Les vignerons homicides Matthieu 21, 33-46
23 Jésus se rendit dans le temple, et, pendant qu'il enseignait, les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent lui dire: Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t 'a donné cette autorité ?… … 33 Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et quitta le pays. 34 Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne. 35 Les vignerons, s'étant saisis de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. 36 Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même manière. 37 Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils. 38 Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: Voici l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. 39 Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. 40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?
41 Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte. 42 Jésus leur dit: N'avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu 'ont rejetée ceux qui bâtissaient Est devenue la principale de l'angle; C 'est du Seigneur que cela est venu, Et c'est un prodige à nos yeux? 43 C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. 44 Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. 45 Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs et les pharisiens comprirent que c'était d'eux que Jésus parlait, 46 et ils cherchaient à se saisir de lui; mais ils craignaient la foule, parce qu 'elle le tenait pour un prophète.
"Ecoutez cette parabole" Il s'agit bien d'une parabole, c'est-à-dire d'une histoire concrète racontée, dont chaque élément renvoie à autre chose, afin de leur donner un enseignement abstrait. Cette parabole n'a peut-être pas été racontée par Jésus lui-même, puisqu'il y est question de sa mort. Elle a pour cible les "chefs des sacrificateurs et les Anciens du Peuple", des personnes qui ont et qui font autorité. Le récit peut avoir été forgé par Matthieu lui-même, au moment où il rédige son évangile, c'est-à-dire dans les années 80, après la destruction du Temple de Jérusalem, et la prise en mains des synagogues des villages par les Anciens et les Pharisiens. Mais il est possible également qu'il ait été prononcé par Jésus, peu de temps avant sa mort, alors qu'il s'attendait à être mis en jugement par les Chefs des sacrificateurs, les Anciens et les Pharisiens, et lapidé sous l'accusation de blasphème. Évangéliaire d'Henri III
La Parabole… telle que Jésus… telle que Matthieu… Le maître de maison La vigne Les vignerons Les serviteurs Le fils Les autres vignerons Temps de la récolte Dieu Israël Responsables du Peuple Prophètes Jésus Les "Nations" La fin des Temps 43 C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.
La Vigne (Esaïe 5:1) Le tout début du récit reprend le début du chant d’amour de Dieu pour Israël, dans un poème du prophète Isaïe Je chanterai à mon bien-aimé Le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, Sur un coteau fertile. 2 Il en remua le sol, ôta les pierres, et y mit un plant délicieux; Il bâtit une tour au milieu d'elle, Et il y creusa aussi une cuve. Puis il espéra qu'elle produirait de bons raisins, Mais elle en a produit de mauvais. 3 Maintenant donc, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, Soyez juges entre moi et ma vigne! 4 Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne, Que je n'aie pas fait pour elle? Pourquoi, quand j'ai espéré qu'elle produirait de bons raisins, En a-t-elle produit de mauvais? 5 Je vous dirai maintenant Ce que je vais faire à ma vigne. J'en arracherai la haie, pour qu'elle soit broutée; J'en abattrai la clôture, pour qu'elle soit foulée aux pieds. 6 Je la réduirai en ruine; elle ne sera plus taillée, ni cultivée; Les ronces et les épines y croîtront; Et je donnerai mes ordres aux nuées, Afin qu'elles ne laissent plus tomber la pluie sur elle. 7 La vigne de l'Éternel des armées, c'est la maison d'Israël, Et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait. Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé! De la justice, et voici des cris de détresse!
L'histoire racontée par Jésus comporte une évidence, un enseignement, et un prolongement de l'évidence et de l'enseignement. L'évidence, c'est que Dieu est physiquement, pourrais-je dire, absent de son Peuple. L'enseignement, c'est que les responsables du Peuple (symbolisés dans la parabole par les vignerons à qui la vigne a été confiée en fermage) sont libres de choisir le mode d'entretien et de gestion de cette vigne. Le prolongement de l'évidence, c'est le retour prévu, et attendu avec plus ou moins d'espoir ou d'anxiété, du Maître de la Vigne. Le prolongement de l'enseignement, c'est qu'au jour de ce retour, il faudra rendre des comptes..
"Le maître donna la vigne en fermage à des vignerons et partit en voyage". Cette parole de Jésus s'entend bien sûr des responsables religieux juifs, mais aussi du peuple lui-même vis-à-vis des autres nations d'alentour. La Bible nous dit en effet que Dieu s'était donné à un peuple, à qui il avait donné mandat d'être "témoin de Dieu au milieu des Nations". Vous, vous êtes mes témoins, oracle de Yahvé, et moi, je suis Dieu, de toute éternité je le suis.(Isaïe 41, 12-13). Mais l'histoire dite "sainte", la Bible, nous apprend aussi que les responsables de siècles en siècles, se sont laissé corrompre, et que le peuple s'est laissé entraîner à agir comme les autres peuples d'alentour. Ce qui a eu pour conséquence qu'il a subi l'Exil à Babylone; puis, rentré en Palestine, n'a pratiquement jamais retrouvé son indépendance; pour terminer, rayé de la carte en 135 après l'invasion de Jérusalem par les armées de Titus, et Massada. A quoi je crois pouvoir ajouter qu'aujourd'hui comme hier, revenu depuis 1949 dans une Terre qu'il doit partager avec son ennemi de toujours, on peut se poser la question de sa conscience de "peuple témoin de Dieu au milieu des Nations".
