Epicure IIIème partie

Un des moyens, le premier peut-être, d‘atteindre le bonheur, est la pratique de la philosophie. Nous ne connaîtrons certainement jamais l’intégralité de l’œuvre d’Epicure. Il aurait écrit trois cents livres environ et il ne nous reste que trois lettres et les Maximes. C’est pourquoi nous devons nous garder de supposer que ce que nous savons de sa philosophie en était vraiment l’orientation générale. Elle doit donc être entendue comme une direction nous permettant d’imaginer quel aurait pu être l’essentiel de sa philosophie à partir des éléments importants mais limités que nous possédons encore. L’amour de la sagesse

Ainsi, pour l’instant, nous pensons que l’épicurisme est centré sur la recherche d’un bonheur par la pratique de vertus : sans sagesse, il n’est pas de bonheur possible. Nous ne sommes pas toujours capables de saisir ou parfois même d’entrevoir la richesse et le bonheur de l’instant présent. « S'il était possible que l'homme pût toujours vivre, le plaisir qu'il aurait ne serait pas plus grand que celui qu'il goûte dans l'espace limité de sa vie, s'il pouvait assez élever sa raison pour en bien considérer les bornes. »

La sagesse, si difficile à atteindre, nous offre une vision du monde différente. Nous sommes pris par le tourbillon de l’existence, par nos projets, nos rêves, et nous ne voyons plus ce qui nous environne : parfois nous ne remarquons pas ce qui est le plus proche de nous, ce qui nous fait face. Nous ne devons pas remettre à demain de prendre le temps de réfléchir. Marcher dans le jardin pour réfléchir : même méthode que pour Platon et Aristote. Elle offre l’avantage d’observer la nature dont on parle et de l’approcher différemment. Ce n’est pas seulement un lieu mais aussi un outil d’enseignement.

« Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher, ni, parce qu’il est vieux, ne se lasse de philosopher ; car personne n’entreprend ni trop tôt ni trop tard de garantir la santé de l’âme. Et celui qui dit que le temps de philosopher n’est pas encore venu, ou que ce temps est passé, est pareil à celui qui dit, en parlant du bonheur, que le temps n’est pas venu ou qu’il n’est plus là. » Lettre à Ménécée