Islam : concepts clés Paris VIIe 14/09/2015
PLAN 1- Histoire et réalisations 1.1- La vie du prophète (sira) 1.2- Succession du prophète et premiers schismes 1.3- Un aperçu historique 1.4- Le monde musulman en crise 1.5- Modèle prophétique et histoire grandiose 2- La religion musulmane 2.1- Sources 2.2- Dogmes 2.3- Le Fiqh, aspect juridico-rituel (Madhhab) 2.4- Fêtes religieuses 3- Rigorisme (salafisme) vs radicalisme (jihadisme) 3.1- Les fondateurs 3.2- Concepts 3.3- Pratiques sociales du rigorisme (salafisme) 3.4- Le radicalisme (jihadisme)
1 – Histoire et réalisations 1.1-La vie du prophète (sira) Les moments clefs de la vie du prophète Naissance, prédication et Hijra de Mahomet (Muhammad) 570 : Naissance du prophète (clan des Hashem, hanif) 610 : Premières visions 618 : Première Hijra (Emigration) vers l’Abyssinie 622/Année O -H. : Seconde Hijra -Prières à la mosquée 624 : jeûne de ramadan et nouvelle Qibla 630 : Retour à La Mecque 632 : Mort du prophète à Médine
1 – Histoire et réalisations 1.2- Succession du prophète et premiers schismes Les 4 califes (successeurs) « bien guidés » (Rashidun) 632 à 661 : Abu Bakr, Omar, Othman et Ali (construction théocratique, fixation définitive du Coran – Vulgate d’Othman). 656 à 661 : califat d’Ali, les trois premiers conflits intra islamiques (Batailles dite du Chameau, de Siffin et de Nahrawan), premiers schismes. Question de la femme : entre progrès prophétique, et recul patriarcal des héritiers. Poids capital du rôle tenu par Mahomet à Médine dans la pensée, voir l’imaginaire, musulmans.
1 – Histoire et réalisations 1.3- Un aperçu historique 661 à 750 : Première dynastie musulmane, les Omeyyades, capitale Damas, grande expansion territoriale (Poitiers en 732 à l‘ouest ; et Talas en 751 à l’est, cf annexe 1). 750 à 1258 : Les Abbassides, capitale Bagdad, début de l’Age d’or (IX-XII è siécles). Une des plus grandes puissances mondiale de l’époque, Bagdad abrite un million d’habitants. Fondation de la Bayt el Hikma (Maison de la sagesse) sous Al Ma’mun ( ), adoption d’une théologie rationaliste, le mu’tazilisme. Epoque de grandes œuvres, comme celle d’Al Khwarizmi, Algoritmus en latin, auteur du Liber Algebrae et Almucabola (origine d’« algèbre » et d’« algorithme »).
Annexe 1: Expansion de l’islam jusqu’en 751 (Encyclopaedia Universalis 2011©)
1 – Histoire et réalisations 1.4- Le monde musulman en crise Mais aussi Mihna –épreuve- contre les hauts fonctionnaires de l’Etat, débats théologiques ‘Aql-raison/Naql-immitation, opposition d’Ibn Hanbal et rejet du mu’tazilisme d’Al Ma’mun, puis déclin. XI-XIII è siècles, l’âge des dangers : Premier signe de la Reconquista en Espagne musulmane (Al Andalus) avec la prise de Tolède en 1085 (fin en 1492 avec la prise de Grenade); Prise de Jérusalem (Al Qods) par les croisés en 1099; destruction de la capitale abbasside, Bagdad, et exécution du dernier calife de la dynastie par les Mongols d’Hulagu (petit-fils de Gengis Khan) en Des rivalités nombreuses -Muhajirun/Ansar; Omeyyades/Abbassides; rivalités ethniques (Arabes/Perses/Turcs/Kurdes/Berbères); sunnites/chiites ; Orient/Occident…
1 – Histoire et réalisations 1.5- Modèle prophétique et Histoire grandiose Valeur exemplaire : le comportement de Mahomet sert de modèle de la vertu pour les musulmans, d’où l’importance du mimétisme: modestie, patience, émigration (hijra), chef de guerre, conquête et retour en vainqueur. Prise dans son ensemble, l’histoire de l’Islam est grandiose et inspire une grande fierté aux musulmans : conquêtes rapides, et émergence d’une nouvelle civilisation (sur le plan social, culturel, et politique); mais aussi résistance face aux périls. Echec des musulmans à se maintenir en Espagne, mais les croisés sont définitivement chassés du Levant en 1291; et les Mongols arrivés sur place finissent par se convertir à l’islam et à s’assimiler, surtout à partir de 1300.
