Marcel Proust La mémoire des mots

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Joyeuse fete des meresJoyeuse fete des meres La fête des mères est la seule fête laique qui soit aussi spirituel.
Transcription de la présentation:

Marcel Proust La mémoire des mots 4. Le narrateur et sa famille

Les personnages des catégories de fortune, d’âge ou de comportement la société française de l’époque décrire l’auteur à travers son œuvre identifier les modèles historiques Contre Sainte-Beuve des notes érudites – les détails biographiques

Un roman social un miroir des changements dans la société Aristote – l’imitation créative (mimésis) un monde vraisemblable une sorte de trompe-l’œil autobiographique des conglomérats de figures historiques réunir, transposer et adapter à ses fins la littérature, la peinture et la musique une tragédie authentique de Racine Berma → Sarah Bernhardt ?

Les lectures du narrateur Georges Sand Leconte de Lisle Maurice Maeterlinck Joséphin Péladan Mme de Sévigné Molière le duc de Saint-Simon Alfred de Musset Stendhal Prosper Mérimée Albert Bloch un voyage à Venise: « Oui, naturellement, pour boire des sorbets avec les belles madames, tout en faisant semblant de lire les Stones of Venaïce de Lord John Ruskin, sombre raseur et l’un des plus barbifiants bonshommes qui soient. » laïft – lift

Bergotte romans, toujours en trois volumes On l’enterra, mais toute la nuit funèbre, aux vitrines éclairées, ses livres, disposés trois par trois, veillaient comme des anges aux ailes éployées et semblaient, pour celui qui n’était plus, le symbole de la résurrection.  Anatole France chez Mme Caillavet

La peinture Giotto, Sandro Botticelli et Vermeer Claude Monet Eric Carpeles: Paintings in Proust. A Visual Companion to ‘In Search of Lost Time’. London 2008 Elstir – Biche Whistler et Édouard Manet

La musique des interprétations pendant les soirées mondaines les allusions aux œuvres de Richard Wagner Claude Debussy, Camille Saint-Saëns ou César Franck ce mystérieux Vinteuil sa sonate pour piano le leitmotiv sentimental de Swann et d’Odette la confusion entre réalité historique et invention littéraire

Le narrateur Marcel de neuf ans son cadet les intonations, les silences, et les gestes le choix de la forme et de la façon une famille de la grande bourgeoisie parisienne un garçon maladif un adolescent perturbé un adulte obsédé la disposition neurasthénique

Ses projections pathétiques Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; […] Gilberte, la fille de Swann et d’Odette Je vais recevoir une lettre de Gilberte, elle va me dire enfin qu’elle n’a jamais cessé de m’aimer, et m’expliquera la raison mystérieuse pour laquelle elle a été forcée de me le cacher jusqu’ici, de faire semblant de pouvoir être heureuse sans me voir, la raison pour laquelle elle a pris l’apparence de la Gilberte simple camarade.

Ses fantaisies vaines conjectures, réflexions absurdes et attentes anxieuses un songe consolateur Il me semblait alors que, dans quelques années, après que nous nous serions oubliés l’un l’autre, quand je pourrais rétrospectivement lui dire que cette lettre qu’en ce moment j’étais en train de lui écrire n’avait été nullement sincère, elle me répondrait : « Comment, vous, vous m’aimiez ? Si vous saviez comme je l’attendais, cette lettre, comme j’espérais un rendez-vous, comme elle me fit pleurer ! »

Ses désirs la réalité objective et la fiction subjective Je savais maintenant que j’aimais Albertine ; mais hélas ! je ne me souciais pas de le lui apprendre. […] D’une part, l’aveu, la déclaration de ma tendresse à celle que j’aimais ne me semblait plus une des scènes capitales et nécessaires de l’amour ; ni celui-ci, une réalité extérieure mais seulement un plaisir subjectif. Et ce plaisir, je sentais qu’Albertine ferait d’autant plus volontiers ce qu’il fallait pour l’entretenir qu’elle ignorerait que je l’éprouvais.

Ses rêves érotiques un ersatz Quelle différence entre posséder une femme sur laquelle notre corps seul s’applique parce qu’elle n’est qu’un morceau de chair, et posséder la jeune fille qu’on apercevait sur la plage avec ses amies, certains jours, sans même savoir pourquoi ces jours-là plutôt que tels autres, ce qui faisait qu’on tremblait de ne plus la revoir.

La pulsion de la conquête Certes, il est plus raisonnable de sacrifier sa vie aux femmes qu’aux timbres-poste, aux vieilles tabatières, même aux tableaux et aux statues. Seulement l’exemple des autres collections devrait nous avertir de changer, de n’avoir pas une seule femme, mais beaucoup. Gilberte, Odette, la duchesse de Guermantes, Mme de Stermaria, Gisèle, Andrée l’amour mercenaire une poupée à l’intérieur de son cerveau Aussitôt, au lieu de l’intervalle impossible à combler entre mon désir et l’action, l’effet de l’alcool traçait une ligne qui les conjoignait tous deux. Plus de place pour l’hésitation ou la crainte. Il me semblait que la jeune fille allait voler jusqu’à moi.

