Analyse réflexive sur le projet Le journal du lecteur Pour ma première année d’enseignement, j’ai mis en place le projet du journal du lecteur, avec une classe de 6e et une classe de 4e. Ce dossier powerpoint présentera les points suivants: Journal du lecteur Genèse Analyse réflexive sur le projet Narration du projet Description du projet

Genèse du projet Mon projet s’est articulé autour des points suivants: Nécessité d’élaborer un projet Des BO exigeant l’approfondissement du goût pour la lecture des élèves La recherche de personnes ressources et de sites internet éducatifs Un projet d’établissement promouvant l’autonomie des élèves et la mise en place de projets Mon projet personnel d’une pédagogie de la réussite Des élèves en difficulté et ayant peu de goût pour la lecture

Les programmes d’enseignements du Français « Dans tous les cas, le professeur cherche à susciter le goût et le plaisir de lire » (BO) Dans le cadre de l’enseignement du Français, la lecture s’effectue par: Des lectures analytiques d’extraits choisis Des études d’œuvres intégrales Des lectures cursives en autonomie

Des élèves en difficulté et ayant peu de goût pour la lecture J’ai cependant eu affaire à deux classes de niveau « intermédiaire », l’une très faible, l’autre plus hétérogène. Les élèves ont avoué (ou plutôt proclamé) n’avoir que peu de goût pour la lecture. Ainsi, des questions se sont posées: Les lectures analytiques s’avèrent-elles suffisantes pour des élèves qui ne se sentent pas capables d’apprécier un texte à sa juste valeur en autonomie? Les lectures cursives sont-elles efficientes lorsqu’elles sont mises en œuvre par des élèves qui reconnaissent ne pas avoir compris une grande partie du livre? Que fait-on des élèves pour lesquels la lecture est simplement ennuyeuse?

Mon projet personnel d’une pédagogie de la réussite Mes élèves éprouvaient des difficultés à tous les niveaux: en lecture, en écriture et en compréhension. Le Français était ainsi vécu, par excellence, comme les mettant en situation d’échec et produisait chez eux une forte inhibition à la fois envers la lecture, et envers l’écriture. Comment dans ce cas les encourager à des démarches créatives, notamment dans le cadre des expressions écrites? Il fallait donc: Les mettre en situation de réussite Les encourager à la lecture Les encourager à l’écriture

La recherche de personnes ressources et de sites internet éducatifs Dans une grande phase de questionnement, j’ai donc cherché à discuter avec d’autres professeurs de lettres. Ainsi, j’ai eu la chance de rencontrer une enseignante extraordinaire suivant la formation de l’ESPE qui est très orientée sur la pratique et la formation disciplinaire des enseignants. C’est elle qui m’a parlé du journal du lecteur, que je connaissais déjà du fait de mon mémoire (portant sur le sujet de l’expression écrite), mais dont je ne comprenais absolument pas les modalités. Formée à ce sujet, elle m’a fourni des documents, son propre JDL, et m’a conseillé des sites internet qui m’ont permis de comprendre comment un professeur pouvait mettre en œuvre ce qui m’apparut dès lors comme un véritable projet.

Mon projet d’établissement prévoit: Un projet d’établissement promouvant l’autonomie des élèves et la mise en place de projets Mon projet d’établissement prévoit: La motivation et l’encouragement des élèves pour leur permettre de réussir Une formation rigoureuse à l’autonomie Des projets pédagogiques innovants J’ai donc eu le soutien inconditionnel de mon chef d’établissement lorsque je lui ai demandé une heure hebdomadaire supplémentaire, prise sur les heures de soutien, pour mettre en place ce projet.

Description du projet Mon projet a pris place sur la base du volontariat: ainsi, j’accorde une heure supplémentaire à chacune de mes classes, chaque semaine, en fin de journée, à un moment consacré au Journal du Lecteur. Ce moment est en lui-même un rituel. Je me suis moi-même dotée d’un journal, que j’avais décoré et commencé à rédiger sur le même modèle que celui de ma collègue. L’heure de JDL est devenue une heure de motivation des élèves, dans le sens où tout commentaire à l’égard du JDL d’un enfant est uniquement positif. Il est aussi devenu une heure de parole, où les élèves peuvent parler de leurs lectures.