2 – La religion musulmane 2.1 – Sources Le Coran est la première source. 114 chapitres (sourates), pour 6236 versets (ayat). Dans le sunnisme : Coran Parole de Dieu / Verbe divin incarné dans un livre. Coran Incréé/conditions d’interprétations strictes et réservées à une élite. La Sunna (Hadiths et Sira), dans tradition sunnite, 6 recueils reconnus : Les Sahiheyn (Les deux authentiques) d’Al Bukhari (m.869), et de Muslim (m.875); Sunan (les Sunnas) d’Abu Dawud (m.889), d’At Tirmidhi (m.893), d’An Nisa’i (m.916) et d’Ibn Maja (m.887). Autres ouvrages : le Muwatta’ de Malik Ibn Anas (m.796), le Musnad d’Ahmad Ibn Hanbal (m.855); et à un niveau moindre ouvrages d’Al Darimi (m.869), Ad Daraqutni (m.995) et Al Bayhaqi (m.1066). Soit au total plusieurs dizaines de milliers de hadiths réunis (tous statuts confondus). Influence primordiale des Pieux prédécesseurs (As salaf as salih), pris comme des modèles.
2 – La religion musulmane 2.2 – Dogmes Les 5 piliers de l’islam : Profession de foi (chahadateyn –Unicité divine et prophétie de Mahomet), Prières (Salat), Aumône (Zakat), Jeûne (Saoum), et pèlerinage à La Mecque (hajj ). Tawhid (Unicité de Dieu) « Dis : Il est Dieu unique, Dieu de plénitude, Il n’engendre pas et n’est pas engendré, et de qui n’est l’égal pas un » Coran, sourate 112. Le souci du consensus (Ijma’) de la communauté musulmane (Oumma). Distinction Fardh ‘ayn (Obligation individuelle) et Fardh kifaya (Obligation qui n’incombe qu’à une partie de la communauté). Messianisme, majoritairement reconnu, mais controversé.
2 – La religion musulmane 2.3 – Le Fiqh, aspect juridico-rituel (Madhhab) Fiqh, « compréhension » en arabe, désigne tant la jurisprudence islamique que le rite cultuel. Plus généralement, ce terme recouvre la manière de comprendre et de pratiquer la religion tant dans le domaine cultuel (‘Ibadat) que social (Mu’amalat). Le fiqh est la méthode qui permet aux croyants de suivre la voie bonne et juste (shari’a). 4 bases communes pour les écoles juridico-rituelles sunnites, appelées Madhhab : Coran, Sunna, Qyas (raisonnement par analogie, rejeté par les hanbalites), et Ijma (consensus). Les écoles juridiques : Hanafite, malikite, shafi’ite, hanbalite (sunnites), zaydite, ja’farite, ismaélienne (chiites), et ibadite (kharijite).
2 – La religion musulmane 2.4 – Fêtes religieuses Deux fêtes religieuses majeures : l’Aïd el saghir, « petite fête » qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan; et l’Aïd el Adha ou Aïd el kebir, « grande fête », qui commémore la geste d’Abraham par le sacrifice d’un mouton. Commémorations mineures : Achoura, Yaoum ‘Arafa (occasions d’un jeûne d’un jour); et le Mawlid (ou Mouloud), occasion de célébration de la naissance du prophète. Le Mawlid est rejeté par les salafistes. Grande importance des 10 derniers jours du mois de ramadan.
