Figure féminine en poésie Cecilia CANOVA et Aïtana CANAVY
PLAN Définition globale Exemples de figures féminines Dans l’antiquité EXTRAIT DE : Les Amours Dans les temps modernes La Vénus de Milo Ondine « A une passante » « La chevelure » « Ophélie »
Définition globale Dans un sens global, une figure féminine est une représentation de la femme sous diverses formes et moyens. En général les femmes sont représentées: -Mortes/mourantes -vierges et pures -Belles -Érotiquement -par représentation mythologique -par la représentation de personnages fictifs (fantastiques) ou réels, ayant parfois existé.
ANTIQUITE
OVIDE -43 AV-JC POETE LATIN D’ITALIE
LES AMOURS, LIVRE PREMIER/ELEGIE V […] Corinne vient alors, la tunique relevée, les cheveux flottants de chaque côté sur sa gorge, d'albâtre. Telle la belle Sémiramis marchait, […] Je la dépouillai de sa tunique[…] Lorsqu'elle parut à mes yeux sans aucun vêtement, je ne vis pas sur son corps la moindre tache. Quelles épaules ! quels bras je pus voir et toucher ! Quelle gorge parfaite il me fut donné de presser!
LES AMOURS, LIVRE PREMIER/ELEGIE V Sous cette poitrine sans défaut, quelle peau blanche et douce ! Quelle taille divine ! […] Est-il besoin que je dise le reste ? Épuisés de fatigue, nous nous endormîmes dans les bras l'un de l'autre. Oh ! Puissé-je souvent faire ainsi ma méridienne ! Ovide, Les Amours
TEMPS MODERNES
Venus de Milo (EXTRAIT) La venus de Milo Marbre sacré, vêtu de force et de génie, Déesse irrésistible au port victorieux, Pure comme un éclair et comme une harmonie, O Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux ! Tu n'es pas Aphrodite, au bercement de l'onde, Sur ta conque d'azur posant un pied neigeux, Tandis qu'autour de toi, vision rose et blonde, Volent les Rires d'or avec l'essaim des Jeux. […] Charles-Marie LECONTE DE LISLE, Les Poèmes antiques, 18 Venus de Milo (EXTRAIT)
La Venus de Milo
Ondine Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs. […] Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus. Aloysius BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1842
Ondine – « Ecoute ! – Ecoute ! – C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par tes mornes rayons de la lune […] « Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.
Les figures feminines sont des personnages fantastiques (déesses mythologiques et nymphes) ; Représentation de La Venus de Milo par une beauté irrésistible, et dans la pureté (pure, blanche, pied neigeux) Représentaion d’Ondine par la nature (goutte d’eau, lac, terre et air)
La chevelure Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m'enivre ardemment des senteurs confondues De l'huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ? CHARLES BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL, 1857
La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir ! […] Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. […] Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857
A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet, Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit! - fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité? Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais! Charles Baudelaire , Les Fleurs du mal, 1857
Ophélie La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir. Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle[…]
Ophélie Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! - C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton cœur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;[…] La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. Arthur RIMBAUD, Poésies, 1870
Les figures féminines inventées sont des femmes qui n’ont pas vécu, elle ont été inventées pour le poète Ici nous avons un personnage d’une pièce de théâtre dont l’auteure s’est inspiré. Cette figure féminine est représentée morte, décrite comme blanche, « singe de pureté » (fantôme blanc, esprit raviveur), et souvent comparée à la nature (lys ,neige…)
Le chat Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d’agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s’enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum Nagent autour de son corps brun. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Connotation érotique Comparaison par rapport au chat Les figures féminines peuvent ne pas être représentées comme des femmes humaines. Mais sous une autre forme comme une tempête, une fleur, un animal, … selon l’idée et le message du poète.
Conclusion - Exprimer un sentiment (amour, tristesse, colère ) ; Depuis le début de la poésie, jusqu’à aujourd’hui, les figures féminines ont toujours été présentes. Baudelaire est un des poètes qui a le plus écrit sur des figures féminines. On a pu observer qu’une figure féminine pouvait s’exprimer sous différentes formes et de différentes manières. Existence d’un rôle fondamental dans le message que fait passer l’auteur à travers elles : - Exprimer un sentiment (amour, tristesse, colère ) ; - Exprimer une idée ; - Raconter une histoire.