékin qui débarque dans la ville 3 ans plus tard. Les portugais échafaudent des projets de conquêtes et de colonisation. L’ambassade portugaise se solde par un fiasco qui coûte la vie à ses membres. Les navires portugais sont écrasés au large de Canton et les intrus sont traités de « petits voleurs et de cannibales »

Reproduction d'une carte par Mo Yi Tong en 1763, attribuée aux expéditions de Zheng He et réalisée en 1418

Une brillante civilisation urbaine

En 1517, Tomé Pires est choisi pour mener une mission diplomatique en Chine. Arrivé à l’embouchure de la rivière des Perles, il n’est pas immédiatement autorisé à continuer jusqu’à Canton. Après une vaine attente, les Portugais obligent les officiels locaux à leur laisser le passage puis, arrivés à Canton, tirent au canon en signe de liesse pour annoncer leur arrivée, message évidemment reçu en sens contraire par les Chinois. Il semble cependant qu’ils aient pu commencer à commercer dans le port mais, devant l’impossibilité d’obtenir une invitation de l’empereur à Pékin, commencèrent à s’impatienter. Le commandant de la flotte portugaise devait par exemple offenser les Chinois en bâtissant un fort de pierre et en n’hésitant pas à exécuter un de ses marins à terre… Devant le comportement agressif de ces Européens, les officiels locaux finirent par céder et permirent le départ vers le Nord. Mais ce n’est qu’en février 1521 que Pires, arrivé à Pékin, se trouva enfin en position de demander audience à l’empereur. Malheureusement, entre-temps, un émissaire du sultan de Malacca avait appris à la cour la prise brutale du port par les Portugais et réclamait l’aide de la Chine dont Malacca s’était autrefois déclarée vassale. Au même moment les officiels de Canton avaient fait part de l’attitude incorrecte de ces soi-disant diplomates, colportant au passage la rumeur selon laquelle ils kidnappaient les enfants pour les dévorer… Quand la lettre d’ambassade portée par Pires fut ouverte et traduite, l’empereur réalisa que les Portugais refusaient toute subordination et rejetaient le statut de vassal de l’empire du Milieu, position que les dynasties chinoises avaient toujours imposée à leurs interlocuteurs étrangers. La suite était prévisible : le statut de diplomate leur fut retiré et ils furent emprisonnés à Canton. Il semble que Pires refusa d’écrire une lettre au gouverneur de Malacca pour exiger le retour de la ville à son souverain légitime, comme ses geôliers le lui demandaient. Il fut mis aux fers tandis que tous les biens de son ambassade étaient confisqués. En décembre 1522, les Portugais emprisonnés étaient condamnés à mort : ils furent exécutés, en septembre de l’année suivante, avec une rare cruauté… Philippe Norel , septembre 2010, site Histoireglobale.com