LA BALADE DES RIMES Diaporama de Jacky Questel Poèmes de Patrice PIALAT Diaporama de Jacky Questel

CENT ANS En ce temps-là les rues ignoraient les voitures On vivait humblement de modestes métiers Un autre quotidien régnait sous les toitures Le pas des écoliers foulait de longs sentiers C’est cet autre univers qui vit votre naissance Comme aujourd’hui, la vie était un dur chemin Le quotidien n’était jamais une évidence Avec un avenir demeurant incertain Pourtant malgré cent ans de douceurs, de colère, Vous donnez à la vie une agréable odeur Tous viennent vous chanter : "Joyeux Anniversaire" Avec de nombreux vœux de paix et de bonheur !

TOLERANCE Dame nature a fait tous les hommes égaux Se moquant des aspects, des couleurs ou des races, Promettant à chacun des jours sereins et beaux Où l’éternel bonheur serait l’unique trace Mais d’autres règles ont déchiré cet espoir Le fort maitrisant tout, a dicté ses principes On construit escalier, porte étroite, trottoir, On pense aux plus nombreux, jamais on anticipe Chaque mot reste un son inaccessible aux sourds Pourtant nous oublions souvent de les écrire De nombreux quotidiens demeurent bien trop lourds, Mais personne ne va songer à les décrire On déplore les maux de la précarité En réclamant partout un geste d’espérance On reste différent, parlant d’égalité Évoquant quelquefois la vague tolérance.

VENT LEGER Dans l’aube renaissante un arbre se balance Comme pour balayer le bout de l’horizon Afin de recevoir au mieux cette saison Qui permet aux forêts de changer d’apparence Alors vient s’installer partout la différence Donnant à l’univers un éclatant blason Si le platane perd doucement sa toison L’hiver saura gommer la brève décadence Un silence apaisant règne sur le chemin Du fond duquel provient un mélodieux refrain Le vent comme un gamin bouscule le feuillage Ainsi dans les lueurs paraissant loin devant S’ouvre sereinement un autre paysage Offrant tous les espoirs d’un doux soleil levant

HONNETES Chacun connait bien-sûr la misère africaine On sait leur quotidien aussi lourd qu’un fardeau Nul ne peut ignorer la souffrance, la peine, Le besoin journalier de nourriture et d’eau Chacun reste meurtri par l’atroce calvaire Ces pauvres gens ont droit aux plus urgents secours Je soutiens ardemment le geste humanitaire Mais notre aide se noie au fond de beaux discours Cessons de nous gaver de mots idéalistes Regardons tout d’abord l’aspect de nos trottoirs Ne fermons pas les yeux, demeurons réalistes Voyons tous nos voisins sans projets, sans espoirs… Écoutons nos quartiers et les cris qu’ils comportent C’est là qu’il faut jouer le bon samaritain S’il faut œuvrer, autant que se soit à nos portes Autant répandre ici la douce odeur du pain…

PAROLE Notre monde actuel est en plein mouvement On brasse les couleurs, l’Europe s’est ouverte Les sources du travail s’assèchent constamment Tout le Maghreb n’est plus qu’un e terre déserte. Notre pays n’a plus les moyens d’exister Mais se veut le champion de l’aide humanitaire Chacun de nos chemins semble désenchanter Et le passant parait toujours plus solitaire Du sommet des podiums vient un torrent de mots Chaque orateur prétend savoir notre souffrance Affirmant qu’avec lui, les jours seront plus beaux Que le meilleur sera pour tous une évidence Mais d’autres ont clamé cet élégant discours Espérant obtenir la clef de grandes portes Cependant on attend sans succès leurs secours C’est encor l’incertain que le mois nous rapporte…

SILENCE Du fond de l’horizon un grand bruit sourd remonte Serait-ce par hasard le terrible canon Qui détruit d’un seul coup un pauvre cabanon En laissant après lui, comme une odeur de honte Est-ce l’outil stoppé, puis délocalisé Auquel va succéder un dernier bruit de porte Serait-ce un bel espoir que notre temps emporte ? Ou bien l’ultime cri de l’ouvrier brisé ? La paix n’est–elle plus une simple évidence ? Faut-il s’habituer à la précarité ? Au futur incertain ? à l’insécurité ? Accepter d’ignorer le reposant silence ?

DIS-MOI Dis-moi que tout là-bas l’horizon reste bleu Que l’humain ne meurt plus manque de nourriture Que tous nos chemins sont une belle aventure Nous permettant d’atteindre un matin fabuleux Promets-moi que demain sera moins scandaleux Que les jours n’auront plus d’aspect d’une torture Qu’un lumineux printemps viendra sur ma toiture Pour donner à la vie un rythme moins houleux Dis- moi que la douceur remplacera la foudre Que le monde oubliera l’amère odeur de poudre Pour respirer enfin l’agréable jasmin Evoque en souriant cette belle promesse De vivre un univers plein de délicatesse Où les flûtes joueront un paisible refrain Dis-moi de nouveaux mots aux douces résonances Le parfum raffiné d’inconnues espérances L’odeur de l’amitié ranimant chaque main.

