Introduction à la bibliothéconomie

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Transcription de la présentation:

Introduction à la bibliothéconomie Première partie Elisabeth Kneller Je vous remercie d’être venus dans cette école de documentation. Je suis Elisabeth Kneller, responsable administrative de la Bibliothèque mathématique Jacques Hadamard, qui est la bibliothèque du département de mathématique de l’Université Paris XI à Orsay. Ce cours s’adresse à tous ceux qui souhaitent installer ou gérer une bibliothèque - donc aux bibliothécaires, chercheurs et toute personne ayant en charge la gestion de la documentation. Il devra vous donner une première introduction du métier de bibliothécaire. C’est une introduction à la bibliothéconomie.

Objectifs du cours (en deux parties) Ce cours doit vous initier au métier de bibliothécaire / documentaliste en : Vous donnant une idée de ce en quoi consiste la gestion administrative d’une bibliothèque Vous aidant à constituer et valoriser un fonds documentaire Vous renseignant sur les questions concernant l’achat du numérique Vous présentant le travail quotidien du bibliothécaire et vous initiant aux techniques du métier : achat des ouvrages, traitement du fonds documentaire, création des catalogues, recherche documentaire Vous aidant à réduire les pertes d’ouvrages (gestion du prêt, rangement des livres, etc.) Ce cours en deux parties devra vous initier au métier de bibliothécaire ou documentaliste.

Quelques définitions Bibliothéconomie ou sciences de l’information et des bibliothèques : la bibliothéconomie est l’ensemble des techniques de gestion et d’organisation des bibliothèques. Bibliothèque : une bibliothèque est un lieu destiné à la recherche rapide et efficace de documents d’étude, d’information, de loisir, etc. Pour assurer cette mission, la bibliothèque remplit des fonctions diverses mais complémentaires en service public comme en travail interne. Je commence par deux définitions : qu’est-ce que la bibliothéconomie ? La bibliothéconomie est l’ensemble des techniques de gestion et d’organisation d’une bibliothèque ou d’un centre de documentation, ou d’information en général. Une appellation plus générique est celle de « sciences de l’information et des bibliothèques ». Une bibliothèque est un lieu destiné à la recherche rapide et efficace de documents. Cela veut dire qu’un usager qui fréquente une bibliothèque est souvent à la recherche d’informations et il espère les trouver à la bibliothèque. Cela demande 1) une bonne gestion de l’information disponible dans la bibliothèque - donc un travail que l’usager ne voit pas - et 2) une gestion de la communication de l’information - soit en offrant un accès à Internet soit en gérant le prêt des documents. En vertu de la 16e assemblée générale de l’UNESCO du 13 novembre 1970, l’UNESCO a pour mission d’étudier l’ensemble des phénomènes culturels et éducatifs existant de par le monde et d’établir des statistiques internationales en ce qui concerne les différents types d’institutions culturelles et éducatives.

Les missions d’une bibliothèque Deux missions principales résultent de cette définition : Gestion administrative de la bibliothèque Travail interne Constitution d’un fonds documentaire Traitement des documents Gestion de l’accès à la documentation Aménager et faire connaître la bibliothèque Service public Gérer l’accès aux documents, prévenir les pertes Chaîne documentaire De cette définition résultent deux missions principales : il faut gérer l’aspect administratif de la bibliothèque, ce qui comprend la gestion du budget, mais aussi du personnel, des horaires d’ouverture, etc. Il faut prendre des décisions concernant le fonds documentaire accessible à la bibliothèque - tous les participants de la bibliothèque - les bibliothécaires, mais aussi les chercheurs auxquels la bibliothèque sera destinée, doivent y participer. Pour que les documents puissent être accessibles aux usagers - ou pour que les usagers puissent trouver l’information qu’ils cherchent - le fonds documentaire doit être traité et géré. Enfin, il faut assurer un service public - aménager la bibliothèque, la faire connaître, il faut surtout gérer l’accès aux documents, gérer les emprunts et prévenir les pertes et les vols.

Introduction à la bibliothéconomie (partie 1) Plan du cours : première partie : la chaîne documentaire Gestion administrative d’une bibliothèque Constitution d’un fonds documentaire Politique d’achat Acquisition des documents Traitement manuel des documents Catalogage et indexation des documents Le cours sera donc partagé en deux parties : je vais essayer de vous présenter des méthodes de travail, le cours ne sera donc pas très théorique mais vous montrera plutôt des techniques.

