«Les entreprises en ont-elles fini avec le financement externe indirect?» Eva Duvergey et Irena Thurette 1ES 1, Lycée Grand Air, Arcachon
Ce mercredi 18 février 2015, la Commission européenne a proposé un projet visant à ouvrir le marché financier aux PME et ETI qui représentent près de 95% des entreprises en France. Pur l’instant, ces entreprises n’ont pas vraiment accès en raison de coûts administratifs et financiers trop élevés. La Commission veut donc donner à ces entreprises la possibilité d’émettre des actions, des obligations et tous autres titres financiers sur le marché pour se financer. Afin que ces entreprises, qui ont une place importante dans le fonctionnement de notre économie, puissent accroître leur investissements et contribuer à la relance de la croissance économique du pays. Le financement externe indirect, grâce aux crédits bancaires, va-t-il disparaître?
On constate qu’en 2012, les entreprises françaises ont emprunté près de 1209 milliards d’euros aux banques soit 47% du financement externe total, contre 63% en 2008. Les entreprises ont donc de plus en plus recours au financement par les marchés financiers qui représente 53% du financement externe en 2012. La tendance semble donc s’inverser depuis 2008.
63% 53% 47%
Actuellement, 55% des PME utiliseraient leur propre épargne pour financer une partie de leurs investissements, 45% auraient recours au crédit (qu’il soit bancaire, commercial, ou autre) alors que seulement moins de 5% se servent de l’émission d’actions pour se financer(selon un sondage de la BCE en 2009). Elles ont tendance à trouver l’émission de titres trop risquée, qui représenterait une trop grande perte pour ces «petits budgets» en comparaison de ceux des grandes entreprises. La Commission souhaiterait donc faire augmenter ce chiffre, qui permettrait à ces entreprises de s’ouvrir à l’international, et donc permettre d’augmenter les richesses produites, ainsi que le PIB et la croissance économique. Ce qui n’est pas négligeable en cette période de crise économique qui touche l’Europe de plein fouet depuis 2009.
Lorsque l’on se penche plus précisément sur les encours de financement des entreprises au cours du temps, on remarque qu’à certaine période les entreprises ont plus recours aux titres financiers pour se financer. En 2006, lorsque la conjoncture est sereine, les crédits représentaient 900 milliards d’euros contre plus de 1 200 milliards pour les actions cotées. Inversement, aujourd’hui, après la crise financière, les crédits sont plus présents, les actions représentent un peu plus de 860 milliards d’euros contre 1,5 fois plus pour les crédits.
Le mode de financement des entreprises dépend donc de la conjoncture de l’économie, des périodes de prospérités et des dépressions économiques, et également du degré de confiance des agents. En période de crise comme c’est le cas depuis 2007-2008 les entreprises ayant moins confiance préfèrent se tourner vers les banques qui leur accorderont un crédit à taux faible, comme c’est le cas aujourd’hui. Ces taux ont fortement baissé sous l’effet de l’action de la BCE pour essayer de relancer les investissements, et donc l’économie plus globalement. Pourtant, en 2008 selon l’Insee, 28 % du financement total des entreprises correspond à du financement externe direct, et ce chiffre a une tendance à la augmenter.
Les PME et ETI étant les plus éloignées de ce financement par le marché, si elles y avaient accès, le poids du marché devrait fortement augmenter; ce qui serait une excellente nouvelle pour l’économie européenne. Il paraît pourtant peu probable que le financement externe indirect ne soit plus utilisé, mais avec l’ouverture du marché financier aux PME et ETI européennes, le recours au marché des capitaux devrait augmenter dans la part des moyens financiers utilisés.