Qu’est-ce que le JDL? Le JDL est fondé sur deux principes fondamentaux: La liberté d’expression: l’élève a le droit d’aimer un livre ou pas, et à ce titre il crée des outils d’évaluation des livres (des cœurs, des étoiles, des plumes…) L’enrichissement de la dimension du vécu: c’est le rapport personnel de l’élève à la lecture et à l’écriture qui est encouragé. Bucheton souligne que l’investissement affectif dans un texte est nécessaire à la construction de postures successives en tant que lecteur, menant à la posture du commentaire. C’est précisément cet investissement affectif qui est nourri.

Caractéristiques du JDL La beauté Le partage Les compétences sociales et civiques La découverte La créativité

La beauté: le JDL est un objet qui doit être beau La beauté: le JDL est un objet qui doit être beau. Le propriétaire customise la couverture de son JDL à l’aide dessins, photographies, scrapbooking, illustrant les goûts et les passions des élèves. Tout ce qui est écrit dans le JDL l’est de façon jolie, et souvent les élèves illustrent un livre ou une bande dessinée. Cette phase permet l’appropriation affective de cet objet. Le partage: le JDL est un outil personnel mais non privé, destiné à être lu par n’importe qui. Les élèves ont ainsi l’occasion de montrer à leurs camarades leurs créations, de lire à haute voix ce qu’ils ont écrit, ou d’expliquer l’intrigue d’un livre dont ils ont juste présenté le personnage. De plus, une boîte aux lettres est installée à la fin du JDL où les élèves peuvent déposer des mots. Les compétences sociales et civiques: à l’occasion des moments de partage (exposition de son JDL par un élève, discussion autour d’un livre ou autour de la façon de chacun de vivre la lecture…) les élèves doivent mettre en œuvre ces compétences afin d’être en mesure de s’écouter les uns les autres, de gérer le temps de parole de chacun, et de manifester du respect à l’égard des goûts et opinions d’autrui. Après une ou deux séances, j’ai pris la décision d’écrire les mots « Respect, parole, écoute » au tableau afin de gérer ce temps peu traditionnel pour les élèves. La découverte: les élèves découvrent à la fois des livres et des histoires que leurs camarades ont lu, et qu’ils se sentent en mesure de lire à leur tour, mais aussi des façons originales de rédiger leur propre JDL et qui les inspirent pour la suite. La créativité: les élèves développent des idées pour enrichir leur JDL, pour écrire leur avis sur un livre, pour illustrer une histoire qui leur a plu. Tout ceci revient à la beauté de leur JDL avec lequel ils espèrent susciter l’admiration de leurs camarades et de leurs professeurs.

Les règles du JDL Il faut le remplir au fil de ses lectures Le JDL est un outil personnel mais non privé Il implique un respect absolu de la personne et de son travail: nul ne peut l’abîmer, nul autre que son auteur ne peut y écrire (ce qui implique que le professeur n’a aucun droit de corriger les erreurs)

Activités mises en place Décoration du JDL avec participation du professeur d’arts plastiques Découverte de nouveaux ouvrages avec l’aide de la professeure documentaliste. Discussions autour de la lecture: citations, droits du lecteur de Pennac, l’obligation de lire à l’école, livres préférés ou détestés… Les œuvres lues en lecture cursive sont intégrées au JDL sous le forme d’illustrations et de commentaires critiques Les œuvres lues en autonomie par les élèves font l’objet de comptes rendus sous la forme de cartes d’identité de personnages, d’interviews fictives de l’auteur ou de personnages, de lettres à l’auteur ou à la maison d’édition… Exposition par les élèves de leur JDL

Présentation de mon JDL La couverture de mon JDL est composée de tout ce que j’aime, mais reste orientée autour de la lecture. Certains élèves en ont fait un autel à leur personnalité: photos d’eux-même petits, ou pratiquant leur sport favori, ou encore images de leur personnage de manga préféré.

La bibliothèque mentale Sur les conseils de ma collègue, j’ai demandé aux élèves de faire suivre leur présentation de leur bibliothèque mentale. Cela a eu pour effet de les obliger à se désinhiber: beaucoup refusaient cette étape car ils n’avaient presque jamais lu de livres. Je leur ai donc expliqué que cette bibliothèque serait remplie avec le temps, et qu’il fallait surtout qu’ils créent leurs propres catégories de textes. Finalement, cet exercice a été très apprécié car ils ont pu parler des livres de leur enfance (que leurs parents leur avaient lu), et revenir au temps où la lecture avait été pour eux un plaisir.

