L’Oil Crash: Pourquoi cette crise ne finira jamais Antonio Turiel Institut de Ciències del Mar (CSIC) Barcelone & Oil Crash Observatory 24 novembre, 2011 Oil Crash: Année 6

Sommaire Le problème La crise énergétique Crise de modèle Changement de modèle Conclusions

Le problème Qu’est-ce le Peak Oil? Qu’est-ce le Peak Everything? Qu’est-ce l’ Oil Crash? Conséquences de l’Oil Crash Attitude face à l’Oil Crash

Les ressources minérales ne peuvent pas être extraites à un rythme constant mais seulement suivant une courbe de production. Qu’est-ce le Peak Oil? Très souvent, on pense que l’extraction du pétrole se fait comme ceci…... alors qu’en réalité, elle se fait comme ceci:

La courbe d’Hubbert Au début des années 50, Marion King Hubbert modélisa d'une manière assez précise la courbe de production de pétrole produit en puits, camps, régions… Son modèle est basé sur deux hypothèses: 1.La probabilité de trouver de nouvelles ressources dépend des réserves encore pour découvrir 2.Les ressources trouvées sont exploitées avec une performance optimale

Le résultat est une courbe logistique: Exemple: Ajustement de la production pétrolière de Norvège (Source: Energy Bulletin) Réserves: Q(t)=Q max /(1+ae bt ) Production: P(t)=-Q’(t) a: Ratio de probabilité b: Performance de l’extraction

On ne peut pas éviter les conséquences fatales de la courbe (remontée rapide et, ensuite, descente rapide). Si on améliore le rendement, la remontée et la descente s’accélèrent. La déduction inclut les ressources pour la découverte; on ne peut avoir qu’un changement si on inclut des ressources différentes. Si on diminue le rendement, on peut générer un plateau mais on renoncera ainsi à une partie de la production.

Production de pétrole cru par pays (Mb/d) et arrivée (constatée ou prévue) du Peak Oil (source: AIE, 2010) Russie: 10,4 (1987) Arabie Saoudite: 8,1 (2014) EE.UU.: 7,8 (1970) Chine: 4,1 (2026) Iran: 3,7 (1974) Canada: 3,4 (1974) Mexique: 3,0 (2004) Vénézuéla: 2,5 (1970) Irak: 2,4 (2018) EAU: 2,3 (2006) Norvège: 2,2 (2001) Brésil: 2,1 (2020?) Nigeria: 2,1 (2005) Kowéït: 2,0 (2013) Angola: 1,7 (2008)

En 1956, M. King Hubbert prédit que la production de pétrole des EUA arriverait à son maximum en 1970, et on se moqua de lui. Malgré les énormes efforts pour l’éviter, en 1970 la production de pétrole des EUA arriva à son pic et commença à décliner, commençant ainsi une ère d’instabilité géopolitique qui dure jusqu’à nos jours. En 40 ans elle a chuté plus de 50% sur la valeur de son sommet. (Source: Energy Bulletin)

Qu’est-ce le Peak Everything? (La Grande Pénurie) Ce comportement en sommet n’est pas exclusif du pétrole, car il se présente dans de nombreuses matières minérales. Dans un système de libre marché, les diverses matières se relaient de manière naturelle à mesure que certaines deviennent plus chères. Ceci a permis de prospérer plus vite, mais a aussi provoqué que les différentes matières premières arrivent à leur zénith d’une manière très synchronisée.

Qu’est-ce l’Oil Crash? L’Oil Crash est l’arrivée à un point à partir duquel la société actuelle, basée sur l’énergie bon marché, et plus particulièrement sur le pétrole, ne sera plus viable. Si on ne prend aucune mesure, le système économique actuel s’effondrera. L’Oil Crash ne signifie pas que le pétrole et les autres matières premières énergétiques s’épuisent; cela signifie, tout simplement, qu’à chaque fois elles seront produites en moindre quantité.

Conséquences de l’Oil Crash Toutes les activités économiques sont fortement dépendantes du pétrole Automotion privée Transport de marchandises Transport de voyageurs Machines Pétrochimie Électricité Premier niveau d’impact Second niveau d’impact Fabrication d’automobiles Tourisme Agriculture Pêche Eau Médecine Troisième niveau d’impact État Ordre social Foyers

Scepticisme (“Une chose pareille ne peut pas arriver”) Foi dans le Demiürg (“Ils ont dû prévoir quelque chose”) Foi dans le Progrès (“Une avance technique nous sauvera”) Disqualification (“T’es un catastrophiste !!”) Toutes ces formes de négation sont irrationnelles: elles ne se basent pas sur des donnés objectives ; avec elles on prétend chercher a posteriori la raison qui justifie ce que l'on veut a priori. La première réaction est toujours la négation émotionnelle, sous diverses formes: Attitude face à l’Oil Crash

Crise énergétique Pétrole Charbon Gaz naturel Uranium Éolienne Photovoltaïque Renouvelables

Pétrole L’arrivée du zénith du pétrole (Peak Oil) est débattue depuis plus de 4 décades.

