LA PROBLEMATIQUE DU LABORATOIRE D’ANATOMIE ET DE CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES AU TCHAD Dr NEMIAN MEURDE
A T – ON BESOIN D’UN DIAGNOSTIC ANATOMOPATHOLOGIQUE POUR PRENDRE EN CHARGE CES CAS CI-DESSUS?
Le laboratoire ACP consiste à étudier des prélèvements tissulaires et cellulaires tels que les pièces opératoires, des biopsies, des ponctions d’organes, des liquides biologiques, les frottis cervico-vaginaux, et autres,
en vue d’arriver à un diagnostic de précision permettant au médecin traitant de faire une prise en charge adéquate de son patient. Le Tchad subit un gros retard en matière de laboratoire d’Anatomie et de Cytologie Pathologiques par rapport aux pays voisins de la sous-région.
Dans un passé récent, on considérait fréquemment que les maladies non transmissibles ( cancers, diabète, hypertension artérielle,…) sont celles des maladies des pays riches. Aujourd’hui on remarque que ces maladies existent et prennent une place importante dans les systèmes sanitaires.
Un retard dramatique est constaté dans la mise en place des laboratoires dans ces systèmes de santé tout en sachant que eux seuls permettent un traitement adapté et efficace à moindre cout. Le laboratoire d’ ACP est incontournable pour le cancer, mais il rend aussi service dans le diagnostic des maladies transmissibles telles que la tuberculose, , les parasitoses, mycoses et autres.
En Afrique les laboratoire d’ACP vivent les mêmes difficultés. Les examens sont forcément payant et chers sans couverture sociale, les plus grosses machines (microscopes, automate de coloration, automate de déshydratation, station d’enrobage,..) sont extrêmement chers (jusqu' à 100 000 000 fcfa).
Difficultés supplémentaires, il existe des services de vente mais pas d’ingénieurs de biologie médicale dans des hôpitaux, formés à l’utilisation et maintenance de ces machines. Le technicien du labo ACP doit être formé plusieurs années sur le terrain, acquérir de compétence pour réaliser une technique de qualité.
La place de l’examen anapath est compliquée partout, coute très moins chère que la radiodianostic (scanner, IRM) et que les tutelles vont tenter de marginaliser cette spécialité combien de fois nécessaire. Outre le problème des machines, il y a celui des consommables très complexe,
car ce sont des produits d’importation soumis à des taxes très élevées et en plus pas de fournisseurs sur place
La réalité de l’Anatomie et Cytologie Pathologie au Tchad est que pour l’ouverture du labo, une tentative malheureuse en 1998. Le matéreil étant arrivé avec du retard, au moment où le spécialiste, Professeur Arthur NGOLET quittait le pays. Une mission d’évaluation du problème a été faite par LLAEDNIN GUELSHAMEN et Dr Claude Marc BERTRAND , ingénieur qui ont confirmé le besoin, mais aussi l’absence de tout embryon de labo.
En 2011, une autre tentative d’ouverture du labo d’ACP par le PCD (Pathologie et Cytologie du Developpement) devrait avoir lieu. Des démarches ont été menées et du matériel a été mis à la disposition du Tchad avec le parrainage de son Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Tchad à Paris et du ministre de la santé publique du Tchad.
Avec la bonne volonté de la direction de HGRN, le labo d’anapath va s’implanter en novembre 2013 et continuer lentement à fonctionner. Par le concours de la direction dudit hôpital et de la coopération française, trois missions des membres de PCD ont été effectuées de Paris à N’djaména : la première était pour l’installation des machines et les deux dernières pour la formation du technicien.
Le laboratoire fonctionne avec un personnel constitué de trois personnes : un médecin pathologiste, un technicien de laboratoire et une femme de ménage. Les activités sont centrées sur la cytopathologie et l’histopathologie
En vingt mois d’activité le bilan est le suivant : En histopathologie, 406 cas d’examens ont été réalisés dont 123 ont porté sur des tumeurs malignes (30,2 %). Les cas de cancer les plus fréquents sont ceux du col utérin (58 % ) suivi du cancer du sein (57 %).
En cytopathologie, 948 cas d’examens ont été effectués dont 567 cas frottis cervico-utérine, 130 cas de cytoponction mammaire, 80 cas de cytoponction ganglionnaire, 69 cas de cytoponction thyroïdienne et le reste.
Concernant le FCV, 58 cas ont été suspectés de malins, 41 cas de lésions intra-épithéliales de haut grade et 134 cas de lésions de bas grade. Sur 130 cas de cytoponction mammaire, 44 cas ont été suspectés de malins. Il y a eu 20 cas de lymphomes suspectés et 27 cas de cancers thyroidiens suspectés.
Difficultés rencontrées dans le fonctionnement : Approvisionnement en consommables : les réactifs coutent chers et pas de fournisseurs au Tchad ; Ressource humaine : la formation des techniciens dans des laboratoires des pays amis très avancés en pratiques d’anapath ; Manque de collaboration avec les cliniciens : le conditionnement des prélèvements pose de sérieux problèmes ;
Le retard dans le diagnostic : il est difficile de tout faire étant seul. La méconnaissance de l’existence du labo par les hôpitaux des régions: seuls Moundou et Bongor envoient des pièces pour des analyses.
A l’heure où tout le monde parle du cancer! Ne faut-il pas renforcer la capacité de ce laboratoire?
JE VOUS REMERCIE DE VOTRE ATTENTION