Introduction à la bibliothéconomie (partie 2) Plan du cours : deuxième partie Aménagement d’une bibliothèque Le mobilier Les postes informatiques L’antivol Faire connaître la bibliothèque Service public en bibliothèque La recherche documentaire Gestion du prêt de documents / prévenir les pertes Typologie des documents Quelques exemples de documents électroniques

Types de bibliothèques Bibliothèque nationale : acquisition de toutes les publications éditées dans le pays par le Dépôt légal. Conservation, catalogage, coopérations nationales et internationales, accueil du public… Bibliothèques universitaires : spécialisées pour servir les besoins des étudiants, les enseignants et les chercheurs en documentation. Enregistrement et conservation des thèses soutenues à l’université. Bibliothèques municipales : bibliothèques du quartier. Bibliothèques spécialisées et centres de documentation, bibliothèques de recherche : acquisition d’une documentation très spécialisée au domaine de la recherche. Exploitation et utilisation des documents avec un maximum en rapidité. Accès à des bases de données. Nécessité de travail en réseaux pour satisfaire aux besoins en documentation de la part des utilisateurs. Je vous présente brièvement les grands types de bibliothèques. La Bibliothèque Nationale a surtout une mission de conservation, de catalogage. Elle acquiert toutes les publications éditées dans un pays, elle édite la bibliographie nationale. Vous serez plutôt amenés à gérer une bibliothèque spécialisée, un centre de documentation ou une bibliothèque de recherche. Vous allez donc acquérir une documentation très spécialisée - en mathématiques, physique, etc. Vos usagers chercheront donc une documentation précise dans un délai rapide, voudront accéder à la totalité de la documentation existante dans un certain domaine. Pour répondre à ces besoins, il est très utile de travailler en réseaux : une seule bibliothèque ne peut pas satisfaire toutes les demandes et ne peut surtout pas acheter toute la documentation (pour des raisons évidentes de budget).

Création et gestion d’une bibliothèque Avant d’installer une bibliothèque, il convient de se poser les questions suivantes : Y a-t-il des locaux pour installer une bibliothèque ? Y a-t-il du personnel pour se charger du fonctionnement de la bibliothèque ? Qui sera le directeur / la directrice de la bibliothèque ? Commençons avec une question basique : où la bibliothèque sera-t-elle être installée ? Et qui s’en occupera ? Tous les locaux ne sont pas adaptés pour accueillir une bibliothèque. Il y a des charges du sol à respecter. Pour un bureau normal, la charge du sol est environ de 250 kg/m², pour une bibliothèque en libre accès cette charge atteint environ 600 kg/m², pour une bibliothèque équipée de rayonnages compacts, cette charge peut atteindre 1200 kg/m². De fait, il est impératif de se renseigner auprès des services techniques avant d’installer une bibliothèque pour connaître la charge qu’un sol peut supporter. L’idéal reste évidemment de l’installer en rez-de-chaussée.

Le personnel de la bibliothèque Le directeur / la directrice : responsable scientifique de la bibliothèque, souvent en collaboration avec une commission de bibliothèque. Le personnel de la bibliothèque : souvent non scientifique. Selon la taille de la bibliothèque, une ou plusieurs personnes s’occupent de la gestion et du fonctionnement de la bibliothèque (gestion du budget, commande des ouvrages, catalogage, gestion du prêt, gestion du personnel, gestion des horaires). La gestion d’une bibliothèque et son bon fonctionnement exigent des personnes qui sont responsables de la bibliothèque, du point scientifique et administratif. La bibliothèque doit répondre aux besoins des chercheurs et des étudiants. Il est donc nécessaire qu’il existe un bon suivi du fonds documentaire. En général, un scientifique pourra le mieux estimer les besoins en documentation - il est donc recommandé qu’un chercheur prenne en charge la sélection des documents. Pour la gestion administrative, la gestion du budget, la commande des ouvrages, la gestion du prêt de documents, il n’est pas nécessaire d’être scientifique. Selon la taille de la bibliothèque, il est même recommandé d’avoir recours à du personnel professionnel en documentation ou à des personnes qui sont prêtes à suivre des formations professionnelles pour apprendre les techniques nécessaires à la bonne gestion d’une bibliothèque.

Gestion administrative : le budget La gestion du budget couvre : Les dépenses pour l’achat de documents : ouvrages, revues… Les fournitures de bureau : papier, crayons… Le matériel informatique : PC, Mac, imprimantes… Les meubles… Pour vous donner une idée des dépenses à prévoir dans une bibliothèque : pour l’achat d’un livre on compte environ en moyenne 80 à 100 $.

