« Défilement manuel »

Tout ce qui n’est pas dit se doit d’être écrit sous peine de n’avoir jamais existé A mes enfants Jean-Marc et Philippe, à mon petit fils Victor

Comment pourrais-je oublier ? Il me semble parfois n'avoir plus de souvenirs. Encombrants, chassés, cauchemars de cauchemars, ont-ils jamais existé ?

Ce train qui doucement s'éloigne dans la nuit, au rythme lancinant de ses boggies sur le ballast, ne m'appellera jamais plus au rêve ou au voyage.

Depuis longtemps déjà ce bruit perdu, enfoui dans ma mémoire auditive, cette odeur d'escarbilles, de fumées grises et noires, n'évoque plus en moi que l'horreur des convois qui partaient pour le néant

Pour dire l'inexprimable, sur la mort et le froid intense qui un matin leur fermaient les yeux, il faudrait réinventer les mots sur l’indescriptible angoisse et la misère des hommes.

En lisière de la déraison ma mémoire en feu ne perçoit plus rien qu’une bestiale atrocité aux relents de violences à l’anthracite fumée.

et qui ressemblait au pire, ne pouvait être retenu pour qu’un jour fut racontée, à la face éhontée du monde, l’invraisemblable vérité. Rien qui ne put être observé

Que son image en feu ne la réduise en cendres, que son espoir de vivre ne se perde à jamais dans la nuit des temps ne laissant place qu’à ses démoniaques souvenirs.

Mon cœur fatigué s’est assoupi au bord des larmes d’un violon. Sa tzigane mélodie, par delà les plaines immenses d’Ukraine et de Moldavie chante encore pour moi : « Garde l’espérance »

Celle qui viendra de la Lumière et maintiendra nos vigilances de peur qu'un sombre jour, mémoire collective en jachère, l'humanité ne s'oublie.

Comme un instinct de survie chevillé en mon cœur blessé, j’ai gardé au fond de l’âme l’écho d’un archet glissant sur ses cordes de Bohème pour qui mon étoile de David, d’espoir n’a cessé de briller.

Qu’elle donne aujourd’hui de la force et du courage à ceux qui peuvent enfin se dire. Qu’elle leur donne la sagesse de pouvoir sobrement l'écrire pour que les enfants de nos enfants se souviennent et que jamais, jamais ils n’oublient.

Que mon Etoile les préserve, de la folie des hommes. De toutes les folies, de tous les hommes. Qu’elle leur donne encore la force d’aimer à nouveau et celle de pouvoir pardonner, si cela est possible ? Moi … Je n’ai pas pu.

Et toi, Dieu d’Israël, où étais-tu dans cet univers en flamme ? Beaucoup t’ont cherché en vain, regard perdu dans les étoiles. Autant qu’il m’en souvienne la nôtre était cousue sur nos poitrines, là où elle fait toujours mal. Jaune était sa couleur.

« Eretz Tzion v ‘ Yerushalayim »

Les photos : « Magen David » (copyright) sont de Jean-Marc HANNA Le texte : > (copyright) Le concept et la mise en page sont de Robert Serge HANNA Avec l’aimable collaboration technique de son ami Bernard GUELINE Documentation photos Musée Yad Vashem Jérusalem – pages Web Musique : PAGANINI – Note de l’auteur: ce diaporama n’est pas un témoignage personnel. J’ai simplement souhaité contribuer au travail de mémoire, considérant que tenir celle de nos enfants en éveil était un devoir afin que leur vigilance ne soit jamais prise en défaut et qu’elle se maintienne génération après génération. Ce diaporama ne peut en aucun cas être commercialisé. Contact :