3 – Rigorisme (salafisme) vs radicalisme (jihadisme) 3.1- Les fondateurs Définition : As salaf as salih / As sahaba Les fondateurs : Ahmed ibn Hanbal ( ), Taqi ad din ibn Taymiyya ( ), Mohammed ibn Abdel wahab ( ). Les penseurs du 20 ème siècle : Abdelaziz ibn Baz ( ), Mohammed al Albani ( ), Mohammed al Outheïmine ( ). Les héritiers contemporains : Salih al Fawzan, Rabi’ ibn al Madkhali.
3 – Rigorisme (salafisme) vs radicalisme (jihadisme) 3.2 Concepts Retour à une pratique jugée conforme à celle des Pieux prédécesseurs (As salaf as salih) : Grande importance des hadiths/Sunna. Application imitative (Naql) de la religion/rôle prépondérant d’imams et de « savants » Alim/oulémas jugés dignes de confiance. Développement d’un discours victimaire/complotiste sur l’islam, de France et d’ailleurs, victime des machinations ‘d’infidèles’ (kufar). Messianisme : arrivée du Dajjal (Antéchrist) en Bilad es Sham (Levant, annexe 2)/puis du Mahdi (guide)/puis celle de Jésus (Issa)/ réunion des croyants en pays de Sham après l’engloutissement de la Terre.
Annexe 2 : Carte du Levant, ou bilad es Sham (pays de Sham) Wikimedia commons, Battle of the Mills
3 – Rigorisme (salafisme) vs radicalisme (jihadisme) 3.3 Pratiques sociales du rigorisme (salafisme) Retrait du monde et consécration à la religion : Hijra : départ en pays d’islam pour vivre la foi. Rejet de lois autres que celles de Dieu (exclusivistes). « Purification » de l’environnement (halal/haram). Relation homme femme, code vestimentaire (hijab, niqab, jilbab, cf annexe 3) et préservation de l’impureté. Aujourd’hui, tendance majoritaire à accepter les lois du pays (non exclusivistes), voir à œuvrer dans des actions sociales et humanitaires (associations salafistes privilégiées, mais pas uniquement).
Annexe 3 : Hijab, jilbab, niqab Photo 3 : modèle de Niqab Photo 2 : modèle de Jilbab Photo 1 : modèle de Hijab
3 – Rigorisme (salafisme) vs radicalisme (jihadisme) 3.4 Le radicalisme (jihadisme) « Jihad », effort, est considéré comme une obligation individuelle, Fardh ‘ayn, par tous les radicaux. Alors que dans la tradition classique, il est considéré comme un Fardh kifaya, obligation partielle, et doit répondre à l’appel de l’autorité publique. Selon Farhad Khosrokhavar dans Radicalisation « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social, ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique social ou culturel » pages 7 et 8.
BIBLIOGRAPHIE Sabrina MERVIN, Histoire de l’islam, Flammarion, coll. champs histoire, 2000 Hichem Djaït, La vie de Muhammad, Cérès éditions, coll. D’islam et d’ailleurs, 2012 Dictionnaire de l’Islam, Albin Michel, Encyclopaedia Universalis, 2000 Farhad KHOSROKHAVAR, Radicalisation, Ed. msh, 2014 Mohamed-Ali ADRAOUI, Du golfe aux banlieues, PUF, coll. Proche Orient, 2013 Leyla ARSLAN, Enfants d’islam et de Marianne, PUF, coll. Proche Orient, 2010 Bernard GODARD, La question musulmane en France, Fayard, 2015 Mansour Fahmy, La condition de la femme dans l’islam, Allia, 2007 Gilles Kepel, Terreur et martyre, Flammarion, 2009
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