Exemple de salle de lecture dans une bibliothèque Maintenant que la gestion de la bibliothèque est planifiée, que les locaux pour la bibliothèque existent, que les responsables scientifiques et administratifs ont été désignés, on peut commencer à faire vivre la bibliothèque. Il faut créer un fonds documentaire, il faut traiter ce fonds, l’inventariser, le cataloguer pour, enfin, le mettre à la disposition des usagers. Je vais donc décrire ce qui s’appelle aussi le circuit du livre ou la chaîne documentaire. Ici, vous voyez une partie de la salle de lecture de la bibliothèque mathématique Jacques Hadamard. Nous gérons un fonds d’environ 60 000 ouvrages et 425 abonnements en cours. Sans une bonne gestion, on est vite perdu. L’usager ne trouve plus rien.

La chaîne documentaire Estimation et analyse des besoins Recherche, sélection et acquisition des documents Traitement des documents Traitement manuel : Réception, enregistrement, équipement, estampillage Traitement intellectuel : Catalogage, analyse, résumé, indexation… Création du catalogue de la bibliothèque = Mémorisation de l’information Dans un premier temps, il s’agit de définir ses besoins, puis de sélectionner les documents que l’on souhaite acquérir. Une fois les documents achetés (ou reçus : don, échange, etc.), il faut les traiter, c’est-à-dire contrôler leur livraison, les enregistrer, les estampiller. Le traitement intellectuel consiste à cataloguer le fonds de documents, le classer pour le rendre accessible aux usagers. Classement des documents Communication des documents Prêt, recherche, aide à la recherche Statistiques, feed-back permettant une nouvelle analyse des besoins

La constitution d’un fonds documentaire Qu’est-ce qu’un fonds documentaire ? C’est l’ensemble des documents présents ou accessibles dans une bibliothèque Documents imprimés Documents électroniques Autres supports - Livres, périodiques, thèses - Revues et ebooks - Optiques (CD, DVD) - Graphiques (cartes) - Microfiches… Une bibliothèque dispose d’un fonds documentaire qui peut être consulté par les usagers. On appelle fonds documentaire l’ensemble des documents présents ou accessibles dans la bibliothèque. Il se compose de documents imprimés (livres, périodiques, thèses), de documents électroniques, accessibles en ligne (revues, ebooks) et d’autres supports d’information, tels des CD, DVD, cartes, tableaux, microfiches, etc. Supports graphiques : photos, estampes … Plus de détails sur les types de documents en deuxième partie du cours

La constitution d’un fonds documentaire Il faut élaborer une politique documentaire / politique d’achat Pour ce faire, il faut se poser les bonnes questions : Quel est le public de la bibliothèque ? Quels sont les sujets qui doivent être couverts par les documents de la bibliothèque ? Quels types de documents (imprimés, électroniques) achètera-t-on ? Quel est le budget disponible pour l’acquisitions des documents ? Quels sont les modes de création ou d’enrichissement du fonds documentaire ? Y-a-t-il des moyens gratuits ou payants ? Le fonds documentaire doit répondre aux besoins des usagers ; les usagers dans une bibliothèque de recherche sont les chercheurs et les étudiants. Il doit répondre aux besoins du public pour lequel la bibliothèque a été créée. Avant de commencer à acheter des documents, il faut établir une politique documentaire ou une politique d’achat. Il y a plusieurs questions à se poser : quel est le public de la bibliothèque, quels sont les sujets qui doivent être couverts, est-ce qu’on achète des documents papier ou électroniques ? Quel est le budget disponible pour les acquisitions ? Y-a-t-il des moyens autres que payants pour enrichir son fonds documentaire (gratuits éventuellement) ?

Élaboration de la politique documentaire L’élaboration de la politique documentaire est du ressort de la commission de bibliothèque, composée de scientifiques et du responsable scientifique ou directeur de la bibliothèque. Cette commission doit se réunir régulièrement pour prendre des décisions concernant : Les abonnements et désabonnements aux périodiques Les grandes lignes des achats d’ouvrages Les grandes lignes des achats de documents électroniques Le fonctionnement du prêt des documents Le règlement interne de la bibliothèque De discuter de toutes ces questions, c’est le rôle d’une commission de bibliothèque. Généralement, une commission de bibliothèque est composée de chercheurs des différentes disciplines représentées. Ce sont eux qui connaissent le mieux leur discipline ainsi que les documents qui existent.