Le Maître et les Vignerons Jésus s’en prend non pas au peuple mais à ses dirigeants. Les vignerons sont les responsables d’Israël , ici les grands prêtres, les scribes et les anciens. Dieu leur a confié sa vigne en fermage puis s’est absenté. Cette absence de Dieu est sans doute empruntée aux conditions sociales de la Palestine du 1er siècle : les grands propriétaires fonciers louaient leur exploitation à des paysans locaux et vivaient à l’étranger. Ils ne s’intéressaient qu’à la récolte. Le propriétaire envoie par trois fois des émissaires, mais chaque fois un mauvais sort leur est réservé.
Les Serviteurs Les serviteurs sont les prophètes. Tout au long de l’histoire d’Israël Dieu les a envoyés pour recueillir les fruits de l’Alliance : la foi et la fidélité. Certains des serviteurs déjà ont été maltraités, mis à mort, préfigurant le sort qui sera réservé au fils bien-aimé, l’héritier, qui, bien sûr, est Jésus. Au temps de Jésus le thème des prophètes assassinés est florissant dans la littérature juive.
D'autres Vignerons Jésus continue : que fera le maître de la vigne ? Dieu châtiera les coupables et confiera la vigne à d’autres, sans doute Matthieu évoque-t-il les païens qui, au moment où il écrit sont en train d’entrer en nombre dans les communautés de croyants au Christ re-suscité à la vie. Mais, sans doute aussi la leçon porte-t-elle plus loin : chaque fois que des responsables de communautés croyantes seront infidèles au projet d’amour de Dieu, la vigne sera confiée à d’autres vignerons.
Cette parabole résume, en quelques images, toute l'histoire du salut, envisagée du point de vue de Dieu. Dieu veut à tout prix sauver l'humanité et Il est prêt à en payer le prix, fût-ce d'exposer son fils à périr. Dieu ne peut rien faire face à l'homme qui tient à sa liberté : Il ne peut le forcer ni à lui rendre l’hommage qui lui est dû, ni même à respecter ses envoyés.
Jean 15, 1-12 Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. 2 Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. 3 Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. 4 Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. 5 Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. 6 Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. 7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. 8 Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples.
La Parabole… telle qu'aujourd'hui… l'Église… Le maître de maison La vigne Les vignerons Les serviteurs Le fils Les autres vignerons Temps de la récolte Le Christ L'Eglise Les responsables de l'Eglise Les "Prophètes" Le message du Christ D'autres… Le Règne de Dieu 43 C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.
" Le Maître partit en voyage" L'Éternel a quitté sa terre. Il est absent. Nul ne le voit. Dieu est absent du monde… Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos; mais ma face, on ne peut la voir. (Exode 33, 18-23) Philippe lui dit: Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui dit: Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe! Celui qui m'a vu a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père ? (Jean 14, 8-9) Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître. (Jean 1, 18) Personne n'a jamais vu Dieu; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. (1 Jean 4, 12) Il s'agit là d'un enseignement important, qui s'adresse, encore aujourd'hui, à tous ceux qui voient l'Éternel partout, pour lesquels la présence de l'Éternel est évidente.
ABSENCE de DIEU - Simone WEIL Dieu est tout le bien possible. Il n’a donc pu créer que moins bien que lui : il n’a pu créer que le mal. C’est le paradoxe de la création : « La création est de la part de Dieu un acte non pas d’expansion de soi, mais de retrait, de renoncement. Dieu et toutes les créatures, cela est moins que Dieu seul. » Le monde n’existe que parce que Dieu s’en est retiré. C’est en quoi « l’existence du mal ici-bas, loin d’être une preuve contre la réalité de dieu, est ce qui nous la révèle dans sa vérité. » Car la vérité de Dieu, dans le monde, c’est son absence. Ceux qui adorent quoi que ce soit ici-bas – le pouvoir, l’argent, l’humanité – sont des idolâtres. La pesanteur et la grâce
Que dire pour aujourd'hui ? Notre responsabilité commune est de "faire mûrir" le monde, et de tout faire pour que le Règne de Dieu y vienne. Avec nos moyens à nous. Avec nos possibilités propres. Avec notre créativité. Nous sommes libres. Libres de mener les affaires du monde et de l'Eglise selon notre désir. Et libres aussi de nous tromper, et de partir sur de fausses pistes, et d'être ainsi infidèle à notre mission. Libres de pécher. C'est pourquoi il est nécessaire, de temps en temps, de faire le point, et de nous interroger sur ce que nous faisons dans ce monde, et sur ce que nous faisons de ce monde, en sachant que nous avons des comptes à rendre, à notre conscience, à nos frères et sœurs, à l'Église, aux collectivités auxquelles nous appartenons… L'appel au changement de comportement, au changement de mentalité est toujours actuel. Des voix s'élèvent périodiquement, qui relaient cet appel, et l'actualisent. Mais le dilemme est alors le suivant : - si les croyants savent entendre cet appel, et s'ils le prennent au sérieux, ils risquent de graves ennuis de la part de ceux que cela dérangera… - si les croyants s'accommodent du monde tel qu'il est, il ne leur arrivera aucun ennui, mais ils ne seront plus crédibles…
Chacun est libre, et doit donc rendre des comptes à sa propre conscience et à Dieu ! Il ne faut pas craindre d'user de cette liberté. Il ne faut pas craindre de se tromper.
Léon BLOY (1846 – 1917 ) Simone WEIL (1909 – 1943) Georges BERNANOS (1888 – 1948) Frédéric OZANAM (1813-1853) Madeleine DELBREL (1904 – 1964) Cal Achille LIENART (1884 – 1973) Quelques grandes voix dérangeantes (parmi d'autres) de l'Église contemporaine en France
F. De LAMENNAIS (1782 – 1852) Joseph FOLLIET (1903 – 1972) Emmanuel MOUNIER (1905 – 1950) Joseph CARDJIN (1882 – 1967) ML. MONNET (1902 – 1988) Marc SANGNIER (1873-1950)