Ceux qui connaissent la Gaspésie, les îles de la Madeleine, la Côte Nord du Saint-Laurent, ou qui ont eu le bonheur de visiter ces paradis de mer, ont pu observer les magnifiques oiseaux géants que sont les fous de Bassan. Ils viennent chaque été y nicher en colonies nombreuses et toujours spectaculaire, "à en blanchir les rochers et les falaises, comme de la neige"
Le fou de Bassan est un oiseau d'une rare fidélité. Il peut vivre au moins 20 ans et là où il s’est reproduit pour la première fois, il y reviendra les années suivantes jusqu’à sa mort. De plus, il se choisit un partenaire pour la vie. Cet oiseau ne se reproduit pas avant l'âge de 5 ou 6 ans, et la femelle ne pond qu'un seul œuf par saison. Pourtant, 90% des petits prendront leur envol, et ceci grâce aux soins exceptionnels des parents.
Les jeunes n'ont pas la vie facile. En effet, ils se jettent à l’eau, ne sachant pas ou peu voler. Ils se retrouvent soudain en pleine mer, séparés de leurs parents, sans phase d’apprentissage et c’est instinctivement qu’ils vont commencer à se nourrir. A ce moment précis, ils pèsent plus lourd que leurs parents et sont trop gros pour voler. C'est normal puisqu'ils ont des réserves de graisse pour tenir ainsi durant une semaine...
Ce n'est que lorsqu'ils seront amaigris qu'ils commencent à voler, et donc à se nourrir par eux-mêmes. Certains subiront la loi de la sélection naturelle et mourront rapidement. D’autres dangers les attendent comme la pollution par les hydrocarbures, les filets des pêcheurs, les hameçons, etc.
L'île Bonaventure, en Gaspésie, possède l'une des plus vastes colonies de fous de bassan, soit plus de 35,000 couples. Nulle part au monde peut-on approcher d'aussi près une aussi vaste colonie d'oiseaux de mer. Cette population de l'île Bonaventure augmente de 3% par année. À partir des années 60, en dix ans, l'île avait perdu le quart de sa population à cause des pesticides. Depuis 1984, avec la mise au ban des DDT, la colonie a rattrapé ses pertes.
L'un des comportements caractéristiques des fous de bassan, c'est "l'escrime", c'est-à-dire le frottement et le choc des longs becs. C'est un peu comme si les oiseaux se parlaient. Ce sont les becs qui s'entrecroisent, avec des bruits typiques, qui signifient que tout va bien et qu'aucun danger ne pointe à l'horizon!
Au cours des trois premières années de leur vie, les fous de Bassan demeurent en mer. Puis, ils ne retournent sur terre que pour se reproduire. Pour se nourrir, ils plongent à partir d'une hauteur de 30 mètres ou plus, sur un banc de poissons près de la surface de l'eau. Il peut s'agir de harengs, de maquereaux, de capelans, de merlans ou de goberges.
Le plumage de l’adulte est d’un blanc éblouissant. Une bande étroite de couleur grise encercle les yeux, mais la pointe des ailes est d’un noir de jais. Pendant la saison de nidification, la tête et le cou de l’oiseau prennent une délicate nuance jaune safran. Les yeux sont bleu clair, et le bec est bleu ou gris bleu.
Les colonies sont logées sur des falaises escarpées et sur les crêtes d’îles situées au large, hors d'atteinte des prédateurs terrestres, bien que dans le cas de l’île Bonaventure, le renard roux y vit toute l’année. L’oiseau a besoin d’isolement, en particulier au début de la nidification. Il quitte souvent son nid s’il est dérangé, et cela est particulièrement vrai dans le cas des oiseaux qui nichent pour la première fois.
À la fin de mars, les fou de Bassan quittent la côte sud-est des États-Unis pour venir nicher dans une demi- douzaine d’îles et de caps depuis Terre-neuve, le golfe du Saint-Laurent et la Gaspésie. Lorsqu’on s’approche en bateau d’une grande colonie de fous de Bassan, les corniches et les crêtes semblent couvertes de neige tellement les milliers d'oiseaux au plumage d’un blanc éclatant nichent en masse compacte.
S'il est gracieux en vol, le fou de Bassan est plutôt gauche au sol et en envol. Au départ il lève solennellement la tête, pointe le bec vers le ciel, ouvre à demi ses ailes et étale sa queue sur le sol. Il clopine et sautille vers le bord de la falaise, en émettant des sons étranges. Chaque fois qu’il passe trop près d’un voisin, il y a de nombreux échanges de menaces vocales et de multiples prises de bec. Il trottine en se servant de ses courtes pattes et prend enfin son envol.
Dans les airs, le fou de Bassan est d’une grâce suprême. L’envergure de l’adulte dépasse parfois 2 mètres. Il a les ailes fines, effilées et rabattues un peu vers l’arrière, comme celles du goéland. En vol, l’oiseau tend son bec long et puissant. Celui-ci se fond avec la tête, qui est petite et plantée sur un cou épais, bien profilé et s’harmonisant avec le reste du corps.
Sa robustesse lui permet de parcourir de grandes distances par tous les temps. On peut le voir planer pendant des heures juste au- dessus des flots, en battant à peine des ailes. Il sait tirer parti des courants d’air. Frôlant la crête des vagues, il s’élève au-dessus de chacune d’elles, porté par le courant ascendant, puis pique vers la suivante, et ainsi de suite, ce qui lui permet d’avancer dans une forte brise sans même battre des ailes.
De l’autre côté de l’Atlantique, on retrouve des fous de Bassan, répartis dans 34 colonies. Six colonies, qui totalisent 25, 000 couples, sont établies en Islande. Dans les îles Britanniques, incluant l’Irlande, les îles Shetland et les îles Féroé, la population totale s’établit à 189, 700 couples, répartis dans 22 colonies. En Norvège, l’espèce s’est établi en 1946, mais niche en très petit nombre, soit 2,000 couples. Il existe aussi une colonie de 6,000 couples dans le Nord de la France.
Photographie - John Richardson Un amour perdu - Orchestre André Rieu Mixage audio - F.Bernard Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2005
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