L’acquisition des documents Acquisition d’un document : entrée définitive d’un document dans le fonds de la bibliothèque. Comment acquérir un livre sur support papier ou optique ? Principalement par achat auprès d’un éditeur, d’une librairie Consultation de catalogues Cahier de suggestion Acquisition par échanges avec des institutions partenaires Acquisition par don Recenser les documents qui existent déjà dans le département L’acquisition d’un document indique que le document entre définitivement dans le fonds de la bibliothèque (cela ne concerne donc pas les emprunts, ni les accès en ligne dont je parlerai plus tard). On peut acquérir un document, ce qui semble le plus évident, par achat auprès d’une librairie ou un éditeur. Les sites des éditeurs, des libraires ou des catalogues fournissent des informations sur les nouveautés, sur les prix. On peut aussi mettre à la disposition des usagers un cahier de suggestion, dans lequel les usagers pourront noter les documents qui devraient figurer dans la bibliothèque. A titre payant, il y a aussi plusieurs possibilités d’enrichir les collections ou le fonds documentaire d’une bibliothèque. Dans un premier temps, lors de la création de la bibliothèque, on peut recenser les livres et autres documents qui existent déjà dans le département, qui ne sont pas connus des collègues et qui ne sont donc pas accessibles. En enregistrant ces ouvrages, ceux-ci ont une appartenance et peuvent être retrouvés. Je reviendrai plus tard sur les détails de l’enregistrement. A Orsay, nous échangeons aussi des ouvrages et des revues avec d’autres universités et bibliothèques nationales et internationales.

Établissement d’un bon de commande Remplir un bon de commande : auteur / titre / éditeur / date / ISBN Le bon de commande doit être établi en plusieurs exemplaires : 1 exemplaire pour le fournisseur 1 exemplaire pour la bibliothèque 1 exemplaire pour le service financier Bien sûr, il faut vérifier avant d’établir un bon de commande que la bibliothèque dispose bien des moyens financiers pour payer les commandes. Lorsqu’on commande des livres auprès d’un libraire, il faut fournir un ensemble d’informations, notamment l’auteur, le titre, l’éditeur, la date, le numéro ISBN, etc. Un bon de commande est un engagement auprès d’un fournisseur, cela veut dire qu’il faut être sûr que le paiement de la commande puisse être assuré. Le bon de commande doit être établi en plusieurs exemplaires. Vérifier si la bibliothèque a les moyens financiers pour payer les commandes.

Acquisition des périodiques Comment acquérir un périodique / une revue au format papier ? L’achat se fait principalement par abonnement annuel (soit auprès de l’éditeur directement, soit par le biais des fournisseurs d’abonnements). Ne pas oublier de renouveler les abonnements chaque année. L’achat d’un abonnement demande un suivi particulier du côté des bibliothécaires. Dans les mathématiques, les années antérieures d’une revue forment, comme les livres, le patrimoine d’une bibliothèque. Ces documents appartiennent à la bibliothèque. Dans les mathématiques, il est important de garder les numéros précédents. Une revue est commandée par abonnement annuel, qu’il faut renouveler chaque année. Ce sont des titres de revues qui sont commandés, par exemple le titre « Annals of mathematics ». Ce titre paraîtra normalement tous les 2 mois, cela veut dire qu’on reçoit un fascicule tous les 2 mois. L’achat d’un titre de revue demande un suivi particulier du côté des bibliothécaires. Malheureusement, il y a assez souvent des fascicules qui n’arrivent pas ou alors avec du retard. Dans ce cas, il faut réclamer auprès de l’éditeur les numéros qui manquent, qu’on a cependant payés. Dans les mathématiques, les numéros des années antérieures sont encore consultés ; il faut les garder. Les revues forment, comme les livres, le patrimoine de la bibliothèque. Ce sont des documents qui appartiennent aux collections de la bibliothèque.

Acquisition des documents électroniques Qu’est-ce qu’un document électronique ? C’est une donnée d’information qui doit être utilisée sous forme informatique. DVD : même procédure que pour les livres Accès en ligne : la bibliothèque paie pour avoir un accès en ligne à un document qui est physiquement stocké ailleurs La bibliothèque n’est donc pas propriétaire de ces documents. Un document électronique est une donnée informatique. Le document électronique est normalement consulté sous forme informatique. Les données informatiques peuvent être stockées sur un CD-rom ou un DVD. Un DVD acheté appartient à la bibliothèque comme un livre ou une revue papier. Il n’en va pas de même pour les accès en ligne. Il y a des accès en ligne gratuits, et c’est très important de connaître les sites qui les offrent, mais il y a aussi des accès en ligne payants.

