es substances naturelles issues des végétaux ont une large variété d’activités pharmacologiques (antitumorale, antivirale, antimicrobienne, antioxydante cicatrisante…) chez l'humain et peuvent donc servir de remèdes. Il est par ailleurs aujourd’hui reconnu que les plantes constituent une source importante de molécules bioactives. La recherche de composés possédant une activité thérapeutique ne peut toutefois pas être entreprise au hasard compte tenu du très grand nombre d'espèces végétales. Cette démarche doit donc être orientée. Plusieurs stratégies peuvent être mises en place dans le but d’obtenir des composés actifs d’origine naturelle, ceux-ci pouvant provenir aussi bien de plantes que de champignons ou de bactéries. Les criblages de collections de plantes ou de micro-organismes sont une méthode classique qui a permis par exemple la découverte de la plupart des antibiotiques actuels. D’autres méthodes comme la chimiotaxonomie, la zoopharmacologie, l’éthnobotanique ou plus récemment des stratégies basées sur l’écologie chimique permettent de rationaliser cette recherche. Pour valoriser certaines régions de notre pays qui regorgent de remèdes traditionnels, une étude ethnobotanique a été réalisée dans la région de Bouira. Ce travail a pour objectif de valoriser la médecine traditionnelle et de constituer une banque de données pour l’étude de molécules bio-actives pouvant servir pour la fabrication de médicaments. Métabolisme secondaire des plantes : quelles stratégies de recherches de nouvelles molécules ? 3 ème congrès international de la biodiversité végétale Octobre 2015 – Marrakech A. DAHMOUNE, A. FERHAT HAMIDA, I. BAADOUD b, N. HADHOUM, D. SMATI. Tel : Banque de données PHARMEL Enquête Convergence d’emploi Non Abandon Oui Recettes similaires Sélection Analyse analyse chimique Essais pharmacologiques Toxicité Découverte et isolement de nouveaux principes actifs Test pharmacologique toxicologique clinique Forte Nulle ou très faible Essais cliniques Diffusion type de valorisation Laboratoire de contrôle Jardin médicinal familial Utilisation de recette traditionnelle sans confirmation dangereuse Diffusion de recettes similaires Commercialisation de formes galéniques simples (infusion, sirops, pommades) Médecine moderne Commercialisatio n de formes galéniques élaborées (comprimés, gélules) Ethnobotanique Le fait que la sélection des plantes sur la base de données ethnobotaniques augmente le pourcentage de chance d’aboutir à un extrait actif est reconnu et démontré dans de nombreuses publications En effet, l'utilisation d'information ethno médicale a contribué aux soins de santé dans le monde entier, bien que les efforts de l’exploiter aient été sporadiques. Il est fort possible que la masse de plantes à examiner, fournira des molécules chimiques à un plus grand taux que veut l’information ethno médicale déjà actuelle, mais « Ceux qui ne peuvent pas se rappeler de leur passé sont condamnés à le répéter » L Strategies de recherches Cimiotaxonomie La chimitaxonomie a pour but d’établir des rapports entre la composition chimique des espèces vivantes et leur classification systématique (taxonomie). Elle s’applique surtout aux plantes, riches en matières secondaires. Quand la classification des végétaux s’appuyant sur les caractères morphologiques, fait défaut, l’utilisation des métabolites secondaires pour les classer en taxons sera utilisée. C’est ce qu’on appelle classification chimique ou chimiotaxonomique. Actuellement, le recours aux séquences de gènes ou d’ADN par les systématiciens (systématique moléculaire) pour la classification complète les deux approches précédentes. Les plantes appartenant aux même familles ou à des familles voisines et qui poussent dans le même biotope sont susceptibles de synthétiser des molécules chimiques voisines du point de vue structural. De plus, si ces substances sont particulièrement connues pour leur pouvoir thérapeutique, la prise en compte decritères chimiotaxonomiques pour étudier une espèce faisant partie de telle famille aura de fortes chances d’aboutir à l’isolement d’au moins un composé susceptible de nous intéresser. Bibliographie -Adjanohoun, E., Cusset, G., Isssa, L., Keita, A., Lejoly, J., Weachter, P. (1989). Notice pour la récolte et l’entrée des données. Agence de Coopération Culturelle et Technique. Balunas, M. J., Kinghorn, A.D. (2005). Drug discovery from medicinal plants. Life Sciences 78, Cordell, G.A. (1995). Changing strategies in natural products chemistry. Phytochemistry, 40, Fabricant, D.S., Farnsworth, N.R. (2001). The value of plants used in traditional medicine for drug discovery. Environmental Health Perspectives, 109, Hartmann, T. (2007). From waste products to ecochemicals: Fifty years research of plant secondary metabolism. Phytochemistry, 68, Liu, Y., Wang, M.W. (2008). Botanical drugs: Challenges and opportunities - Contribution to Linnaeus memorial symposium Life Sciences, 82, 445–449. Launet, M. (1993). Dans les forêts, à la recherche des médicaments de demain. Science & Vie, 904, 86. Maiza, K. (2007). Pharmacopée traditionnelle