La jalousie la possession exclusive de l’autre des projections, des fantaisies et des malentendus multiples D’ailleurs, la jalousie est de ces maladies intermittentes dont la cause est capricieuse, impérative, toujours identique chez le même malade, parfois entièrement différente chez un autre. […] Il n’est guère de jaloux dont la jalousie n’admette certaines dérogations. Tel consent à être trompé pourvu qu’on le lui dise, tel autre pourvu qu’on le lui cache, en quoi l’un n’est guère moins absurde que l’autre, puisque, si le second est plus véritablement trompé en ce qu’on lui dissimule la vérité, le premier réclame, en cette vérité, l’aliment, l’extension, le renouvellement de ses souffrances.

Un démon transformer en paroles pour raconter aux autres Combien nous voudrions, quand nous aimons, c’est-à-dire quand l’existence d’une autre personne nous semble mystérieuse, trouver un tel narrateur informé ! et certes il existe. Nous-mêmes, ne racontons-nous pas souvent, sans aucune passion, la vie de telle ou telle femme à un de nos amis ou à un étranger qui ne connaissent rien de ses amours et nous écoutent avec curiosité ? la littérature = une sublimation les pulsions autodestructrices → une activité reconnue incapable de tout travail soutenu

Une rétrospective subjective dans les maisons de santé, la tranquillité et la mélancolie du je individuel vers le nous ou le on En se rappelant plus tard le total de tout ce qu’on a fait pour une femme, on se rend compte souvent que les actes inspirés par le désir de montrer qu’on aime, de se faire aimer, de gagner des faveurs, ne tiennent guère plus de place que ceux dus au besoin humain de réparer ses torts envers l’être qu’on aime, par simple devoir moral, comme si on ne l’aimait pas.

La famille du narrateur la première socialisation douloureuse sa mère – un archange sévère de l’Ancien Testament les vacances à Combray, petite ville de la Beauce Illiers – les grands-parents de Proust depuis 1971, Illiers-Combray

La généalogie de la famille

La grand’mère le premier séjour à Balbec les promenades aux Champs-Elysées la marquise de Sévigné (1626-96) L’ambition mondaine était un sentiment que ma grand’mère était si incapable de ressentir et presque de comprendre, qu’il lui paraissait bien inutile de mettre tant d’ardeur à la flétrir. De plus, elle ne trouvait pas de très bon goût que M. Legrandin, dont la sœur était mariée près de Balbec avec un gentilhomme bas-normand, se livrât à des attaques aussi violentes contre les nobles, allant jusqu’à reprocher à la Révolution de ne les avoir pas tous guillotinés.

Tante Léonie les bourgeois nouveaux-riches – les Verdurin les sœurs de sa grand-mère une cousine de sa mère les préjugés de caste et la persévérance dans les convenances […] cette tante Léonie qui, depuis la mort de son mari, mon oncle Octave, n’avait plus voulu quitter, d’abord Combray, puis à Combray sa maison, puis sa chambre, puis son lit et ne « descendait » plus, toujours couchée dans un état incertain de chagrin, de débilité physique, de maladie, d’idée fixe et de dévotion.

Le grand-père un ami du père de Swann un bon catholique antisémite du côté oriental la respectabilité de la famille les repas, les promenades, les visites, les maladies et la mort pas de cérémonies officielles – mariages, baptêmes, funérailles

Les domestiques la vieille servante Françoise fidèle, fière et ambitieuse ignorante, brutale et pleine de ruses Bécassine 1906, La Semaine de Suzette la petite bonne bretonne naïve et dévouée intarissable bavarde ses bévues, ses gestes et son langage

Le réalisme son obstination son dévouement professionnel son endurance physique Quand je fus en bas, elle était en train, dans l’arrière-cuisine qui donnait sur la basse-cour, de tuer un poulet qui, par sa résistance désespérée et bien naturelle, mais accompagnée par Françoise hors d’elle, tandis qu’elle cherchait à lui fendre le cou sous l’oreille, des cris de « sale bête ! sale bête ! », mettait la sainte douceur et l’onction de notre servante un peu moins en lumière qu’il n’eût fait, au dîner du lendemain, par sa peau brodée d’or comme une chasuble et son jus précieux égoutté d’un ciboire.

Un sale compromis un vocabulaire liturgique le prix pour le bien-être Mais qui m’eût fait des boules aussi chaudes, du café aussi parfumé, et même… ces poulets ?... Et en réalité, ce lâche calcul, tout le monde avait eu à le faire comme moi.