Exemples d’accès à des revues électroniques 1) Éditeurs commerciaux pour lesquels des prix préférentiels ont été négociés : Les accès en ligne de l’éditeur Springer : http://www.springerlink.com Les accès en ligne aux revues de Sciencedirect (Elsevier, CellPress, etc.) : http://www.sciencedirect.com/ 2) Organisations sans intérêt commercial : Accès JSTOR : Accès en ligne aux revues et aux archives, selon disciplines : http://www.jstor.com 3) Accès aux revues déposées dans des archives ouvertes : HAL : Hyper articles en ligne : http://hal.archives-ouvertes.fr/ Arxiv : les archives de Cornell University : http://arxiv.org/archive/math Inscription Springer : éditeur commercial, pour lequel le RNBM a négocié.

Acquisition de documentation électronique Comment peut-on acquérir de la documentation électronique ? Achat d’accès en ligne aux titres de périodiques électroniques auprès d’un éditeur, d’un fournisseur, etc. (prix environ identique au prix papier, DVD à la fin de chaque année). Achat d’accès en ligne aux titres de périodiques des sociétés savantes et aux archives (support DVD à la fin de chaque année : JSTOR, par ex.). Achat d’accès en ligne à des « bouquets » de titres : par exemple les titres de mathématiques de l’éditeur Springer, les titres de l’éditeur Elsevier… Attention : souvent les accès en ligne ne sont ouverts que pour une période bien précise, l’accès aux archives fait objet de frais supplémentaires. Accès à des archives institutionnelles (sans achat). Comme les revues sous forme papier, il est possible d’acheter des revues sous forme électronique, qu’on commande de la même manière. Pendant l’année en cours, vous aurez un accès aux articles par Internet et à la fin de l’année vous pourrez récupérer le DVD sur lequel sont enregistrés le contenu et les articles de l’année. Cela vous permettra d’avoir les archives. Il existe des projets scientifiques, comme JSTOR ou Euclid, qui s’occupent de la numérisation de revues (surtout de sociétés savantes). Une bibliothèque peut donc acheter un accès en ligne à un bouquet de revues scientifiques ; les accès électroniques notamment sont possibles pour toutes les années qui ont été numérisées, aussi aux archives. Vous connaissez peut-être les accès en ligne aux grands éditeurs ScienceDirect ou Springer ou Wiley. Ce sont aussi des portails qui offrent des accès en ligne à des bouquets de revues, mais de tous les domaines. Il faut faire attention car ces accès en ligne ne sont ouverts que pour une période bien précise, souvent pour les dernières 5 à 6 années, les accès aux années antérieures faisant objet de frais supplémentaires. Il y a enfin les accès aux archives institutionnelles, qui sont gratuits.

Acquisition de documentation électronique Avantage des accès en ligne : un accès en ligne ne demande pas beaucoup de place pour stocker les revues. La bibliothèque peut offrir des documents physiquement dispersés sur différents sites. Inconvénients de la documentation électronique : la bibliothèque n’est pas vraiment propriétaire des collections pour lesquelles elle paie un accès en ligne (sauf dans le cas d’achat des archives sur un support). Il faut avoir un réseau internet stable. L’avantage principal concerne bien sûr la place de stockage. Souvent, les achats auprès des éditeurs, comme Springer, sont très chers. Une solution judicieuse pour les bibliothèques est de collaborer entre elles. Les bibliothèques développent elles-mêmes des initiatives intéressantes en matière de numérisation des revues qui sont en leur possession. Elles pourront donc offrir par Internet une documentation qui physiquement est localisée dans une autre bibliothèque. Par rapport aux revues sur support papier, le document qu’on vient de lire sur Internet n’appartient pas à la bibliothèque. La bibliothèque n’a acheté que l’accès. En cas de suppression de l’abonnement (par ex. suite à une augmentation du prix de la revue alors le budget de la bibliothèque stagne), la bibliothèque ne peut plus y accéder. Elle n’aura pas pu créer un patrimoine comme avec les revues sur support papier qui lui appartiennent. Un autre inconvénient est qu’en cas d’instabilité du réseau informatique, ou même de coupure de courant, l’usager sera empêché d’accéder à l’information.

