Impressionnisme: dégager l’essentiel La photographie remet en question le rôle de la peinture. Les peintres, d’abord Édouard Manet, puis ces plus jeunes collègues, dont Claude Monet, cherchent une nouvelle tache pour leur art. Si Manet affirme l’autonomie de la peinture, ces jeunes peintres, qui vont devenir les impressionnistes s’intéressent tout particulièrement à la lumière et au changement de l’apparence des paysages et des objets sous une lumière changeante. Pour ce faire, ils sortent en plein air, où ces changements sont les plus visibles, et peignent rapidement et en série des peintures rappelant les esquisses, où les traits sont apparents et les couleurs pures, se mélangeant optiquement sur la toile. Les thèmes favoris sont les grandes surfaces d’eau, mais aussi les paysages urbains, modernes et mondains. (la théorie de Newton, et les couleurs du spectre visible, sont dorénavant connus du grand public) Estampes japonaises de l’école Ukyo-e, «images d’un monde changeant ».
Les impressionnistes sortent de l’atelier pour peindre en plein-air (ceci est rendu possible par l’apparition de la peinture à l’huile en tubes…). Ils préfèrent les paysages avec les grandes surfaces d’eau, ou les rues humides, où le ciel se reflète, et où les effets du changement de lumière sont les plus apparents. Monet, Les coquelicots, 1873 Monet, Impression: soleil levant, 1873
Monet, 1873, « Impression: Soleil levant » Les traits sont rapides, visibles, les toiles semblent inachevées, ressemblent à des esquisses. Les couleurs, souvent pures, sont appliquées directement sur la toile où s’effectue leur mélange optique. Monet, 1873, « Impression: Soleil levant »
Les impressionnistes font souvent des séries de peintures d’un même motif par lumière changeante: par heure, par saison – comme ici Monet, peignant la cathédrale de Rouen… 1894, La cathédrale de Rouen, plein soleil, (harmonie bleue et or) 1894, La cathédrale de Rouen, temps gris 1893, La cathédrale de Rouen, lumière du matin, (harmonie bleu)
Le groupe des impressionnistes Claude Monet, Camille Pissaro, Alfred Sisley, Auguste Renoir, Edgar Degas Berthe Morisot, Mary Cassat…
Les Impressionnistes (1874-1886) Le nom d’ « Impressionnistes » s’attache notamment aux peintres Claude Monet, Camille Pissaro, Alfred Sisley, Auguste Renoir, Berthe Morisot (ensuite l’américaine Mary Cassat). D’autres artistes sont associés au mouvement, mais s’en distancient chacun à sa façon: Édouard Manet, Edgar Degas, Paul Cézanne. Le mouvement ne dura « officiellement » que 12 ans, de la première exposition du groupe en 1874, jusqu’à la dernière, huitième, en 1886. Le mouvement se disloque au moment même de son reconnaissance officielle (Manet se voit décerner la Légion d’honneur et expose son « Bar aux Folies-Bergères » au Salon officiel). Le grand public va rester hostile ou, au mieux, indifférant. Si au cours dernier nous avons expliqué les caractéristiques du mouvement sur l’exemple d’œuvres de Claude Monet, nous allons aujourd’hui parler des autres peintres du groupe…
Le plus âgé du groupe, Camille Pissaro, connu pour ses paysages, d’abord admirateur du réalisme, éclaircit sa palette au contact des impressionnistes. Nous allons le voir essayer par la suite le pointillisme avec Seurat. admirateur de Corot, Courbet et l’École de Barbizon,
Alfred Sisley, de nationalité britannique mais né et vivant à Paris, reste un impressionniste sa vie durant, peignant surtout des paysages avec des plans d’eau où se reflètent le paysage et le ciel... Alfred sisley
Deux femmes sont aussi associées au mouvement, la française Berthe Morisot puis l’américaine vivant à Paris, Mary Cassat. Elles vont se concentrer sur la vie privée, d’intérieur, qu’était celle des femmes…Ici Berthe Morisot…
Puis, une fois Berthe mère, c’est l’américaine Mary Cassat qui va reprendre le flambeau …
Mary Cassat, Autoportrait
Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant C’est Claude Monet qui est la personnification du mouvement. Nous retrouvons dans son style particulier et son évolution, toutes les caractéristiques type du mouvement, auquel une de ses toiles a donné le nom… Lui aussi il va rester « impressionniste » toute sa vie. Claude Monet (1840-1926): 1873, Impression: soleil levant
Monet, 1873, Boulevard des Capucines La sortie en plein air, le trait rapide, l’aspect inachevée des toiles, le travail en série et les thèmes favoris: les bords de l’eau, le ciel, les grands boulevards d’un Paris modernisé… 1875, Camille Monet et son fils Jean (Femme au Parasol) Monet, 1873, Boulevard des Capucines 1875, Femme au Parasol 1894, La cathédrale de Rouen
Car si le paysage est le thème que nous associons tout d’abord aux impressionniste les scènes de la vie mondaine et du monde du plaisir donnent aussi nombre de thèmes importants: les impressionnistes y retrouvaient les couleurs vives des toilettes et le scintillement des décors aptes à capter les jeux de lumière qui leur sont chers… Pierre-Auguste Renoir, 1876, Le Moulin de la Galette Pierre-Auguste Renoir, 1874, La Loge
Pierre-Auguste Renoir, 1881, Le déjeuner des canotiers, Le tempérament heureux d’un Pierre-Auguste Renoir en donne une vision gaie et sensuelle…. 130 cm x 173 cm, collection Duncan Philips, Washington Pierre-Auguste Renoir, 1881, Le déjeuner des canotiers,