Après avoir augmenté de 1.8% annuel, la production mondiale de pétrole a stagné depuis 2005 (~85 Mb/d) (Données des WEO de l’Agence Internationale de l’Énergie)

Depuis 2005 la production mondiale de pétrole est devenue très inélastique Tom Murphy, “Peak Oil perspective”. Do the Math, Nov 1, 2011

Le plateau de production de pétrole a déjà amorcé l’Oil Crash (Source: Stuart Staninford, “US Economic Recovery in the Era of Inelastic Oil”. Early Warning, Nov. 23, 2009)

Stratégies de négation de l’Oil Crash dans les médias Anumérisme: le cas des “nouveaux grands gisements” “La compagnie X a trouvé un gisement géant qui compte millions de barils. Ce qui augmente ses réserves de 20% et blablabla” barils barils/jour = 12 jours

Cependant, dernièrement on a commencé à admettre la réalité, chaque fois plus alarmante. 9 novembre 2009: The Guardian publie en première page le scandale des confidents de l’AIE. Le 15 mai 2010 Lionel Badal témoigna devant la Commission Européenne Décembre 2009: Jose Sergio Gabrielli Président de PetroBras: Peak oil arrivera en janvier 2010: Christophe de Margerie CEO Total: Peak oil avant septembre 2011: Peter Voser CEO Shell: Déclination annuelle: 5%

Rapport ITPOES Peak oil: 2015 Rapport JOE -10Mb/d en 2015 Présentation de Glen Sweetnam (DoE) -10Mb/d en février février mars 2010 Juin 2010 Rapport Lloyd’s Crise de réserves: 2013 Septembre 2010 Armée allemande Peak oil imminent Septembre 2010 Australia Institute Peak oil proche

( Plusieurs dizaines d’articles apparaissent (The Guardian, The Independent, The Observer, Wall Street Journal, Der Spiegel, La Vanguardia, El País,…) 9 novembre 2010: La AIE reconnaît pour la première fois que le Peak Oil de pétrole cru est arrivé en 2006

Le monde des affaires commence à prêter attention Rapport HSBC: Le pétrole se fait rare mars 2011 avril 2011 World Economic Outlook Le pétrole se fait rare. Les hauts prix peuvent provoquer une nouvelle vague récessive. avril 2011 GMO Quaterly Letter: Il faut se réveiller: les jours des ressources abondantes et des prix en chute sont partis à jamais.

Et les politiques commencent à réagir ( Gaspar Llamazares: Il questionne le gouvernement sur le scandale de la AIE Aujourd’hui c’est déjà un débat public, mais non pas publicité. 23 juin 2010 mai 2011 César Santiso, candidat d’EU à la mairie de A Coruña 4 mars 2011 Joan Puigcercós: “Le peak oil supposera une grave et longue crise” 5 avril 2011 François Fillon: “La production de pétrole ne peut que chuter”

Situation du pétrole

Charbon Date du zénith : (en énergie) Taxe de déclive : Très lente (1%?) TRE: 70, baissant vite et cond. au pétrole Potentiel maximal :105 Mb/d (26,5% EP mondial) Besoins de capital :Croissant à mesure que la qualité du charbon baisse

Gaz Date du zénith : mondial (2015 Europe) Taxe de déclive : Près de 4% TRE: 20 et baissant (cond. au pétrole) Potentiel maximal :~70 Mb/d (20,9% EP mondial) Besoins de capital : Croissant pour le gaz conventionnel, rendement douteux pour le gaz de schiste

Uranium Date du zénith : Taxe de déclive : Près de 6% annuel TRE: 10 (conditionné au pétrole) Potentiel maximal :59 Kton/any (5,9% EP mondial) Besoins de capital : Dû au cycle de vie total, viabilité incertaine. Emploi de MOX dans des centrales très chères. Réacteurs de fusion inviables.

Hydroélectrique Date du zénith : N/A Taxe de déclive : 0.5% annuel Espagne (colmatage) TRE: 30 (cond. aux fossiles) Potentiel maximal :3 fois l’ actuel (2,2% EP mondial) Besoins de capital :Modérés

Éolique Date du zénith : N/A Taxe de déclive : N/A TRE: 20 (cond. aux fossiles) Potentiel maximal :1Tw (>1% EP mondial) Besoins de capital :Modérés on-shore, élevés off-shore

Photovoltaïque Date du zénith : N/A Taxe de déclive : N/A TRE: 2 (cond. aux fossiles) Potentiel maximal :2-5 Tw (>1% EP mondial) Besoins de capital :Matériaux rares, rendement douteux

Autres renouvables Date du zénith : N/A Taxe de déclive : N/A TRE: Acceptable dans plusieurs cas Potentiel maximal :Très reduit (>0.1% EP mondial) Besoins de capital :Basses à modérées

Crise du modèle La fin de la croissance Le Monde dans un carrefour

La fin de la croissance La croissance du PIB est très liée à la croissance de la consommation énergétique

Le professeur James Hamilton (UCSD) a montré que chaque fois que la facture pétrolière dépasse de 5% le PIB, une récession est déchaînée. Ceci équivaut à 80-85$/barils. Cette estimation coïncide avec celles fournies maintenant par le FMI, la BM, la AIE... Depuis un an la demande dépasse l’offre en 1 Mb/j. Un mouvement de cette amplitude n’avait jamais autant duré.