Négociation de prix : les consortiums Consortium : groupement d’établissements ou d’institutions formé dans le but de négocier en commun des accès électroniques auprès des éditeurs à des prix avantageux. Exemples en France : Couperin, RNBM pour les mathématiques. Ce qu’il faut savoir : les négociations sont valables pour une courte période seulement ; il faut maintenir un certain chiffre d’affaires auprès de l’éditeur pendant la période de négociation ; il n’y a pas de désabonnement possible pendant la période négociée. Que fait-on en cas de changement d’éditeur d’un journal ? Malheureusement, avec la fusion des éditeurs la connaissance et le savoir deviennent un enjeu commercial. Les prix peuvent augmenter et les bibliothèques ne sont plus en mesure de payer les abonnements. Les bibliothèques s’organisent en consortiums (ou consortia) pour pouvoir mieux négocier les prix et les conditions d’accès aux titres électroniques. Dans le cas des mathématiques, citons par exemple le consortium RNBM, qui a négocié un accès à la base de données MathSciNet auprès de l’Amercian Mathematical Society. Pour pouvoir offrir un accès à cette base à tous les mathématiciens français, y compris ceux qui ne travaillent pas dans un département « riche », le RNBM a négocié des prix plus élevés pour les bibliothèques « riches » et des prix moins élevés pour les petites bibliothèques qui n’ont pas les moyens de payer un accès régulier. Dans le cas de négociations de prix auprès d’un éditeur commercial, comme par exemple Springer, les bibliothèques sont tenues de maintenir leur chiffre d’affaires auprès de cet éditeur pendant la période de validité des négociations.

Acquisition des documents électroniques Pour résumer la problématique de l’achat des accès en ligne : Un accès en ligne n’est pas un document qui fait partie du fonds propre de la bibliothèque. La bibliothèque achète un accès électronique aux documents souvent pour quelques années seulement ; les archives font objet de négociations supplémentaires. Problèmes d’accès en ligne en cas de changement d’éditeur.

Traitement manuel : réception des documents Pointage et vérification : Par rapport à la commande Par rapport à la livraison Par rapport à la qualité (pages déchirées, manquants…) Inscription des documents dans un cahier d’inventaire Bulletinage des périodiques Estampillage et protection, application de l’antivol Traitement des factures / gestion comptable Une fois les documents achetés, il faut traiter ces nouvelles acquisitions. Il faut vérifier les livraisons. Il faut les « pointer », c’est-à-dire comparer la livraison avec la commande (le document est-il bien celui que j’ai commandé ?). Dans chaque livraison, il y a un bon de livraison, il faut donc vérifier que les livres qui se trouvent dans le carton du libraire correspondent bien au bon de livraison. Si ce n’est pas le cas, il faut porter réclamation tout de suite. De plus, il faut aussi vérifier que les livres sont en bon état. Après avoir vérifié la livraison, il faut inscrire les nouveaux documents dans un cahier d’inventaire et bulletiner les périodiques. Les documents doivent être estampillés : avec l’estampillage, on marque l’appartenance du document à la bibliothèque (« estampiller » = apposer la marque de la bibliothèque). Pour protéger les documents contre le vol, on met un antivol (systèmes RFID (Radio Frequency Identification) pour gérer prêt et vol ou systèmes traditionnels à technologie magnétique). Enfin, les factures doivent être traitées, il faut indiquer à l’agence comptable de l’université que la livraison est bonne et qu’elle correspond bien à la commande. Selon la gestion dans les universités, on tamponne la facture et l’envoie au service financier. Dans tous les cas, il faut conserver une copie de la facture.

Création d’un cahier d’inventaire ou répertoire Il s’agit d’inscrire le document dans un cahier d’inventaire ou un répertoire. Chaque livre ou document reçoit un numéro unique, qui permettra de l’identifier à tout le moment. Ce numéro unique sera inscrit aussi dans le livre/document. Les cahiers d’inventaire doivent être conservés. Exemple de cahier d’inventaire. Dans la première colonne, on renseigne un numéro d’entrée (ce numéro est unique). Suivent les colonnes pour la date de réception, le titre, l’éditeur, la date d’édition, le libraire et une colonne Observations pour préciser si le livre fera partie d’un fonds qui peut être emprunté ou non. On emploie toujours ce système traditionnel, même si beaucoup de bibliothèques utilisent maintenant un logiciel documentaire. Le principe reste le même et chaque document est identifié par un numéro unique. Ce numéro est une preuve d’achat qui peut être vérifié à tout moment. Les livres d’inventaire doivent être conservés !

