- Allez, Maryse ! Dépêche- toi ! Tu sais ce qu’a dit maman : mettre de l’ordre dans nos vieux jouets avant Noël. Elle a raison ! On va recevoir tellement de nouveaux jouets !!! Allez ! A quoi rêves-tu ? -Eh bien… Je réfléchis… -Toi ???? - Oui, moi… Ecoute, viens…

-Tu vois comme nous sommes gâtés… Des jouets, des animaux… Nous avons tout ce que nous voulons. Et pourtant, nous râlons et nous nous disputons !

- Et tous les beaux livres que nous avons !

Nous avons été en vacances au bord de la mer. Ce que nous nous sommes amusés !

-Ah oui, alors ! Et j’espère que nous y retournerons l’an prochain. Mais pourquoi tu me dis cela ?

Maryse ne répond pas à la question de Joël, mais elle enchaîne : « Et nous allons chez papi et mamie, aussi, pendant nos vacances ! Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer !

-Ah oui, rit Joël. Je t’ai même retrouvée complètement perdue à force de courir après les papillons ! Tu n’étais pas rassurée, hein ??? Mais… pourquoi tu me rappelles tout cela ???

-Je pensais à Eliane… Tu te souviens, comme elle était émerveillée de voir les coquillages que je lui avais ramenés ?

-Bien sûr ! comment veux-tu qu’ils aillent en vacances ? Ils sont si nombreux ! Bernard me disait que depuis l’accident du papa, ils manquaient de beaucoup de choses, et sa maman pleure souvent…

- Je me souviens de son regard quand j’ai laissé tomber ma glace et que Youpi l’a mangée ! S’il avait osé, il l’aurait bien récupérée pour lui ! C’est pour ça que je l’ai amené avec moi pour en demander une autre à maman ! J’avais peur qu’elle me gronde, mais je crois qu’elle avait compris…

-Cet automne, poursuit Maryse rêveusement, j’ai voulu aller la chercher pour une promenade, mais elle aidait son papa au jardin… Alors, je n’ai rien dit. Elle aide aussi beaucoup sa maman en s’occupant des petits. Tiens, c’est vrai ! ce n’est pas comme nous… Ils ne se disputent pas !

-Cet été, elle m’avait aidée à sauver le chaton que nous avions trouvé, transi, affamé, et elle s’y prenait mieux que moi. Mais sa maman n’a pas voulu qu’ils le gardent… Elle a eu très mal au cœur, mais n’a pas insisté.

- Oui ! Bon ! S’énerve Joël. Mais enfin, vas-tu me dire pourquoi tu me racontes tout cela ??? -Eh bien, j’ai pensé que nous devenions grands. Que nous pouvions nous séparer de quelques jouets, les leur donner pour que, eux aussi, ils aient un peu de Noël… » Pour dire le vrai, Joël n’a pas l’air vraiment enthousiasmé par l’idée. Et en plus, Éliane qui ajoute : « Bien sûr, nous leur donnerons les plus jolis ! »

-Et pourquoi, les plus jolis, je te le demande ? -Tu ne voudrais tout de même pas leur donner ton globe tout rafistolé, non ? -Ah non, justement pas ! j’y tiens, moi, à ce globe !

-Et moi, je tiens à mon Nounours ! Dit Éliane en câlinant le gros ours en peluche. Mais je suis prête à le leur offrir. Je suis heureuse rien que d’imaginer leur joie !!! » Joël semble réfléchir... et fléchir. « Mais que vont dire papa et maman ? Maman qui tient tant à ce que nous prenions soin de tous ces jouets… » Et il ajoute, plein d’espoir : « sans doute elle ne voudra jamais ! Si elle veut, je veux… »

Mais au même moment, en bas dans la salle… « Henri m’a invité à aller boire un café chez lui. Ce qu’il a changé, depuis l’accident ! Et je sens bien qu’il se fait beaucoup de soucis ! L’indemnisation est mauvaise, et les enfants ont toujours aussi faim qu’avant ! Je crois que leur Noël sera bien triste… -C’est vrai, dit maman pensivement. Tant de mioches… La vie est dure pour certains… » Elle réfléchit, et son visage s’éclaire : « Si nous demandions aux enfants de faire un tri dans leurs jouets ? Ils sont justement en train d’y mettre de l’ordre. Ils savent déjà combien ils seront gâtés pour Noël. -hum ! dit papa. Ce n’est pas sûr qu’ils veuillent de gaîté de cœur ! Tiens ! les voilà justement…

« Papa, maman, commence courageusement Éliane, nous avons quelque chose à vous demander… -Ma foi, dit maman, nous aussi. Voyons cela ! » Il s’ensuit des explications croisées, des bousculades, des baisers, des félicitations… « J’ajouterai une caisse d’oranges, dit papa, puisque j’ai la possibilité de m’en procurer à bon prix ! »

Éliane et Joël sont très fiers d’eux !!! Ce sera certainement leur plus beau noël….

« E cric, e crac, Eth conte qu’ei acabat. E crac e cric, Eth conte qu’ei finit » (formule traditionnelle béarnaise : « et cric et crac, le conte est achevé, et crac et cric, le conte est fini ! »)

Texte : Jacky Dessins : « Précious Moments » Musique : « The music box » 1914 Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :