Annoncer la Miséricorde Thème de la Semaine Missionnaire Mondiale en France Paris, le 23 janvier 2016
Annoncer la miséricorde Que faire face à la violence ? - Le pardon est-il possible, durable ? -« Je pardonne, mais je n’oublie pas »… dit-on! Pour nos contemporains : - diverses questions se mêlent : -sécularisation, liberté de penser, de s’exprimer, de « pratiquer » sa religion… en paix… -Questions liées à la quête de « la Vérité », du sens, de Dieu … Pour certains d’entre eux : -Les croyants constituent un frein à leur propre développement, à la crédibilité des religions… ? -Le problème, ce sont les religions, les croyants, la violence liée aux religions ? -Le problème, c’est l’Eglise… disent certains… -Le pardon signe de faiblesse, de doute ? -…..
Annoncer la Miséricorde Introduction I. La miséricorde divine A. Dieu est miséricorde B. Dieu saint, juste et miséricordieux C. Dieu « est là », engagé par amour II. Annoncer un Dieu miséricordieux A. Un Dieu qui justifie B. Heureux les miséricordieux III. Témoigner de la miséricorde de Dieu A. Aimer jusqu’au sacrifice B. Un Dieu qui « missionne » l’Homme C. Opter pour les 14 œuvres de miséricorde Conclusion
Annoncer la Miséricorde Le pape François présente Jésus-Christ comme le visage de la miséricorde du Père. Célébré du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, ce Jubilé est une invitation lancée à chaque chrétien à s’ouvrir à Dieu, « riche en miséricorde » (Ep 2, 4), lent à la colère, plein d’amour et de vérité (Ex 34, 6 ; Ps 102, 3-4 ; 1 Jn 4, 8.16). Dieu « se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour » (Le visage de la miséricorde, n°14). « L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous » (Le visage de la miséricorde, n°12). Pour être crédible, l’Église doit vivre et témoigner elle-même de la miséricorde…
I. Annoncer la Miséricorde Selon le cardinal Walter Kasper, le XXI e siècle est déjà marqué par les attaques terroristes, mais aussi par des situations dramatiques : enfants affamés, des millions de réfugiés, persécution des chrétiens, catastrophes naturelles dévastatrices : tremblements de terre, tsunamis, inondations, sécheresses… mais aussi par une solidarité mondiale extraordinaire…
A. Dieu est miséricorde Dans ce contexte, beaucoup ont du mal à croire en un Dieu tout-puissant, juste et miséricordieux. Ce qui est en jeu, c’est la foi en un Dieu compatissant, riche en miséricorde (Ep 2, 4), qui console en invitant les êtres humains à consoler à leur tour (2 Co 1, 3-4)
B. Dieu saint, juste et miséricordieux Le Dieu de l’Ancien Testament est souvent présenté comme un Dieu vengeur et coléreux alors que dans le Nouveau testament il serait bon et miséricordieux. Il faut tenir compte de la pédagogie divine et de l’évolution progressive de la compréhension de la révélation de Dieu. La Bible : un Dieu qui a des entrailles, celles-ci étant considérées comme le siège des sentiments, de la compassion et de la miséricorde. Dieu a un cœur ; il peut s’émouvoir, être affecté, souffrir, avoir de la bienveillance… Il manifeste sa miséricorde et sa justice, qui sont liées, en révélant son nom lors de la sortie d’Égypte. Il a vu la misère de son peuple (Ex 3, 7-9) et il veut le libérer, le guider, l’aider à éviter le péché (1 S 13, 14 ; Jr 3, 15 ; Ps 78, 72 ; Ac 13, 22 ; Gn 6, 6).
B-1. Dieu saint, juste et miséricordieux Au cours de l’histoire, le cœur de Dieu se retourne souvent et s’émeut de compassion (Os 11, 8) Dieu aime l’Homme d’un amour passionné. Hesed, l’un des termes les plus importants pour comprendre la miséricorde, signifie à la fois « faveur immérité, amabilité, bienveillance » et même « grâce de Dieu et miséricorde ». Il s’agit de la sollicitude tout à fait gratuite de Dieu envers l’Homme, l’expression d’une relation qui se développe dans le temps, manifestant une fidélité au-delà des actions ponctuelles. La miséricorde de Dieu : un cadeau de Sa grâce, indépendant de la fidélité de l’Homme.