Création d’un cahier d’inventaire ou répertoire De plus en plus de bibliothèques utilisent un logiciel documentaire pour enregistrer de façon unique leurs livres :

Cahier d’inventaire des périodiques : bulletinage Les périodiques impliquent un traitement spécial : les titres sont achetés par abonnement, normalement renouvelés annuellement. Chaque titre du périodique ou de la revue est enregistré dans un cahier d’inventaire et reçoit donc un numéro unique (comme les livres). Chaque fascicule d’un titre de périodique est répertorié dès son arrivée à la bibliothèque dans un KARDEX ou dans le logiciel de la bibliothèque. Le bulletinage du périodique permet de suivre l’abonnement, de réclamer des titres manquants… Les périodiques sont traités différemment des livres. La bibliothèque paie généralement pour un an d’abonnement. Chaque titre de périodique est enregistré dans un cahier d’inventaire ou un logiciel (comme les livres) et reçoit un numéro unique. Le ou la bibliothécaire doit suivre la livraison des fascicules au cours de l’année et les enregistrer avec leur numéro et la date d’arrivée dans un KARDEX ou dans le logiciel de la bibliothèque. Avec ce système, il est possible de vérifier que tous les numéros parus d’une revue ont été reçus et de réclamer les numéros qui manquent.

Traitement manuel : exemple d’entrée Kardex A Orsay, le système Kardex a été utilisé jusqu’à l’année 2007. Exemple d’entrée Kardex pour le titre « East journal on approximations ».

Exemple de traitement informatisé des périodiques Exemple de présentation de l’état de collection. Dans la partie en bleu, l’usager peut voir les numéros de la revue « Journal of number theory » qui sont arrivés à la bibliothèque et donc disponibles à l’usager.

Traitement manuel : estampillage et reliure Après la réception et la vérification de la livraison : Estampiller les ouvrages et les périodiques (tous les documents sur support physique) et indiquer ainsi leur appartenance au fonds de la bibliothèque (par exemple an apposant le tampon de la bibliothèque sur la page de titre et sur quelques pages précises dans le livre). Estampiller chaque fascicule d’une revue. Estampiller les autres documents physiques : DVD, vidéocassettes, microfiches, cartes, etc. L’estampillage des documents est un premier moyen d’indiquer leur appartenance au fonds documentaire de la bibliothèque. C’est aussi un moyen de prévenir le vol. Il faut veiller à ne pas placer l’estampille au milieu d’une gravure ou d’un texte. Idéalement, il faut le faire sur la page de titre, sur la page qui contient l’achevé d’imprimer ou sur la dernière page imprimée. Un tampon plus discret sur les planches.

Traitement manuel : exemple d’estampillage

Équiper les livres pour le prêt Il s’agit d’équiper l’ouvrage ou le fascicule périodique d’un antivol, qui peut être un fil métallique, une étiquette RFID… On peut mettre en valeur les nouveaux titres arrivés en : Présentant les nouvelles acquisitions sur une table ou un rayon Dressant une liste des nouvelles acquisitions Collant une étiquette avec la cote sur le dos du livre La cote indique à l’usager l’endroit où le livre est rangé. Pour l’écriture de la cote, on utilise soit une titreuse, soit de l’encre de chine ou de l’encre permanente. Plus de détails dans la deuxième partie.

Traitement intellectuel : création d’un catalogue Exemple : catalogue bibliographique à fiches papier. Catalogue par sujet de la librairie de Graz Le nouveau livre inscrit dans un cahier d’inventaire, estampillé, éventuellement équipé d’un antivol et d’une cote, doit maintenant être rendu accessible à l’usager. Il faut cataloguer l’ouvrage pour que l’usager puisse le retrouver. On s’imagine aisément que dans une bibliothèque il est très difficile de trouver un livre quand on parcourt les rayons sans avoir une idée de l’endroit où le livre pourrait être rangé. Chaque document sera décrit dans une fiche bibliographique. Dans un catalogue traditionnel (comme celui sur la photo), il existe une carte pour chaque fiche bibliographique. Ces cartes sont rangées dans un certain ordre, par exemple par ordre alphabétique des auteurs, dans des tiroirs. L’ensemble de ces fiches forme le catalogue. La plupart des bibliothèques travaillent avec des catalogues informatisés, mais le principe est le même : l’ensemble des fiches forme la base de données ou le catalogue.

