Les sœurs de Lazare avaient bien pourtant fait avertir Jésus. Pourquoi a-t-il tardé ? Résultat, lorsque enfin ils sont arrivés, voilà 4 jours que Lazare était mort ! Devant le tombeau, Jésus pleura. De regret ? Mais non. Car il interpella le mort, et celui-ci sortit du tombeau. Vivant. Je me suis d’ailleurs toujours demandé si cette résurrection était de son goût, il devait être si bien là où il était parvenu ! Mais ceci est une autre histoire… (D’après Jean, 11, 1-45)

Ce texte nous révèle un Jésus inconnu, imprévu, surprenant ! Il soulève en nous des vagues de questions ! Pourquoi Jésus a-t-il attendu deux jours avant de se mettre en route, lui qui était si prompt à voler au secours des blessés de la vie ? Pourquoi a-t-il pleuré ? Pourquoi remercie-t-il son Père avant même que Lazare ne soit sorti vivant ? Pourquoi Marthe a-t- elle été dire à sa sœur : « Le maître est là, il t’appelle » alors que, du moins d’après le récit, Jésus n’en avait rien fait ?

Bien sûr, je n’ai pas les réponses à ces questions ! je vous l’ai souvent dit, je ne suis pas exégète ! Mais j’ai parfois une petite idée des réponses possibles… A la première question, d’ailleurs, c’est Jésus qui répond lui-même: « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus, maître de la vie et de la mort, s’affirmant à la face du monde.

Souvenez-vous, il avait aussi ressuscité la petite fille d’un chef, et le fils de la veuve de Naïn. Il ne semble pas que ces résurrections aient eu le même retentissement, ni la même signification. Je répèterai ici ce que je dis souvent : si Dieu voulait la mort des personnes, Jésus n’aurait pas été leur rendre la vie ensuite ! Les décès font partie du cours de la vie. Et on peut appliquer le même raisonnement à la souffrance : combien de souffrances Jésus n’a- t-il pas effacées, gommées, supprimées !Dieu s’interdit d’être un magicien armé d’une baguette magique !

Donc, pour revenir à l’évangile du jour, nous voici au courant : ce décès et cette résurrection sont « pour la gloire de Dieu, afin que par elle son fils soit glorifié ». Même gloire pour Dieu et sa Parole incarnée, Jésus. Au rythme lent de la marche à pied, les voilà donc partis, au bout de deux longs jours. Et deux autres jours de marche pour arriver en Judée. Apprenant leur arrivée, Marthe se porte à la rencontre de Jésus. Grande familiarité entre eux ! Elle ne craint pas de lui faire reproche : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. »

Mais sa confiance en Jésus, son amour fraternel pour Lazare la poussent à aller plus loin; si loin que cela peut nous paraître impensable : « mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. » Pourtant, lorsque Jésus lui promet : « ton frère ressusci-tera ! » elle semble faire marche arrière, timidement : « oui, je sais, au dernier jour… » Mais c’est son espoir qui la pousse vers Marie. elle n’ose pas lui dire ce qu’elle espère, elle dit simplement : « le maître t’appelle ». et « Marie se leva et partit aussitôt. »

Marie arrive près de Jésus. Vous la voyez, éplorée, se jetant aux pieds de son Seigneur, avec la même phrase que sa sœur : « si tu avais été là… » Et Jésus ne peut résister à cette peine, qui fait déjà pleurer tous les juifs qui étaient venus dire leur sympathie aux deux sœurs. Et Jésus pleure aussi…Il pleure devant ce triomphe de la mort dans toute l’humanité, il pleure devant toutes les douleurs passées, présentes, à venir, que les hommes subiront, souvent par la faute, directe ou indirecte, des autres hommes…

Mais il sait qu’il est à quelques jours de sa propre mort. Les apôtres, d’ailleurs, l’ont pressenti aussi, puisque Thomas a dit, résigné, lorsque Jésus a dit sa volonté de monter en Judée : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »Et Jésus sait bien que ses apôtres ne tiendront pas, devant les hordes conjuguées des pharisiens et des romains. Aussi veut-il leur donner, par ce signe, un motif d’espérance, quelque chose à quoi ils pourront se raccrocher. Car là le doute n’est plus permis. Jésus ne réveille pas d’un sommeil : le mort sent déjà… Il est bien mort !

Par cette résurrection, Jésus confirme les pharisiens dans leur désir de le supprimer. Il signe son propre arrêt de mort. Autant par la résurrection elle-même que par les paroles qu’il prononce, avant même d’avoir vu qu’il était exaucé : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours, mais, si j’ai parlé, c’est pour cette foule autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Essayez d’imaginer l’effet que cette phrase a produit sur les pharisiens à qui elle a été rapportée !

Remarquez aussi la réponse de Jésus à Marthe : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » Cela ne vous rappelle rien ? « Il ne put faire là aucun miracle, car ils ne croyaient pas en lui… » Et toutes les fois où il a dit cette phrase : « va, ta foi t’a sauvé ».Si nous ne croyons pas, de tout notre cœur, il ne pourra rien pour nous non plus !

Ce ne sont que quelques réflexions, bien trop décousues. J’ai hésité, mais finalement je laisserai partir ce diaporama. avec l’aide de l’Esprit, il vous dira ce que je n’ai pas su dire…

Les magnifiques photographies sont signées Eric Mandl. Texte : Jacky Musique : prière basque : Agur Jaunak jacky.questel.gmail. com