Le déclin inévitable de notre consommation d’énergie nous mène à un déclin économique forcé et permanent. Le problème plus grave est la dette: sans croissance il est impossible de payer la dette. Tous les pays occidentaux devront suspendre un jour leurs paiements  crise historique. Essayer de payer la dette peut entraîner à la liquidation massive d’actifs sans améliorer le ratio dette-PIB (collapsus catabolique)

Le Monde dans un carrefour En réalité, nous affrontons quatre crises à la fois: Crise énergétique Crise économique Crise financière Crise écologique Les quatre son rattachées et possèdent de nombreuses branches (eau, aliments, matières premières, population...)

Crise énergétique Crise économique Crise financière Crise écologique Crise des matières premières

Crise énergétique Crise économique Crise financière Crise écologique Crise des aliments Révoltes de la faim Biocombustibles

Crisi energètica Crisi econòmica Crisi financera Crisi ambiental Tot això, en un context on els efectes ambientals faran la vida cada cop més dura...

Mais il y a des choses bien pires que la montée du niveau de la mer… Température maximale de thermomètre humide avec une durée de 6 ou plus d’heures “An adaptability limit to climate change due to heat stress” Steven C. Sherwooda,1 and Matthew Huberb PNAS (2010)

Autres effets écologiques:  Extinction des pêches: The End of the Line  Extermination des abeilles mellifères: Colony  Bassins toxiques irrécupérables: Boliden, Hongrie, Flix  L’impossible gestion des résidus nucléaires: Into Eternity

Crise énergétique Crise économique Crise financière Crise écologique Crise politique

Changement de modèle Les alternatives Changement de modèle

Les alternatives Ignorer le problème et continuer avec nos occupations quotidiennes Prendre une position active et favoriser un changement de modèle Qu’implique la première alternative? Certainement un risque croissant d’effondrement systémique

Notre unique alternative La première et principale passe par: LA PRISE DE CONSCIENCE La deuxième passe par: Promouvoir (et accepter) la prise de mesures conduisant au changement de modèle

Changement de modèle Épargne Efficacité et soutenabilité Rélocalisation Communauté Le changement de modèle se structure dans quatre axes principaux: En résumé, il faut passer d’un modèle basé sur la consommation à un autre basé sur la soutenabilité.

Il est possible d’épargner beaucoup d’énergie, mais cela demande des changements radicaux du style de vie et des expectatives... Localiser la production et diminuer les réseaux (~25% de la consommation-, ~10 ans +?) Éliminer l’automotion privée (25% de la consommation-, 10 ans +?) Éliminer la production de biens superflus (par dessus de 25% -) Économie énergétique

L’énergie sera rationnée: les processus industriels et les usages domestiques devront être optimisés. La conception des appareils doit faciliter la maintenance, la réparation et le recyclage. On doit privilégier la soutenabilité et le respect à l’environnement à la performance. Il est nécessaire de récupérer les pratiques comme la jachère, la rotation des cultures, etc., qui facilitent la soutenabilité. Il est inévitable de réduire l’ ingestion de viande. Efficacité et soutenabilité

Le transport deviendra cher; la production devra donc être locale Rélocalisation On ne connait pas la carrying capacity de l’Espagne; nous devons profiter de l’énergie disponible pour nous adapter. Les ressources (matières premières, main d’œuvre) devront être locales, les idées non. On doit satisfaire les besoins spécifiques locaux. Avec la baisse énergétique, la campagne peut exiger une quantité plus grande de main d’œuvre (30% ou plus). On peut cultiver dans les villes.

On doit constituer des bancs d’aliments pour protéger les plus nécessiteux. Les gens sans travail peuvent apporter leurs connaissances au bénéfice de la communauté. La création de coopératives de produits agricoles producteur-consommateur s’avère nécessaire. Les potagers urbains sont conseillés. La dépendance entre les individus sera plus forte: la solution doit être pour tout le monde ou ne sera pas Communauté

Conclusions  La production de pétrole stagne depuis Et ce n’est que l’avant-garde des zéniths du gaz, du charbon et de l’uranium.  Pire encore, notre consommation de pétrole tombe déjà à 3% par an à cause de la pression des économies émergentes.  Le manque de matières premières et de pétrole en particulier empêche la croissance économique soutenable.  Avec notre système économique ne pas croître nous condamne à une spirale de destruction économique (collapse catabolique)  Il n’y a pas d’alternatives aux combustibles fossiles et à l’uranium: on manque de capacité d'échelle, de matériaux, de temps et de capital.

Conclusions  Que pouvons et devons-nous faire à ce propos? - Diminuer l’ exposition individuelle - Réorienter, si besoin est, nos études ou profession, afin d’acquérir de nouvelles aptitudes - Aider les gens les plus proches en les avertissant du problème et en créant des communautés de support - Provoquer l’ exécution de politiques de soutenabilité - Informer à la population, spécialement les jeunes Merci pour votre attention Traduit par Víctor Pérez