Traitement intellectuel : les catalogues Catalogue local : permet de localiser un document à l’aide de sa cote. Catalogue collectif : c’est un catalogue commun dans lequel plusieurs bibliothèques envoient leurs fichiers bibliographiques. Ce catalogue permet de localiser un document dans une bibliothèque (par ex. SUDOC, CFO).

Traitement intellectuel : le catalogue Les documents sont décrits sur plusieurs fichiers et peuvent être retrouvés par différents accès : par auteur, par titre, par date, par lieu d’un congrès, par sujet… Ces fichiers sont classés dans des catalogues. Chaque document est décrit d’une façon normalisée sur une fiche bibliographique. Le catalogue d’une bibliothèque est une liste descriptive des documents que possède la bibliothèque. La fonction d’un catalogue est de localiser un document à l’aide de sa cote, qui indique l’emplacement d’un document dans les rayons. Le catalogue est la mémoire d’une bibliothèque. Le document est décrit d’une façon normalisée. Un catalogue est une liste descriptive des documents que possède une bibliothèque. Grâce au catalogue, un usager peut localiser un document.

Description bibliographique des documents La description bibliographique d’un document est la « carte d’identité qui présente sous une forme normalisée les éléments d’information qui permettent d’identifier un document ». Ces éléments sont en général l’auteur, le titre, l’éditeur… ISBD (International Standard Bibliographic Description) : description bibliographique normalisée (définie par l’IFLA : Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions). La fiche bibliographique est la carte d’identité du livre ; elle représente sous une forme normalisée les éléments d’information qui permettent de l’identifier. Ces éléments sont en général l’auteur, le titre, l’éditeur, la date, etc. Ces éléments ne peuvent pas être ajoutés à la fiche n’importe comment - il y a des zones prévues pour chaque élément. Il y a des formats pour décrire ces zones : dans les catalogues des bibliothèques on utilise souvent le format MARC, pour la description des documents sur Internet il existe aussi des formats spéciaux, avec des métadonnées, par ex. Dublin Core, OAI. Il y a des normes propres aux documents anciens, aux périodiques, aux livres, aux ressources électroniques. Les normes sont définies par l’IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions).

Traitement intellectuel : le catalogue informatisé Capture d’écran d’un catalogue informatisé : Dans un catalogue informatisé, l’ensemble des fiches bibliographiques forme le catalogue ou la base de données. Exemple : catalogue Bn-Opale Plus de la BNF.

Le catalogage et l’indexation Un catalogue doit répondre aux questions : Qui a écrit le document ? Quel est le titre du document ? De quelle année date le document ? Où se trouve l’acte du congrès qui a eu lieu à Paris en 1985 ? Le catalogage d’un document décrit un document. Quels documents existent sur un sujet précis ? Quel est le sujet d’un ouvrage ? L’indexation décrit le contenu d’un document (par ex. par mots-clés en utilisant un thésaurus, description du contenu en texte libre…). Le traitement intellectuel, comme décrit dans le schéma de la chaîne documentaire, comprend le catalogage et l’indexation. Le catalogage répond aux questions Qui, Quel titre, Quelle date ? L’indexation décrit le contenu d’un document.

Traitement intellectuel : l’indexation L’indexation est la traduction des sujets traités dans un ouvrage dans un langage documentaire. Elle peut se faire par exemple par mots-clés (Rameau) ou à l’aide de la classification Dewey, CDU, AMS… Le sujet est ici traduit par un ensemble de chiffres qui représentent un sujet; Exemples : 500 : sciences 510 : mathématiques 512 : algèbre et théorie des nombres Le sujet est traduit dans un langage documentaire, par exemple en suivant une classification. La classification Dewey tient son nom de Melvil Dewey, qui l’a développée en 1876. Ce système vise à classer l’ensemble du savoir humain à l’intérieur d’une bibliothèque. Ce système se divise en 10 classes qui sont encore subdivisées. On trouve aussi des classifications propres à des domaines particuliers, à l’instar de la « Mathematics subject classification » de l’AMS.

Classement des documents : la cote d’un document La cote indique la place donnée à un document dans les rayons. À gauche : classification Dewey (572.8) avec lettres (probablement de l’auteur), sert à ranger les livres (572 : biochimie). À droite : classification par ordre alphabétique. C’est souvent à ce moment, après avoir fait l’indexation du document, qu’on détermine l’endroit où l’ouvrage sera rangé.

Rangement des ouvrages Le rangement des ouvrages se fait en fonction de leur cote et demande de la rigueur. Un livre mal rangé est un livre perdu ! Fin de la première partie.