Michel de Montaigne VIIIème partie
La bibliothèque est un espace clos, nécessaire pour pouvoir s’en détacher : les Essais sont une création intra et extra muros. Le passage d’un âge à l’autre est quelquefois celui d’un pays à l’autre. Le passage s’opère donc aussi dans l’espace. Et pour cause, l’espace, dans le voyage, est comme une ouverture sur un univers de possibles. En ce sens, c’est bien moins le voyageur qui construit son itinéraire que le voyage qui dévoile l’être à lui- même. Voyage et disposition de l’être
« S’il ne fait pas beau à droite, je prends à gauche ; si je me trouve peu apte à monter à cheval, je m’arrête… Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi ? J’y retourne ; c’est toujours mon chemin. Je ne trace à l’avance aucune ligne déterminée, ni droite ni courbe »
« J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un goût qui accepte tout, autant qu’homme au monde. La diversité des usages d’un peuple à l’autre ne m’affecte que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison d’être. »
Disposition face à l’adversité. Chaque événement, chaque carrefour, est l’occasion d’un choix. Cette possibilité qui nous est offerte se multiplie à l’infini et ouvre ainsi un ciel de possibles, même et surtout dans les situations les plus hasardeuses ou les plus difficiles. Lorsque Montaigne retrouve son domaine dévasté après son errance pendant la peste, il lui semble retrouver curieusement des forces pour se ressaisir et agir.
« Cet écroulement me stimula assurément plus qu’il ne m’atterra. (…) Je me résigne un peu trop facilement aux malheurs qui me frappent personnellement, et, pour me plaindre à moi, je considère non pas tant ce que l’on m’enlève que ce qui me reste. »