ENGAGEMENT Si mon cœur n’a jamais été sous les drapeaux C’est bien pour témoigner mon respect à la France Si je reste fidèle aux droits fondamentaux C’est pour ne pas trahir sa flamme d’espérance. Ce pays réclamant un univers passif Ne peut pas s’enliser dans le bourbier des armes On ne peut soutenir l’acte caritatif En provoquant aussi tout un torrent de larmes Quand nos mots restent ceux de la fraternité Quand le moindre discours parle de certitude, Pouvons-nous torturer la paix, la liberté, Jongler avec le feu, cultiver l’inquiétude ? Je suis juste soldat au rang des troubadours Je sers le bataillon des jongleurs, des poètes Apportant quelques grains d’espoir dans les faubourgs Et un peu de bonheur par quelques pirouettes.

L’APÔTRE On le croit endormi dans quelques textes saints Ignorant les tourments de notre vaste monde, Pourtant discret témoin d’atroces quotidiens Il est parfois au cœur de l’infernale ronde, Inlassable avocat des maltraités, des gueux Il crie avec sa foi, le sort des miséreux Vivant loin des parquets cirés du Vatican Ses souliers sont ancrés entre boue et bitume Regardant l’être humain avant le pratiquant Il porte avec chacun l’espoir qui se consume Rendant au plus petit sa juste dignité Il est comme le Christ porteur d’humanité Nous saluons ce jour un de ces bons bergers Il était frère aîné de notre ami Coluche Constamment aux côtés d’exclus ou d’étrangers Présentant le travail comme la clef d’une huche Il a concrétisé ce noble processus Par les communautés puis l’esprit d’Emmaüs Il nous laisse son labeur toujours inachevé Construire un univers de respects, de confiance, Un monde qui verrait le meilleur se lever De voir son horizon s’ouvrir sereinement Et de se rapprocher de lui paisiblement.

L’AMITIE L’amitié c’est parfois comme un petit chemin Qui vous sort de la nuit, vous offrant la lumière C’est aussi cette fleur qui guide chaque main Gommant l’identité, la race ou la bannière L’amitié c’est un lien qui n’emprisonne pas Construite de respect, elle demeure libre Va, vient au gré du vent, progresse pas à pas On sent son doux parfum lorsqu’on la laisse vivre Disparait sous le poids des obligations Elle est complicité mais jamais esclavage Clôture sans éclat mille discutions Et rapproche les cœurs d’un paisible rivage Fidèle bien souvent tout au long d’une vie Solide comme un arbre aux racines profondes Elle sait épauler les âmes en survie Faisant autour des pleurs de fraternelles rondes.

PRINTEMPS Entouré de douceur, avril réapparaît Sous un soleil câlin, revit le paysage De nombreux grands oiseaux reviennent de voyage Au renouveau, le ciel semble se préparer Hiver et quotidien s’en vont se séparer Le grand livre du temps propose une autre page Les arbres du chemin retrouvent leur feuillage Les travaux du jardin viennent de démarrer Le printemps c’est parfois la délivrance Portant jusqu’au plus loin l’odeur de l’espérance Déboulonnant enfin l’infâme autorité C’est un vent ranimant toute notre planète Restaure si besoin un air de liberté L’essor du musicien, la fête du poète.

CLONAGE L’homme entrant dans l’univers N’a-t-il donc pas d’indépendance Ses jours seront-ils sans revers Pour éclairer son existence Doit-on ressembler au voisin Être simplement son image S’alimenter du même pain Convoiter le même rivage Dès lors pourquoi la liberté Si nous sommes tous identiques A quoi sert la diversité Si ne changent pas les optiques Bâtir sans peur son lendemain Écouter le chant de son âme Trouver le bonheur dans sa main N’est-ce pas ça vivre sa flamme.

BALADE Viens mon petit poucet visiter l’univers Viens respirer l’odeur du blé; de la violette Vois ce monde à l’endroit et non pas à l’envers Viens voir lune et soleil s’amuser à cachette Regarde la lumière habiller la forêt L’indomptable torrent dévalant la montagne La ronde des saisons qui n’a jamais d’arrêt Le soir si délicat recouvrant la campagne La vie est par dessus les murs de la cité Dépasse la colère ou les propos racistes Tout dépend quelquefois d’un peu de dignité Construite par des cœurs, des esprits volontaristes Regarde l’avenir qui germe dans ta main Si les jours sont ardus, rien ne reste impossible, N’attends pas pour saisir les clefs du lendemain ! L’avenir est ouvert et tout projet crédible.

OISIF On parcourt son chemin comme un vaste désert Le cœur ne palpitant sous aucune promesse La vie a constamment l’aspect d’un long hiver On ne sait plus le goût d’une juteuse ivresse Assis sur un divan, regardant la télé On laisse dériver cette triste existence On a plus le besoin d’une autre activité Ainsi survient sans bruit l’amère décadence Le soutien d’un moment semble s’éterniser La solidarité qui n’est plus temporaire Divise les voisins qui vont se dénigrer Trop d’abus transformant chacun en adversaire Certes l’essor mondial ne facilite rien Décourageant souvent l’âme la plus vaillante Mais sans aucun projet, comment se sentir bien ? Comment l’oisiveté peut être permanente ?

Poèmes de Patrice Pialat, avec son aimable autorisation. Photos trouvées sur le Net. Musique : Schubert : Symphonie n° 8 Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/

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