C. Dieu « est là » engagé par amour Dieu (YHWH) révèle un nom mystérieux à Moïse est : « Je suis là » (Ex 3, 14). Transcendance absolue de Dieu, mais aussi sa sollicitude personnelle envers son peuple. Dieu s’engage Je suis « celui qui est là » auprès de vous, qui vous accompagne au cours de l’histoire, vous défend... L’Homme trouve en Dieu force et réconfort, car Dieu est riche en grâce et en fidélité (Ex 34, 6; Os 11, 9). Dieu aime à faire grâce (Ps 85, 5 ; Is 55, 7 ; Mi 7, 18 ; Ex 34, 6 ; Ps 130, 4). Dieu est Amour, le Tout-Autre et le Tout-Proche (Ps 36, 6 ; 25, 10), le Saint en présence de qui l’être humain prend conscience de son indignité et de son péché (Is 6, 3-5). Dieu manifeste sa compassion (Ps 103, 8-13 ; 145, 8 ; 51, 3), mais aussi son opposition au mal, au péché et à l’injustice.
II. Annoncer un Dieu miséricordieux Dieu prend au sérieux l’Homme, sa liberté et son action. Jésus, le Fils, dévoile le visage de Dieu, sa miséricorde. Pensons aux paraboles de la miséricorde (Lc 15, 1-32) : la brebis égarée, la pièce de monnaie perdue, le père et ses deux fils... Jésus prend librement sur lui tous les péchés (2 Co 5, 21 ; Ph 2, 6-11), vainc la mort, révélant de façon ultime la miséricorde divine (Ep 2, 4s) et fait renaître l’Homme (2 Co 5, 17). Jésus a donné sa vie pour tous et pour chacun (1 Tm 2, 6 ; Ga 2, 20) : Dieu Père accorde réconciliation et vie (2 Co 5, 18 ; Col 1, 18-20) Rien ne peut séparer les êtres humains de l’amour de Dieu (2 Co 1, 3 ; 5, 18 ; Ep 2, 4 ; 4, 24 ; 1 P 1, 3 ; Tt 3, 5 ; Rm 8, 35 ; 1 Jn 4, 8.16). La miséricorde est le résumé de l’Évangile.
A. Un Dieu qui justifie Une justice qui condamne et punit ? Non !... Dieu rend les êtres humains justes, par pur grâce, non en vertu de leurs bonnes œuvres, mais à cause de leur foi (Rm 1, 17 ; 3, ; 9, 32 ; Ga 2, 16 ; 3, 11) ; Dieu invite les êtres humains à la conversion et à la pratique de la justice et de la miséricorde (Lc 5, ; Am 5, 7.24 ; 6, 12 ; Os 2, 21 ; 12, 2 ; voir Is 54, 7- 10). Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive (Ex 18, 23 ; 33, 11). Dieu est attentif aux faibles et aux pauvres, aux qui sont dans des situations difficiles : étrangers, veuves, orphelins, pécheurs… (Ex 22, ; 23, 6- 8 ; Dt 14, 24 ; 24, 10-22; Mt 25, 31-46; Lc 4, 16-30). L’amour de Dieu est éternel (Ps 145, 8 ; 103, 8 ; 116, 1-5 ; 107, 1 ; Sg 15, 1)… d’où l’urgence d’annoncer sa miséricorde. « … Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pêche plus. » (Jn 8, 11)
B. Heureux les miséricordieux (Mt 5, 7) = Annoncer la Miséricorde : Témoignage de vie : avoir pitié, partager et mener ses affaires avec droiture (Ps 111(112), 5), C’est la miséricorde que Dieu veut et non les sacrifices (Mt 9, 13 ; 12, 7 ; Os 6, 6 ; Si 35, 3). Aimer Dieu et le prochain (Mt 22, ; voir Dt 6, 5 et Lv 10, 18), car l’amour est l’accomplissement de la loi (Rm 13, 10 ; Ga 5, 14), le chemin de la perfection (Col 3, 14 ; Rm 12, 1 ; Mt 5, 43-48). Pour Luc, il faut aimer et être miséricordieux comme Dieu notre Père est miséricordieux (Lc 6, ). Saint Paul : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (1 Co 13, 2s) = C’est à l’amour que tous reconnaîtront les vrais disciples de Jésus (Jn 13, 34s; Jn 15, 12s ; 1 Jn 4, 20-21) : se pardonner mutuellement (Ep 4, 32 ; Col 3, 12), travailler pour la réconciliation et la paix, aimer comme Jésus nous a aimés (Jn 13, ; Mt 5, 23 ; Mc 11, 25 ; Mi 6, 8 ; Si 7, 10.29). s’engager avec Jésus afin que les pauvres et ceux qui pleurent soient bienheureux, tout comme les faibles, les miséricordieux et ceux qui sont persécutés (Mt 5, 3-11 ; Lc 6, 20-26).
III. Témoigner de la miséricorde de Dieu Avec Jésus la paix universelle s’installe sur terre (Lc 2, 14) : les temps sont accomplis, le Règne est tout proche ; l’heure de la miséricorde et de la conversion a sonné (Mc 1, 14-15) Les signes : guérisons miraculeuses, expulsions de démons (Lc 4, 16-22)... Jésus, le révélateur de Dieu, son Père et notre Père, est doux et humble de cœur (Mt11, 28-29). Paraboles du bon Samaritain, du fils (ou du père) prodigue ou parabole de la miséricorde du Père (Lc 15, 11-32) Dieu se révèle plein de tendresse et de pitié, totalement engagé pour nous arracher au péché et à la mort (Rm 6, 23).
