présente

Je conserve des souvenirs émus des ponts couverts qui ont jalonné tous les parcours de mon enfance. Du haut de leurs tabliers vermoulus, les pieds nus en mouvement dans le vide au-dessus de la rivière, combien de fois me suis-je retrouvé à taquiner la truite... Et si d'aventure un attelage empruntait le pont, son conducteur me saluait d'un grand mouvement amical de la main.

En ce temps-là, dans les campagnes, les voitures à essence étaient rares. C'était donc des attelages de chevaux qui empruntaient les ponts couverts. Le bruit des sabots martelait en cadence les vieux madriers et toute la structure répercutait l'écho de ces bruits familiers. Les paysans reconnaissaient les attelages par le bruit particulier des sabots. "Tiens! C'est Ti-Jean à Alphonse qui est sur le pont"!

Quand nous allions à la cueillette des fraises ou des bleuets, dans les terres du trécarré, et que soudainement l'orage grondait au ciel chargé de nuages, nous prenions en vitesse la direction du pont couvert de la petite rivière communale. C'est là que nous trouvions un abri bienheureux qui nous protégeait de l'orage...

Hélas, la plupart des ponts couverts ont disparu. Il y avait encore 245 ponts couverts au Québec en Il n'en restait plus que 100 en Dix-sept ans plus tard, il n'y en avait plus que 91, dont sept étaient des propriétés privées... C'est alors que fort heureusement le gouvernement décida que désormais le ministère des Transports allait restaurer et sauvegarder les derniers ponts couverts de la Belle Province...

Les intempéries, les inondations, les glaces, les incendies, l'usure et les surcharges ont eu raison des vieux ponts couverts. Mais il y a eu un magnifique éveil des consciences et une admirable volonté des Québécois de sauvegarder ces témoins du passé. A l'heure actuelle, il y a officiellement 89 ponts couverts inscrits au décret de protection.

Les ponts couverts, témoins d'une époque révolue, se dressent ici et là sur des routes secondaires ou dans des rangs isolés, offrant au regard des visiteurs le pittoresque de leur charpente. Leur élégance témoigne de l'importance qu'accordaient nos ancêtres à l'aspect esthétique de ce qu'ils construisaient. Ces ponts racontent une page de l'histoire, tout comme les maisons ancestrales, les moulins et les vieilles églises.

Au Canada, il existe des ponts couverts dans trois autres provinces; la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick où il y en a encore 66. Le pont couvert le plus long au monde existe au Canada. Il est situé au-dessus de la rivière Saint-Jean, à Hartland, Nouveau- Brunswick. Ce pont fait 1282 pieds (390,73 mètres) et sa construction date de

Les premiers ponts couverts furent construits en Asie et en Europe, principalement en Suisse. Certains datent des 12ième et 13ième siècles. L'ingénieur Thimothy Palmer, de Newburyport au Massachusetts, a construit le premier pont couvert d'Amérique du Nord en Ce pont franchissait la rivière Schuylkill à Philadelphie. Connu sous le nom de Permanent Bridge, il fut utilisé jusqu'en 1850.

Mais pourquoi couvrir les ponts d'une toiture? Les nostalgiques apprendront avec regret que ce n'était pas pour protéger les passants, mais bien pour protéger la structure elle-même. Le bois pourrit rapidement sous l'action de la pluie, du vent et du soleil. C'est pourquoi dès le début on a décidé de recouvrir les ponts d'un toit, comme ceux des granges ou des bâtiments de l'époque.

As I grow older than my dreams - Guy Lombardo Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2005

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