La première page du JDL La première page du JDL doit comporter les informations suivantes: Qui je suis? Qui peut me lire? A quelles conditions? Les élèves ont spontanément fait une page faisant leur autoportrait, la première page étant un ensemble de règles à respecter. Cette étape leur a paru excessivement importante, dans le sens où elle était sensée réguler la lecture de leurs camarades. La totalité de la classe a bien spécifié qu’ils ne fallait pas faire attention aux « fautes d’orthographe », ainsi qu’une somme importante de règles à respecter

Exemple d’activité proposée A l’occasion d’une séquence sur le conte, j’ai demandé aux élèves de faire une illustration d’une scène de leur conte préféré. Ils devaient produire aussi un court écrit, situant la scène dans l’histoire, et dire pourquoi ils avaient choisi cette scène. Cela développe des compétences du socle commun visant à l’expression de ses goûts et la production d’un écrit cohérent et ponctué. J’ai moi-même fait un effort pour cette activité afin de leur montrer les multiples possibilités de customisation de leurs créations.

Narration du projet Mon projet a connu: Des réussites: les élèves, toutes classes confondues, se sont révélés très enthousiastes pour ce projet. J’ai même découvert qu’en dehors de la classe, certains s’étaient prêtés des livres dont ils avaient fait le compte rendu dans leur JDL pour le faire lire à leurs camarades. Des échecs: certains élèves sont plus difficiles à motiver que d’autres, et oublient constamment leur JDL pour le rituel. De plus, il est difficile pour moi de gérer une heure durant laquelle je désire ne pas sanctionner les élèves mais les encourager à améliorer leur attitude. Certains élèves persistent également à prôner leur dégoût envers la lecture. Des limites: peu de professeurs mettent en œuvre ce projet, ce qui isole mes élèves, alors que l’idéal serait que toutes les classes puissent partager au sujet de leur JDL

Pour cultiver le goût de l’entretien du JDL, j’envisage: Remédiation Pour cultiver le goût de l’entretien du JDL, j’envisage: Pour certaines activités, de faire travailler les élèves en binôme: par exemple, dans le cadre de l’interview d’un personnage, donner pour mission à un élève de raconter le récit de cet entretien du point de vue du journaliste, et à l’autre élève de faire le récit du point de vue du personnage. De faire une exposition des JDL au CDI à la fin de l’année, afin de faire connaître aux autres classes le JDL. Ma tutrice, en troisième, m’a encouragé à prendre cette initiative, elle-même souhaitant que les élèves arrivent en troisième avec cet outil entretenu depuis la 6ème.

Analyse réflexive sur le projet Ce projet présente de multiples intérêts: Il développe le rapport personnel de l’élève à la lecture Il encourage les élèves à lire et à partager autour de leurs lectures Il valorise les élèves dans leurs créations et dans leur écriture Il désinhibe les élèves: leur JDL est sacré et personne ne peut l’abîmer où corriger les erreurs d’orthographe qui y figurent. Il peut faire l’objet d’investissements interdisciplinaires

Mais il comporte des limites, qui viennent tant du cadre scolaire que de mes propres déficiences: En tant que débutante, je consacre énormément de temps à la préparation de mes cours et je manque d’initiatives pour le JDL. Le cadre scolaire, très contraignant, encourage parfois les élèves à considérer l’heure de JDL comme un exutoire. Mon heure de JDL se situe en fin de journée, un moment où les élèves sont très excités et ont du mal à canaliser leur énergie. Enfin, ce projet comporte des limites dans son but même: motiver les élèves. Plusieurs sont encore imperméables et refusent les démarches proposées en JDL. Ils considèrent ce projet d’un point de vue scolaire et n’y voient rien de stimulant.

En conclusion: que garder de ce projet? Aussi longtemps que je serai enseignante, je continuerai à mettre en place le JDL auprès de mes élèves car je suis convaincue de ses effets bénéfiques. En revanche, lorsque je serai plus à l’aise dans ma pratique, je mettrai en place plus d’activités dans le cadre du JDL: des projets interdisciplinaires (compte rendu du livre ou d’un film en anglais), des activités en groupe, et je pense des ateliers d’écriture. Si aujourd’hui ce projet est à mon sens très imparfait, il a en revanche déjà porté ses fruits auprès de plusieurs élèves qui se réalisent dans ce projet en mettant en avant des compétences comme le dessin qui ne pouvaient pas êtres valorisées auparavant dans le cours de Français, ou encore leur goût pour le mangas ou les films.