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MAESTROS En culottes courtes!
Dédicace A mon fils Jean-François et à mon neveu Philippe qui furent d’abord de jeunes maestros en culottes courtes avant de devenir les grands musiciens et interprètes qu’ils sont aujourd’hui...
J’aime me souvenir d’un temps passé, encore tout récent, où les gamins que nous étions apprenions à aimer et à faire de la musique. Je veux dire de la vraie musique, avec des mélodies qui étaient des mélodies et des paroles qui portaient avec elles de vrais messages de beauté, d’espoir, d’amitié, et souvent d’amour.
C’était la belle époque des musiciens en culottes courtes C’était la belle époque des musiciens en culottes courtes! N’eût été de cet apprentissage de la musique à un âge très jeune, déjà à l’école et dans les colonies de vacances, je ne serais jamais devenu un amoureux de la belle musique et je serais, hélas, passé à côté de tant de beauté! Gloire et gratitude à ceux qui ont jadis formé les maestros en culottes courtes!
A cette époque les jeunes faisaient l’apprentissage de vrais instruments en bois. Les machins-trucs électroniques et les boîtes à percussion n’étaient pas encore apparus! Une guitare était une guitare, sans circuits électroniques ni amplificateurs intégrés...
Avant d’apprendre à jouer de la trompette comme Louis Armstrong, on commençait à souffler dans un clairon, puis dans un cornet à piston.
A cette époque – et encore maintenant – j’ai toujours été étonné de connaître les critères qui guidaient les jeunes dans le choix d’un instrument... Pourquoi un violoncelle et non pas un violon? Pourquoi un énorme tuba au lieu d’un picolo? Mais tous les jeunes commençaient par le piano et, bien sûr, le solfège. Ah! Le solfège! Le voilà le grand secret de la réussite.
En ce temps-là les parents n’hésitaient pas à confier leurs enfants à des professeurs privés. En plus de l’apprentissage de la musique à l’école, les enfants pouvaient profiter de l’expérience des grands maîtres. Ma mère disait: «Les cours scolaires c’est pour le cerveau, mais la musique c’est pour l’âme».
Hommage et gratitude aux colonies de vacances et aux mouvements de jeunesse, tel le scoutisme, qui ont collaboré énormément à inculquer le goût de la musique aux jeunes. A l’époque les groupements de scoutisme possédaient tous des chorales ou de petits ensembles de musique instrumentale.
Le goût de la musique était présent dans tous les groupes ethniques Le goût de la musique était présent dans tous les groupes ethniques. Lors des grands défilés nationaux, comme le jour de la Fête de la Saint-Jean, on retrouvait un nombre incroyable de fanfares de jeunes, de corps de tambour et clairon et d’harmonies.
Il y avait au Québec de nombreuses écoles privées de musique, par exemple le Studio de Madame Audet, l’Atelier musical Brasseur, les Petits Violons, etc. Ces écoles préparaient des récitals de fin d’année où les enfants offraient le fruit de leur travail au grand public.
Apprentissage de la trompette dans une école d’instruments à vent, au milieu des années 1960. La trompette était une exigence pour appartenir aux fanfares et aux corps de tambour et clairon.
Et puis, bien sûr, en ce temps-là comme aujourd’hui, les jeunes étaient attirés par les percussions... Mais il fallait une solide formation au plan du rythme et de la cadence pour jouer de ces instruments. Ne devenait pas virtuose de la baguette qui le voulait, mais qui le pouvait!
Il fallait, pour réussir, consacrer de longues heures à l’apprentissage de l’instrument de son choix. Cette rigueur a formé de grands musiciens qui rayonnent aujourd’hui dans les formations professionnelles comme l’Orchestre symphonique de Montréal.
Saxophone ténor et clarinette; il faut de tous les instruments pour créer un ensemble harmonieux. A noter que les jeunes musiciens de cette époque portaient la cravate...
Jeunes élèves d’une école privée de musique s’initiant aux techniques de percussion et de rythme du célèbre professeur allemand Carl Orff.
Les tout jeunes enfants s’initiaient à la flûte simple Les tout jeunes enfants s’initiaient à la flûte simple. Ils formaient de petits ensembles, comme celui-ci, dans une école privée des années 1960.
Après la flûte simple en bois, on passait à la flûte dite de Roëstler, avec un joli timbre de clarinette ancienne... C’est sur un tel instrument qu’à l’âge de 12 ans j’ai appris l’Ode à la Joie, extrait de la finale de la 9ième de Beethoven.
Et un jour, avec fierté, on pouvait enfin s’initier à la grande flûte traversière! Quelle magie des sons!
Je me souviens encore des pièces préférées du répertoire de flûte à bec de l’époque; Ode à la Joie, Cadet Rousselle, A la claire fontaine, Sur le pont d’Avignon... Et puis, pour la fête des mères, il fallait apprendre le célèbre «Ah! Vous dirai-je maman» de Mozart!
La musique n’est plus inscrite au programme académique des écoles La musique n’est plus inscrite au programme académique des écoles. Le solfège n’est plus enseignée. C’est dommage... Allons-nous créer les orchestres de demain avec des synthétiseurs et des appareils électroniques de percussion?
S’il faut rendre hommage à ceux qui, à cette époque, ont enseigné l’amour de la musique aux enfants, il faut aussi être remplis de reconnaissance et d’admiration pour ces jeunes eux-mêmes qui ont répondu avec enthousiasme à cet enseignement.
Perpetuum Mobile - Johann Strauss Création Florian Bernard – 2004 Tous droits réservés