saharienne. Thèse en vue d’obtention de titre en sciences médicales (DEMS), Université Youssef Ben Khedda, Alger. Simmonds, M. S. J. (2003). Novel drugs from botanical sources. Drug Discovery Today, 8 (16), Svetaz, L., Zuljan, F., Derita, M., Petenatti, E., Tamayos, G., Caceres, A., Cechinel Filho, V., Gimenez, A., Pinzon, R., Zacchino, S., Gupta, M.P. (2010). Value of the ethnomedical information for the discovery of plants with antifungal properties. A survey among seven Latin American countries. Journal of Ethnopharmacology, 127, 137–158. Conclusion Cette étude nous a permis d’inventorier les plantes médicinales utilisées dans la région de Bouira. Parmi les espèces utilisées, figurent celles qui représentent les Lamiaceae (menthe, marrube, blanc, menthe de pouliot, thym, etc), les ombellifères (anis vert, cumin, persil,, etc) et les composées (Armoise blanche, etc). La détention du savoir phytothérapique traditionnel est très liée au profil des personnes enquêtées. Ainsi, les personnes les plus âgées ont plus de connaissances en plantes médicinales par rapport aux autres tranches d’âges et les femmes sont plus détentrices du savoir phytothérapique que les hommes. Les résultats de l’étude ont montré que la majorité des remèdes sont préparés sous deux formes : infusion et décoction, et que le feuillage et la partie sous-terraine constituent les parties les plus utilisées. Les pathologies les plus traitées par les plantes médicinales recensées dans la région sont celles qui touchent l’appareil digestif, secondairement les affections de l’appareil respiratoire. Nous pensons démontrer à travers le travail initié sur les plantes locales de la wilaya de Bouira que des usages thérapeutiques empiriques dans un domaine précis ne limitent pas l’ouverture des recherches vers de nouvelles applications potentielles. De ce point de vue, les médecines traditionnelles constituent un réservoir très intéressant pour la recherche dans le futur. Chimitaxonomie et bioinspiration Une des stratégies actuelles utilisée pour la découverte de nouveaux composés se base sur l’écologie chimique. Cette stratégie est basée sur des observations du matériel végétal et de son milieu lors de sa cueillette. Il s’agit d’exploiter la capacité des plantes ou des micro-organismes à produire des molécules biologiquement actives du fait de la pression de l’environnement. Les métabolites produits par les organismes vivants ont évolués, via la sélection naturelle, afin d’agir de façon physiologique ou écologique sur le maintien de l’organisme. Leur caractéristique principale est donc leur grande plasticité et diversité qui permet à l’individu concerné de s’adapter de façon flexible aux demandes d’un environnement en évolution constante. Ainsi, une plante qui pousse dans un milieu tropical riche en microorganismes (champignons, bactéries, etc.) et parasites divers et qui ne présente aucun signe d’attaque par ces microorganismes, aura a priori sélectionné les meilleures voies de biosynthèse permettant de produire les métabolites secondaires qui lui permettent de faire face à ces agressions. Une telle plante peut être une source inestimable de nouveaux produits possédant des activités biologiques intéressantes (antifongique, antibactérienne, anti-parasitaire ouantioxydantpar exemple). Ce concept de la recherche de nouvelles substances actives à partir d’études réalisées en écologie chimique peut être décrit sous le nom de bioinspiration. Matériel Nous avons utilisé dans nos enquêtes ethnobotaniques la fiche d’enquête standardisée par l’agence de Coopération culturelle et Technique (ACCT). Cette fiche comporte les rubriques principales suivantes : 1. Renseignements sur l’informateur. 2. Renseignements sur les plantes. Méthodes Nous avons sélectionné cinq régions qui représentent les plus importantes circonscriptions de la wilaya de Bouira : Bouira, Ain Bessam, Sour El Ghozlane, Lakhdaria, M’chedallah. Méthodes et matériel Résultats et discussions 1.Enquête auprès des herboristes L’enquête menée auprès de cette catégorie nous a permis de recenser 99 plantes utilisées par la population enquêtée, appartenant à 51 familles Les familles les plus représentées sont : les Lamiaceae (13.13 %), les Ombellifères (8.08 %) et les composées (7.07 %). 2. Utilisateurs des plantes Les pathologies les plus traitées sont : 1.Affections gatsro-intestinales 65 %. 2.Affections respiratoires 18 % 3.Affections dermiques et activités anti-inflammatoire 9 %. 4.Divers 8 %. 3.Tradipraticiens Ces enquêtes nous ont permis de connaitre quelques mixtures ainsi que les maladies ou symptômes pour lesquels ces dernières sont proposées. Parmi les préparations les plus utilisées, nous citons : 1.Préparations pour l’appareil digestif : syndrome inflammatoires chroniques de l’intestin. 2.Préparations pour l’appareil respiratoire : préparations pour l’asthme, préparations pour la sphère ORL. 3.Préparations pour la sphère génitale : préparations pour les infections vaginales, pour déblocage des règles, pour les règles douloureuses, pour la stérilité, après accouchemen, etc.