…alors que d’autres y voient aussi les côtés sombres, comme dans ces Buveurs d’absinthe d’Edgar Degas, et même dans ses danseuses… 1875-76, Les buveurs d’absinthe 1879, Mademoiselle Lola au Cirque Fernando
Degas reste à part du groupe des impressionnistes, peignant des scènes d’intérieur reprises en atelier. Il est connu du grand public par ses très beaux pastels de danseuses de ballet…
1880-85, Les danseuses roses 1880-85, Dancers in Pink Edgar Degas, La leçon de danse, 1873-76 Ces danseuses sont vues des coulisses ou en répétitions. Degas, inspiré le « plan coupé » de la photographie, va l’introduire en peinture: sa composition en est souvent décentrée, asymétrique…
Le « plan coupé » contribue au sentiment de réalité, du « pris sur le vif »: réalisme psychologique, la détresse du portrait de la femme du bistrot, le « pris sur le vif », la réalité des danseuses se rajustant avant leur entrée en scène… Edgar Degas, 1875-76, Les buveurs d’Absinthe 1886-90approx., Dancers Climbing the Stairs
Edgar Degas, La leçon de danse, 1873-76 1881, La petite danseuse de quatorze ans Vers la fin de sa vie, sa vue baissant, Degas va sculpter ses danseuses, combinant des matériaux…
b) Manet, Le Bar aux Folies-Bergères, 1882: vison plus sombre... Pierre-Auguste Renoir, 1874, La Loge: vision gaie Ce côté sombre des lieux du plaisir mondain, nous l’avons déjà vu dans l’ultime toile de Manet, Le Bar aux Folies-Bergères. Nous y avons aussi reconnu l’influence du réalisme de Courbet…
Manet, même s’il reste à part du groupe, va en retour s’inspirer de ses collègues plus jeunes, et peindre vers la fin de sa vie les toiles clairement impressionnistes par leur technique et leur thème… Monet, 1877, Gare St.-Lazare Manet, 1872-73, Le Chemin de Fer
Édouard Manet, Le Bar aux Folies-Bergères, 1881-1882 Dans Le Bar aux Follies-Bergères, si l’influence du réalisme est visible dans la conscience de la réalité sociale du personnage, l’influence impressionniste est visible dans la façon de peindre (la touche rapide, le trait visible, aspect inachevé) mais aussi dans le choix du thème (scène du monde de plaisirs mondains) qui met en scène le scintillement du décor et le jeu de reflets dans la glace. Édouard Manet, Le Bar aux Folies-Bergères, 1881-1882
Manet arrive à la reconnaissance, recevant la légion d’honneur en 1881, et exposant Le bar… au Salon officiel de 1882, peu avant sa mort en 1883. Le groupe des impressionnistes, réunis une dernière fois pour leur huitième exposition en 1886, se disloque au moment même de son reconnaissance officielle, laissant la place au postimpressionnisme… Le grand public resta toujours hostile ou, au mieux, indifférant. Édouard Manet, 1832-1883 Édouard Manet, Le Bar aux Follies-Bergères, 1881-82 Pierre-Auguste Renoir, Le déjeuner des canotiers, 1881
Dorénavant, une autre peinture va occuper le devant de la scène: l’impressionnisme laisse la place au post - impressionnisme. L’impressionnisme a permis l’émergence de l’art moderne: nous verrons que tous les courants importants du XXème siècle lui sont redevables. En quoi et comment, va être le thème de nos cours du second semestre…
Mini test: Ici il ne s’agit pas de paysage, mais d’un autre thème présent dans la peinture impressionniste: lequel? Commentez la composition de ces toiles, et dites que pensez-vous pourquoi Degas choisit cette composition? L’influence d’un autre mouvement est visible ici, duquel? Expliquez.
Corrigé du mini test 3: Les impressionnistes Il s’agit de scènes de la vie mondaine, sociale de l’époque, du monde des plaisirs (coulisses de l’Opéra, bar) (même si ici on ne peut pas parler du plaisir des personnages: les danseuses, même si représentées de façon très belle, sont au travail, la femme du bistrot est clairement désespérée, mais cela renvoie au point 5) (/1) La composition est en plan coupé: décentrée, asymétrique, elle s’inspire de la photo, et contribue à cet aspect du «pris sur le vif », du moment capté… (terme + explication/2) Explication de l’impression que cela fait sur l’exemple des danseuses (pourquoi Degas choisit cette composition, que veut-il faire avec?): une danseuse coupée, l’autre, même si centrale, est tournée de dos, comme si la composition n’était pas choisie mais un moment capté par hasard dans, figé, « un instantané » comme la photographie: c’est le «pris sur le vif », le moment capté; (essai d’explication sur un exemple, argument / 2) (bonus comparaison avec la photo/1) Explication sur l’exemple des buveurs d’absinthe: l’homme coupé, la femme même si centrale, n’est pas au premier plan (les tables devant): c’est clair que c’est d’elle qu’il s’agit, mais c’est comme dire qu’elle ne se sent pas importante, car à l’arrière plan, et qu’elle ne veut pas voir, penser à l’homme coupé, comme une des sources de son désespoir…), nous pouvons dire que ce plan coupé contribue au réalisme psychologique de la scène. (/2) Nous y voyons l’influence du réalisme, car Degas présente la réalité sociale de ses personnages, les aspect sombres: les danseuses sont présentées dans la réalité de leur travail (de derrière les coulisses), les buveurs d’absinthe dans leur détresse… (/2) ( terme + explication)
b) Manet, Le Bar aux Folies-Bergères, 1882 Pierre-Auguste Renoir, 1874, La Loge Comparer ces feux toiles. Quel est le mouvement auquel ses peintures se rattachent et pourquoi? L’influences d’un autre mouvement important de la seconde moitié du XIXème est visible ici, lequel, en quoi?