A. Aimer jusqu’au sacrifice A la croix, Dieu révèle son être intime, son amour qui va jusqu’au sacrifice, à la croix... Dans sa miséricorde, Dieu laisse entrevoir son cœur et, en Jésus-Christ, l’Emmanuel (Dieu avec nous), il s’est uni à chaque homme (Concile Vatican II, Gaudium et spes, n°22). La véritable pauvreté de l’être humain, c’est son éloignement de Dieu dû au péché ; Dieu veut le libérer de cette pauvreté fondamentale, de sa misère et de son péché. La miséricorde de Dieu est au cœur du message biblique et de la pratique de l’Église… Voir l’ensemble des sacrements. Face à la gratuité de l’amour de Dieu et avec sa grâce, l’être humain peut prendre une décision vraiment libre et accepter ou refuser l’Amour de Dieu, la Miséricorde.
B. Un Dieu qui « missionne » l’homme L’Église = le sacrement de l’amour et de la miséricorde L’amour et la miséricorde = les plus beaux noms de Dieu En toute confiance, les croyants peuvent se tourner vers Dieu, créateur et sauveur, et mesurer avec finesse et vérité les misères humaines. Le croyant peut alors reprendre les mots du psalmiste : « La miséricorde du Seigneur, à jamais je la chanterai » (Ps 89, 2), car sa bonté et sa fidélité sont établies pour toujours. La mission : chanter la miséricorde de Dieu, s’engager dans des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles (voir pape François), témoigner d’un Dieu miséricordieux, annoncer la Miséricorde… soigner, aider, accompagner… Donner à l’Eglise les moyens d’assurer sa Mission (vocations, échanges entre Eglises, moyens financiers, OPM, SMM, quête pour la Mission…)
C- Opter pour les 14 œuvres de miséricorde = 7 œuvres de miséricorde corporelles : Donner à manger aux affamés Donner à boire à ceux qui ont soif Vêtir ceux qui sont nus Accueillir les étrangers Assister les malades Visiter les prisonniers Ensevelir les morts = 7 œuvres de miséricorde spirituelles : Conseiller ceux qui sont dans le doute Enseigner les ignorants Avertir les pécheurs Consoler les affligés Pardonner les offenses Supporter patiemment les personnes ennuyeuses Prier Dieu pour les vivants et les morts (Pape François, Le visage de la miséricorde, n°15; Is 58, 6-11; Mt 25, 31-46)
Conclusion « …. chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que l’avez fait ! (Mt 25, 40) Chaque chrétien est invité à « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » (Règle de saint Benoît, IV, 74) « L’Église ressent fortement l’urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu » (Le visage de la miséricorde, n°25).
Conclusion-1 La mission sous le signe de la miséricorde divine est exigeante. Pratiquer une miséricorde sans vérité manquerait d’honnêteté et risquerait d’être un vain bavardage. Inversement, dire la vérité sans miséricorde et sans amour serait froid, rebutant et même blessant. L’Église est crédible lorsque la miséricorde est l’objet d’une annonce convaincante (Le visage de la miséricorde, n°12-13 et 25). L’Église a la mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, de la contempler et d’en faire son style de vie, afin que tous entendent l’appel du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36).
Conclusion-2 = Lors des pèlerinages, des démarches de réconciliation et des engagements dans les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, il s’agit à chaque fois : d’aimer en vérité (voir Is 58, 6-11 ; Mt 25, ; Rm 12, 8 ), de tendre vers plus de miséricorde, de perfection et d’amour, d’être en communion avec Dieu, d’ouvrir des chemins de rencontre, de dialogue, de justice, de réconciliation et de paix …. et de pouvoir s’adresser à Dieu comme le psalmiste : « Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours » (Ps 25, 6).
Conclusion-3 La « culture catholique » est invitée : à revoir sa perception de Dieu afin de rompre avec un lointain jansénisme où Dieu est craint et redouté, comme s’il était un « comptable étroit » du péché de l'homme. À suivre sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus qui a mis en relief une spiritualité nouvelle fondée sur l'amour inconditionnel de Dieu À suivre sœur Faustine Kowalska, la Polonaise décédée en 1938 et canonisée par Jean-Paul II. À suivre saint Jean-Paul II qui a consacré une encyclique à la miséricorde dès 1980 et institué une fête de la « miséricorde divine », le premier dimanche après Pâques…
Annoncer la miséricorde Merci pour votre attention Pierre Diarra